« A VIN NOUVEAU, OUTRES NEUVES » (Mc 2, 22) NE PAS DECEVOIR LES ATTENTES DE LA NATION.

Préambule

1. Réunis en la 43ème Assemblée plénière à Kinshasa du 03 au 07 juillet 2007, nous, Archevêques et Evêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), vous adressons un message d’espoir et d’interpellation sur la situation socio-politique de notre pays. La conjoncture actuelle est marquée par l’insécurité toujours persistante et l’exploitation non encore bien ordonnée et contrôlée de nos ressources naturelles.

2. « A vin nouveau, outres neuves » (Mc 2, 22) : à une nouvelle ère, il faut des comportements nouveaux. Nous voulons vous demander à vous, notre vaillant peuple et nos nouveaux dirigeants élus, un grand sursaut national et un changement de mentalité pour sauver notre pays des dangers qui le guettent à nouveau. Ne dormons pas, la maison brûle!

3. En effet, au moment où nous venons de célébrer le 47e anniversaire de notre indépendance, il ne faut pas seulement nous arrêter à la date du 30 juin 1960, où le pays a acquis sa souveraineté internationale. Il convient aussi de nous rappeler l’année 1885 lorsque, à la Conférence de Berlin, l’Afrique fut démembrée et attribuée aux puissances étrangères sanctionnant ainsi la colonisation du Continent. Nos dirigeants doivent donc redoubler de vigilance, pour que le pillage des ressources naturelles ne continue pas aujourd’hui sur la base de vieilles archives coloniales ou à la faveur d’autres balkanisations.

I. Nos prises de position antérieures

4. Dans notre Message du 05 octobre 2006, nous appelions notre peuple à participer aux élections dans la vérité et la transparence. Nous dénoncions la violence dont les causes se situaient dans le refus du dialogue positif et consensuel, les exclusions, le non-achèvement de l’intégration de l’armée, les frustrations accumulées depuis de nombreuses années, l’intoxication de l’opinion et l’intolérance [1]. La CENCO a-t-elle été écoutée ? Le 05 décembre 2006, dans la Déclaration de notre Assemblée, nous affirmions néanmoins notre grande confiance en l’avenir de notre pays. Nous saluions avec joie l’instauration du nouvel ordre politique en RD Congo comme un tournant décisif vers les valeurs universelles, qui fondent des Etats de droit et des régimes politiques respectueux de l’homme et de sa dignité à tous égards. Mais nous exprimions aussi nos observations par rapport aux limites du processus électoral en même temps que nous indiquions les exigences fondamentales ainsi que les urgences qui s’imposaient pour un Congo nouveau[2]. Enfin, dans le communiqué de presse du 09 février 2007, notre regard était tourné vers l’avenir, au moment de la formation du nouveau Gouvernement de la 3e République.

5. Depuis lors, les Evêques des provinces ecclésiastiques de Lubumbashi, de Kinshasa (province du Bas-Congo) et de Bukavu, en vertu de leur responsabilité pastorale, ont pris des positions fermes pour condamner particulièrement l’exploitation des ressources minières au détriment du pays et de la population, le massacre au Bas-Congo et l’insécurité à l’Est du pays. L’Assemblée plénière partage toutes ces préoccupations[3] et inquiétudes tandis qu’elle réaffirme avec force le principe de l’intégrité et de l’intangibilité du territoire national congolais.

II. Acquis majeur

6. L’installation des nouvelles institutions issues des élections démocratiques (Présidence de la République, Sénat, Assemblée nationale et Assemblées provinciales, Gouvernement central et Gouvernements provinciaux), constitue certes un acquis majeur pour notre démocratie naissante. Elle inaugure en même temps une ère nouvelle pour une gestion responsable du pays. Cependant le simple fait que les dirigeants soient élus et installés dans leurs fonctions ne suffit pas pour résoudre les problèmes vitaux du peuple congolais. Il leur faut surtout une ferme volonté politique en vue de la réussite de la grande mission qui leur est confiée. En effet, les nouveaux dirigeants sont, d’un point de vue éthique, tenus d’honorer les promesses faites lors des campagnes électorales : la sécurité, la paix, l’amélioration des infrastructures routières, ferroviaires, fluviales et aériennes, la promotion de la santé et de l’éducation, le décollage économique, la gestion rigoureuse et transparente de l’Etat, l’eau et l’électricité, les relations harmonieuses et justes avec les pays voisins. Le peuple est impatient de voir le début de réalisation des projets et programmes annoncés par les autorités aujourd’hui au pouvoir. Nous encourageons celles-ci à assumer leurs responsabilités devant Dieu et devant l’histoire, en faisant confiance en Celui qui donne et le vouloir et le pouvoir (cf. Ph 2, 13).

