RDC: Ces gros mots qui n’en disent pas grande chose.

 El Memeyi Murangwa

 18/12/06

Les régimes successifs ne ratent pas d’enrichir le dictionnaire congolais en nouveaux slogans qui pour la plupart constituent une distraction en vue de faire miroiter l’espoir à une population victime à maintes reprises de l’indifférence et de la ruse de ses dirigeants. Voici quelques-uns uns de ces slogans, véritable opium pour ce peuple démunis :

Pembenisation

Depuis la prise du pouvoir par le haut commandement militaire un certain 14 septembre 1960, l’homme fort de l’armée devenue président de la deuxième république naissante (dans l’ombre) nous avait habitue à des gros mots hyptonisants une population qui venait de réaliser combien l’indépendance n’était qu’un gros mensonge. En effet après l’assassinat de Patrice Emery Lumumba, l’idéal nationaliste s’évapora sans espoir de retour. Les nouveaux barons qui remplacèrent l’élite coloniale belge commencèrent à rendre compte à la métropole, comme avant le 30 juin 1960. Il est à noter que la première république n’aura vécu que 3 mois. Dès septembre 1960, le Colonel JD Mobutu dirige en maître absolu le Congo, se cachant derrière un Joseph Kasa Vubu, devenu prisonnier du groupe de Binza. Le tout premier terme utilisé par le nouveau dictateur sera la neutralisation des politiciens ou pembenisation. Pour tromper l’opinion, le colonel Mobutu recoura au service de l’intelligentsia de l’université Lovanium. Il ne tarda pas à apprendre à ces commissaires généraux, la consommation du champagne et du caviar. Certains d’entre eux deviendront plus corrompus que le maître.

 

5 ans pour un Congo nouveau.

Fatigué de diriger en coulisse, le timonier décida de faire sa sortie officielle le 24 novembre 1965, renvoyant à la retraite Mbuta Kasa Vubu, cela dans un coup d’état sans effusion de sang. Son cri de guerre sera 5 ans pour un Congo nouveau. Mobutu ne tarde pas a proclame Lumumba, Héros national, communique à qui veut l’entendre son salaire : 52.000 FC, sillonne le pays, promettant monde et merveilles. A la place d’un Congo nouveau en 5 ans comme promis, la population connue le premier arnaque de l’histoire congolaise. Démonétisant le Franc Congolais, il changea 1000 FC (1000 FB) contre 1 Zaïre (2 US $). Au cours d’un rassemblement populaire, il dira, je cite : Miso makasi ndoki te ! (À ne pas traduire pour ne pas dévergonder la postérité).

Objectif 80.

Au début de l’an 1970, ne voulant pas endosser soi même la responsabilité de l’échec, il créera un bureau politique composé essentiellement des politiciens pembenisés (mises à l’écart) depuis 10 ans, pour leurs faire porter la responsabilité de l’échec. Cette fois ci pour se donner plus de temps possible, il parlera de l’objectif 80, disant sans rire que mondialement le Congo (malade) allait occuper si pas la première position (USA), la deuxième (Canada) ou la troisième (UE), jurant que le Congo n’allait jamais accepter d’être quatrième. Changeant le nom du pays dans une décision prise au cours d’un banquet sur le MS JD Mobutu (MS Kamanyola), le Zaïre et les Zaïrois comme la lettre Z pour l’alphabet, se retrouverons derniers dix ans après (pays très endetté n’honorant pas ses engagements).

Plan Mobutu.

Ne pouvant affronter le public, Mobutu devenu Maréchal s’enferma dans ses palais au Nord de sa province natale, il préféra apparaître sur le petit écran tard dans la nuit, juste pour présenter les vœux de Noël et de Nouvel an, ne rendant plus compte à la nation. Pour donner un coup fatal à une population qui ne le porte plus dans son cœur. Le vieux Maréchal, retiré à Kawele décida de démonétiser une fois de plus la monnaie, mettant en circulation les nouveaux Zaïres. Pour échanger l’argent les moins nantis remirent des sommes importantes aux conseillers, généraux, colonels, ministres, vice-ministres, cousin et cousines du Maréchal. L’argent une fois échanger prendra une autre destination, provocant chez les moins nantis, une pauvreté indescriptible. Les généraux achèteront tout. Les bateaux de l’état, les avions, les espaces vertes, les maisons de l’état, voir même les femmes d’autrui. Sentant venir sa fin, Mobutu se réveilla et commença à parler d’un plan Mobutu, seule voie à redonner le sourire à la population. C’était malheureusement sans savoir que les Français allait lui abandonner un fardeau fatal après le génocide au Rwanda grâce à l’Opération Turquoise (Ngwanda n’aime pas ce sujet).