III. Préoccupations particulières pour l’avenir

7. Les tristes événements survenus dans la ville de Kinshasa les 22 et 23 mars 2007, l’insécurité récurrente dans l’ensemble du pays et particulièrement dans les provinces de l’Est, les situations précaires aux frontières, les assassinats ciblés, la ruée au Congo d’« investisseurs » munis de contrats miniers et forestiers discutables, l’exploitation anarchique des ressources naturelles, notamment minières et forestières, la modicité du budget de l’Etat et la lenteur dans les changements et réformes tant attendus, préoccupent profondément notre cœur de pasteurs.

8. Venus des quatre coins du Congo, nous voulons porter à l’attention des nouveaux dirigeants du pays la souffrance du peuple qui perdure après l’installation du nouvel ordre institutionnel. La nation est interpellée pour que les mesures nécessaires et urgentes soient prises devant la gravité du sort de notre population tant dans la Capitale que dans les autres provinces du pays. Nous attirons spécialement l’attention sur les points suivants.

1° Persistance des antivaleurs

9. Nous avons dénoncé à plusieurs reprises, dans le passé, les antivaleurs qui rongent notre société et risquent d’hypothéquer son avenir, notamment l’absence de critères de moralité, la corruption et la vénalité, l’achat des consciences, le déficit de loyauté et de sincérité, l’infidélité à la parole donnée, la cupidité, le goût du gain facile, les détournements de deniers publics, la violence. Aucun pays ne peut se construire dans le mépris des valeurs morales[4].

2° Insécurité grandissante

10. Dans tous nos diocèses, sur l’ensemble du territoire national, on observe des faits d’insécurité : vols, viols, tracasseries, enlèvements, taxes et péages excessifs mais sans effets escomptés, arrestations arbitraires, cas répétés de meurtre… Nous condamnons tous ces actes commis par les éléments des forces de l’ordre, les milices et les rebelles étrangers présents sur le territoire national. L’exploitation prochaine du pétrole dans le Lac Albert en Ituri, foyer de tension, sème des inquiétudes en ce qui concerne le bénéfice qu’en tirera la population. Le peuple veut connaître la vérité pour avoir ses apaisements, car il craint la guerre du pétrole.

Bref, la situation sécuritaire actuelle de notre pays est encore inquiétante. Elle appelle la conjugaison des efforts entre les autorités, la population et tous les hommes de bonne volonté décidés à épargner au pays de nouvelles hostilités. Pour la CENCO, faut-il insister, la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale ne sont pas négociables. 3° Exploitation des ressources naturelles au désavantage du peuple congolais 11. Au lieu de contribuer au développement de notre pays et profiter à notre peuple, les minerais, le pétrole et la forêt sont devenus des causes de notre malheur. Comment comprendre que nos concitoyens se retrouvent, sans contrepartie ni dédommagements, dépouillés de leurs terres, par le fait des superficies concédées ou vendues à tel ou tel exploitant minier ou forestier? Est-il admissible que des travailleurs congolais soient traités ici et là sans égard pour leurs droits et leur dignité humaine ?

La CENCO s’engage, à travers ses structures, à suivre avec une attention particulière le processus de « révisitation » des contrats miniers et forestiers afin qu’il se fasse dans la plus grande transparence au profit du peuple congolais. Car la bonne gestion des ressources nationales sera un facteur déterminant pour la renaissance de la RDC. La CENCO créera en son sein une Commission épiscopale ad hoc chargée de suivre la question de l’exploitation des ressources naturelles et exiger le respect des droits humains par les compagnies oeuvrant dans ce secteur.

4° Heure des investisseurs congolais

12. Au moment où les pays étrangers, les institutions internationales, les multinationales, les organisations non gouvernementales de développement (ONGD) et les hommes d’affaires s’intéressent aux richesses du Congo, qu’attendent les filles et les fils de notre pays pour investir chez nous ? Aucun pays au monde ne s’est développé uniquement avec l’aide extérieure. C’est par un dur labeur et une gestion transparente doublée d’une grande volonté de toute une nation que le vrai développement sera possible. L’heure des investisseurs congolais a sonné ! L’aide extérieure est certes nécessaire, mais elle ne sera qu’un appui. Il revient aux Congolais d’avoir le souci d’investir les premiers dans leur propre pays, lorsqu’ils en ont les moyens. Il faut abandonner le détournement du denier public, éviter la corruption et la vénalité dans la passation des marchés, se mettre au travail pour créer la richesse du Congo et ainsi ne pas se laisser classer parmi les pays les plus corrompus, les plus endettés et les plus pauvres du monde. Aide-toi, le ciel t’aidera !

5° Assassinats de journalistes et d’autres citoyens

C’est tuer une démocratie que de museler la presse et de mettre un terme à la vie de ceux et celles qui veulent informer et former la population sur la marche de la nation. La vie humaine est sacrée ; nous condamnons dès lors tout acte de violence et exigeons des enquêtes sérieuses pour identifier les vrais commanditaires de ces meurtres et que justice équitable soit rendue. 6° Grandes souffrances de la jeunesse et des marginalisés

14. Les Congolais n’oublieront pas que les guerres récentes ont été menées par une incorporation massive des mineurs dans les milices. Aujourd’hui encore, d’autres jeunes ne vont plus à l’école à cause d’une paupérisation généralisée et une misère grandissante. Ils s’engagent alors dans des activités qui sacrifient leur santé et leur dignité. D’aucuns, même avec un diplôme d’université, sont simplement au chômage. L’emploi a été déclaré une des priorités du nouveau Gouvernement. Il est urgent de créer les conditions de mettre les Congolais au travail productif et digne.

Nous plaidons pour que soient pris en charge les marginalisés, notamment les enfants de la rue et les enfants dits sorciers, qui risquent de constituer une bombe à retardement si la société les oublie aujourd’hui. La conjoncture actuelle ne fait qu’accroître leur nombre. Plus que jamais nous demandons à l’Etat de prendre en charge les différents marginalisés de notre société. Car, une société qui néglige ses membres les plus faibles est moribonde. S’occuper d’eux est une exigence d’équité et de justice

7° Dégradation des infrastructures et insalubrité publique

Des territoires entiers de notre pays sont enclavés. Les explorateurs et les colonisateurs avaient déjà bien compris que, sans infrastructures routières, fluviales et ferroviaires viables, le Congo ne valait pas un seul sou. Aujourd’hui les routes sont délabrées, malgré des efforts louables de réhabilitation. Beaucoup de voies ferrées et fluviales ne sont plus praticables. Plus encore, nos villes sont devenues insalubres. De nombreuses familles vivent à côté de dépotoirs. Il est temps, si le pays veut avancer, que les grands travaux de reconstruction et d’assainissement de notre milieu de vie soient effectivement entrepris.

8° Budget de l’Etat 2007

16. Le budget 2007 adopté est vraiment modique par rapport aux grandes réalisations annoncées et promises. Les recettes de notre pays étant encore limitées, le budget actuel serait élaboré pour répondre aux conditions posées par les institutions financières internationales en vue de bénéficier de leur soutien ! Encore une fois, c’est la mauvaise gestion des dirigeants du pays depuis les dernières décennies, qui a conduit à cette situation humiliante et ridicule pour un grand pays comme le nôtre. Faut-il que le peuple attende encore longtemps avant que ses conditions de vie ne commencent à s’améliorer ?

Nous encourageons le Gouvernement de la 3ème République à appliquer réellement et avec détermination son « contrat de gouvernance », afin que notre pays retrouve la prospérité et sa fierté sur l’échiquier international.

IV. Conditions du décollage national

1° Des exigences éthiques avant tout

17. « A vin nouveau, outres neuves » (Mc 2,22). Nous ne le dirons jamais assez : sans exigences morales et spirituelles, nos ressources naturelles et toute la technicité du monde ne peuvent rien apporter pour l’avènement d’un Congo nouveau. Nous sommes convaincus que l’avènement des gouvernants élus ne peut à lui seul entraîner automatiquement le changement tant souhaité et attendu par notre peuple. Nous croyons que seule la conversion des cœurs nous aidera tous à édifier une société juste et fraternelle[5]. Ce changement de mentalité, travail de longue haleine, passe par une bonne éducation aux valeurs en famille, à l’école, dans les médias et dans un environnement moralement sain.