La guerre sera longue et populaire.

Se retournant contre les véritables chasseurs de Mobutu, Laurent Désire Kabila décide d’amener la guerre à Kigali, reconnaissant tacitement que celle-ci sera longue et populaire. Fortifié par la logistique Namibienne, les troupes Zimbabwéennes et les chars Angolais, Mzee à la belle phraséologie, gagnera la guerre dans les massacres urbains, mais perdra la bataille face à « un garde du corps ». Ceci confirmant un adage Baluba qui dit : « l’haricot est souvent victime d’un vers se trouvant en lui ». Le nationaliste LD Kabila refusant de traiter avec l’ancienne métropole pour le retour de la coopération belge ne s’est pas rendu compte, que l’indépendance se trouve dans la poche (parole de Jean Bolikango : Lipanda eza na poche) d’un cacique du groupe de Binza, réfugié dans l’immeuble de l’ambassade belge. Apres sa mort, la Belgique reprendra son rôle d’après septembre 1960 au Congo. Comme par hasard les attributs rappelant si bien l’indépendance nationale disparaissent aussitôt (Drapeau à six étoiles, l’armoirie avec le lion et l’hommage à PE Lumumba). Après LD Kabila = Avant LD Kabila. Le nouveau Stanley, Louis Michel devient l’homme providentiel et organise la récupération du Beefsteak. Par gratitude, le pouvoir AMP, dressera une statue géante en sa mémoire devant l’Hôtel de ville de Lubumbashi (un des chantiers).

Grands Chantiers.

Après le dialogue inter congolais, les élections controversées, le nouveau chef de l’état parle des grands chantiers. Façon de tranquilliser la population (Aspro ni dawa ya kweli). Gare à celui qui va s’endetter, espérant trouver du travail dans ces chantiers mirages. Comment peut ont ouvrir des nouveaux chantiers, sans penser au préalable aux études de faisabilité, à des potentiels lotissements, et à la mobilisation des fonds nécessaires ? En 1964, Le Premier Ministre Moise Tchombe est rentré de Bruxelles avec un attache case, disant qu’il contenait le patrimoine de l’état congolais qu’il ramenait de la Belgique, après le règlement définitif du contentieux Belgo Congolais. Il fut le tour de toutes les communes de la capitale, exhibant fièrement la mallette du haut d’une Jeep découverte. Plus tard Mobutu dira au peuple que la mallette ne contenait qu’une commission versée au dit Premier ministre pour avoir aliéner les droits de l’état congolais. Très souvent le pays s’endette a coup des milliards en US $ sans qu’il y ai changement dans l’environnement. Mobutu seul (homme seul) a réussi des grandes réalisations (Barrage d’Inga, Concentrateur de Kamoto, Pont Maréchal, domaine de la Nsele, Sozacom, CCIZ, et enfin ses somptueux palais en plein foret équatorial, Gbadolite et Kawele). Ses successeurs ne font que renouveler la peinture des édifices publics à chaque changement de drapeau.

Résultat : on sabote.

Ces gros mots n’apportant aucun résultat probable, à chaque échéance, le gouvernement cri au sabotage venant de l’étranger (Belgique), de l’agresseur (voisin) ou des membres de la cinquième colonne. On trouve rapidement un bouc émissaire dans l’autre ethnie. La presse dite indépendante au service du dictateur, aide à laver les cerveaux. L’ignorance s’installe et les prédateurs avec aisance s’abattent sur la proie pendant que le Project manager (chef des chantiers) frappe aux portes de l’occident. Les aides une fois reçues ne tardent pas à rentrer chez les donateurs sur des comptes numérotés, au bénéfice des facilitateurs et autres lobbyistes occidentaux qui défendent l’image de marque du Président auprès des bailleurs de fonds. L’homme politique congolais s’enferme dans un cercle vicieux sans le savoir, pendant que les responsables de ses malheurs abattent à chaque occasion, une nouvelle carte sur laquelle on peut lire un mot magique, malheureusement sans solution pour les attentes du souverain primaire. Comme si cela ne suffisait pas, les confessions religieuses parlent d’une responsabilité collective, demandant au peuple de s’amender d’un péché qu’il n’a pas commis.

 

Evitons donc de vilipender des slogans inutiles tels que : Bilanga boni tokolona eh = Bilanga sambo ! Défrichant des milliers d’hectares sur les lèvres, ne donnant aucune récolte. Il y a nécessité de mettre sur pied un programme d’action solide. Le projet de société du MPR (Manifeste de la Nsele), sans égal à ce jour devra servir de référence. Il faut bien que le nouveau gouvernement s’engage à lier l’acte à la parole.

 

 

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