2° Une décentralisation bien réfléchie

18. Nous sommes heureux que l’Assemblée nationale commence à examiner la loi organique sur les entités décentralisées. Pour la Cenco, la décentralisation pourra permettre le développement local et obliger les autorités à être plus responsables de leur gestion auprès de la population, dans les limites de leurs compétences constitutionnelles respectives. Les élections locales et communales joueront un rôle capital pour une gestion de proximité. La démocratie à la base deviendra ainsi une réalité. Cependant, la création de nouvelles provinces et des entités territoriales décentralisées devra être minutieusement étudiée pour éviter de multiplier des structures inefficaces, improductives et inutilement coûteuses.

3° Une indépendance à reconquérir

L’impuissance des Etats africains à s’assumer après l’indépendance politique ne peut que conduire au néocolonialisme, destiné à contrôler leur pouvoir, à exploiter les ressources naturelles et à récupérer l’argent investi dans différentes causes. Par ailleurs, les fils et filles de notre pays ne doivent pas prendre le relais de la coupe en règle systématique et illégale des ressources minières, forestières, fluviales et lacustres. Restons vigilants comme les pères de notre indépendance dotés d’un nationalisme qui a pu sauvegarder les intérêts du pays.

4° Un développement solidaire

20. Nous rappelons la nécessité d’un développement intégral et solidaire, dans le respect total de l’identité de notre peuple avec ses caractéristiques historiques et culturelles. Il est indispensable, comme le souhaitait le Pape Paul VI dans « Populorum progressio », de reconnaître à chaque peuple le même droit à « s’asseoir à la table du festin » au lieu d’être comme Lazare qui gisait à la porte, tandis que « les chiens venaient lécher ses ulcères » (Lc 16,21)[6]. Nous en appelons à un grand sens de la solidarité nationale. Et que le revenu national profite effectivement à tous les fils et filles de ce pays.

5° Une mise en place rapide du Conseil économique et social

En vue de rappeler à tous les Congolais et Congolaises la tâche importante du développement de la RDC au grand profit du peuple, il est urgent qu’on s’attelle à mettre sur pied la nouvelle structure du Conseil économique et social prévue par la Constitution (art. 208). L’Eglise participera aux activités de ce Conseil pour apporter sa contribution spécifique au développement du pays et au bien-être du peuple congolais [7].

V. De nouveaux appels à tous Aux dirigeants

22. – Nous encourageons le Gouvernement de la 3e République à poursuivre les efforts amorcés en vue de la reconstruction de notre pays. Nous invitons nos dirigeants au courage politique et à ne pas avoir peur devant les dossiers dits sensibles (contrats léonins, bradage du patrimoine national, détournements des biens publics, assassinats, atteinte à l’intégrité territoriale et à la souveraineté nationale). – Nous leur demandons la publication des résultats des enquêtes sur le massacre au Bas-Congo, le conflit frontalier au territoire de Kahemba et l’incendie à Mbandaka. Le peuple voudrait savoir ce qui s’est réellement passé. – Nous recommandons par ailleurs à notre Etat de renforcer la surveillance des frontières nationales et celle de l’espace aérien, de reboiser avec promptitude les espaces dévastés par l’exploitation forestière.

Au sujet de l’Armée nationale, nous réaffirmons avec insistance l’urgence d’une vraie armée républicaine. A ce propos, nous estimons qu’il est impérieux d’organiser les états généraux de l’armée, tant souhaités depuis quinze ans. Ainsi sera préparée la mise sur pied d’une nouvelle armée capable de répondre à sa mission de défendre et de sauvegarder l’intégrité du territoire national[8]. Pour que la population soit fière de son armée, celle-ci ne doit pas être auteur ou complice des violations des droits humains. Le délogement des militaires à Kinshasa nous incite à demander avec insistance que les casernes soient reconstruites pour un logement décent des soldats et en des lieux appropriés. L’Eglise assurera quant à elle l’encadrement spirituel et moral de notre armée à travers les aumôneries militaires.

Aux exploitants miniers et forestiers

– Nous recommandons aux nouveaux dirigeants de mettre de l’ordre dans le secteur minier et forestier. Les richesses de notre pays doivent profiter – Il est demandé aux exploitants de respecter les conditions contractuelles et salariales favorables pour les travailleurs et la population congolaise, de prendre en considération toutes les exigences écologiques qui s’imposent. – Nous invitons les différents investisseurs dans ce secteur à créer sur place des industries de transformation des produits bruts.

Au peuple

24. Nous disons non à la mentalité d’assistés perpétuels. Nous en appelons à un peuple fier, digne et capable de prendre en charge son destin pour son développement, comme nous n’avons cessé de le répéter : «Tous les Congolais et Congolaises doivent pleinement assumer leur part de responsabilité pour l’avènement d’un Congo nouveau. Nous devons savoir que le développement de notre pays dépend avant tout de nous-mêmes »[10]. La manne ne tombera pas du ciel, ni de l’étranger. C’est par « la sueur de nos fronts », par « le dur labeur » que nous bâtirons un pays plus beau qu’avant et nous léguerons à la postérité un Congo où il fait bon vivre. Il nous faut une culture du travail bien fait, sain et persévérant, et bannir la loi du moindre effort, la mendicité et l’oisiveté qui s’installent de plus en plus dans la mentalité. La rigueur intellectuelle, l’amour du travail manuel, le paiement des impôts, l’esprit d’ordre et de discipline, le sens de la propreté, le respect et la protection du bien commun, sont autant de vertus qui contribuent à l’excellence et à la prospérité d’une nation. En effet, le travail est une obligation, un devoir de l’homme [11]. Plutôt qu’une corvée ou une contrainte, le travail ennoblit l’homme et l’aide à s’accomplir, pour un mieux-être et un bonheur véritable.

A la communauté internationale

Nous rappelons les exigences d’un développement solidaire sur le plan international. Nous réaffirmons à ce sujet la position fort claire du Pape Benoît XVI, qui demande aux huit pays les plus industrialisés du monde (G8), « de mettre en place des procédures pour une annulation rapide, entière et inconditionnelle de la dette extérieure des pays les plus lourdement endettés et des pays les moins développés (…), à prendre des mesures afin d’éviter que ces pays ne retombent dans une situation d’endettement insoutenable ». Le Pape suggère ensuite d’ « établir et promouvoir de façon fiable et durable des conditions commerciales favorables incluant un accès large et inconditionnel aux marchés ». Enfin, il invite la communauté internationale à poursuivre « ses efforts en matière de réduction des ventes d’armes – légales ou non-, de trafic illégal de matières précieuses, et de fuite des capitaux en provenance des pays pauvres, qu’elle s’engage à éliminer les pratiques de blanchiment d’argent ou de corruption de fonctionnaires dans ces mêmes pays »[12].

Nous remercions les pays qui se sont inscrits dans cette logique en faveur de notre pays afin de permettre son décollage économique. Nos dirigeants devront de leur côté veiller à ne pas contracter de nouvelles dettes qui pénaliseront les générations futures. C’est aussi un devoir moral de récupérer autant que possible l’argent détourné et logé dans des banques étrangères. Il n’est pas juste que tout le peuple ait à rembourser une dette dont ont bénéficié seulement quelques individus.

De même nous attirons l’attention du Gouvernement pour qu’il n’accepte pas de nouveaux investissements avant la finalisation du processus de la « révisitation » des contrats miniers en vue de sauvegarder les intérêts de la nation.

A la Mission des Nations unies au Congo (MONUC)

Nous demandons à la MONUC d’user de son nouveau mandat obtenu pour assurer une protection effective de la population. Sinon, le peuple commencera à douter de l’opportunité de sa présence. Des événements récents signalés ici et là risquent de diminuer -hélas ! – la confiance de la population aux soldats de la paix[13].

CONCLUSION

La crise de notre pays est avant tout éthique. Le pays a grandement besoin d’hommes nouveaux et intègres. Un changement radical dans les comportements personnels, sociaux et politiques pourra apporter une nouvelle manière de gérer la République. Le Congo nouveau sera fondé sur les valeurs républicaines, les valeurs morales de la vie sociale et les valeurs évangéliques[14]. L’homme est une totalité. Aucun aspect de sa vie matérielle, sociale, politique, intellectuelle, morale et spirituelle ne peut être négligé. Le Congo ne disparaîtra jamais si nous le bâtissons sur des valeurs respectueuses de notre identité nationale. 28. Nous confions l’avenir de notre pays à Dieu pour qu’advienne un Congo nouveau, paisible et prospère. Que Marie, Notre Dame de l’Espérance, elle qui a cru aux promesses du Seigneur, nous soutienne dans le combat pour le changement de mentalité et la promotion des valeurs humaines authentiques.

Que Dieu bénisse et protège la République Démocratique du Congo. Fait à Kinshasa, le 07 juillet 2007

Les évêques membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo présents à la session ordinaire de la XLIIIème Assemblee plénière de la Cenco 01. S.E. Mgr MONSENGWO Laurent: Archevêque de Kisangani, Président de la CENCO 02. S.E. Mgr TSHIBANGU Tharcisse: Evêque de Mbuji-Mayi, Vice-Président de la CENCO 03. S.E. Mgr SONGASONGA Floribert, Archevêque de Lubumbashi 04. S.E. Mgr KUMUONDALA Joseph, Archevêque de Mbandaka-Bikoro 05. S.E. Mgr MAROY François-Xavier, Archevêque de Bukavu 06. S.E. Mgr MADILA Marcel, Archevêque de Kananga 07. S.E. Mgr MUKENGE Godefroy, Archevêque émérite de Kananga, Directeur National des OPM 08. S.E. Mgr BOLANGI Joseph, Evêque de Budjala 09. S.E. Mgr NGABU Faustin, Evêque de Goma 10. S.E. Mgr NKINGA Louis, Evêque de Lisala, Administrateur Apostolique de Molegbe 11. S.E. Mgr MAEMBA Ferdinand, Evêque de Lolo 12. S.E. Mgr MUNUNU Edouard, Evêque de Kikwit 13. S.E. Mgr KEMBO Gabriel, Evêque de Matadi 14. S.E. Mgr MULUMBA Gérard, Evêque de Mweka 15. S.E. Mgr NGOY Nestor, Evêque de Kolwezi 16. S.E. Mgr Jean-Anatole KALALA, Evêque de Kamina 17. S.E. Mgr NKIERE Philippe, Evêque d’Inongo 18. S.E. Mgr TAFUNGA Jean-Pierre, Evêque d’Uvira 19. S.E. Mgr MOKOBE Joseph, Evêque de Basankusu 20. S.E. Mgr DOMBA Richard, Evêque de Dungu-Doruma, Administrateur Apostolique de Bondo 21. S.E. Mgr NSIELELE Fidèle, Evêque de Kisantu 22. S.E. Mgr MASENGO Valentin, Evêque de Kabinda 23. S.E. Mgr KABOY Théophile, Evêque de Kasongo 24. S.E. Mgr NZALA Louis, Evêque de Popokabaka, Administrateur Apostolique d’Idiofa 25. S.E. Mgr KATAKA Janvier, Evêque de Wamba 26. S.E. Mgr MBUKA Cyprien, Evêque de Boma 27. S.E. Mgr DJOMO Nicolas, Evêque de Tshumbe 28. S.E. Mgr MUDISO Gaspard, Evêque de Kenge 29. S.E. Mgr LUKUMWENA Stanislas, Evêque de Kole 30. S.E. Mgr KASANDA Léonard, Evêque de Luiza 31. S.E. Mgr SIKULI Melchisédech, Evêque de Butembo-Beni 32. S.E. Mgr LEMBI Camille, Evêque d’Isangi 33. S.E. Mgr UTEMBI Marcel, Evêque de Mahagi-Nioka 34. S.E. Mgr ANDAVO Julien, Evêque d’Isiro-Niangara 35. S.E. Mgr RUVEZI Gaston, Evêque de Sakania-Kipushi 36. S.E. Mgr AMBONGO Fridolin, Evêque de Bokungu-Ikela 37. S.E. Mgr KWANGA Vincent de Paul, Evêque de Manono 38. S.E. Mgr URINGI Dieudonné, Evêque de Bunia 39. S.E. Mgr MUTEBA Fulgence, Evêque d’ Kilwa-Kasenga 40. S.E. Mgr TSHITOKO Pierre-Célestin, Evêque de Luebo 41. S.E. Mgr NGOY Oscar, Evêque de Kongolo 42. S.E. Mgr TEMBO Philibert, Evêque Coadjuteur de Budjala 43. S.E. Mgr NGUMBI Willy, Evêque nommé de Kindu 44. S.E. Mgr NLANDU Daniel, Administrateur Apostolique de Kinshasa 45. S.E. Mgr KASANDA Bernard, Evêque Auxiliaire de Mbuji-Mayi 46. S.E. Mgr KISONGA Edouard, Evêque Auxiliaire de Kinshasa 47. S.E. Mgr BULAMATARI Dominique, Evêque Auxiliaire de Kinshasa.

CENCO

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