RDC: Que le mal soit vu de tous!

Congodrcnews

01/09/13

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« Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose» dit-on. A peine le M23 a annoncé son retrait de Kanyarucinya pour permettre l'enquête sur l'origine et les auteurs des bombardements sur les villes de Goma et Gisenyi, que trois événements majeurs intervenus presque simultanément sont venus démonter l'échafaudage des mensonges conçu à Paris pour sanctifier Kabila et son gouvernement.

 Depuis le début de la guerre le M23 n'a cessé de crier à qui voulait l'entendre que le dialogue était la seule voie juste pour résoudre les problèmes que soulevait l'accord du 23 mars et qu'il n'avait pris les armes que attirer plus d'attention sur ses revendications. Et s'il avait était écouté dès le début et pris au sérieux, il ne serait même arrivé à Goma en novembre dernier. Mais comme à ses habitudes, le gouvernement n'a vu que la main du Rwanda derrière des revendications pourtant légitimes partagées par tout un peuple.

Et ce n'est pas l'opposition institutionnelle qui a tout essayé pour se faire entendre qui me contredira si je disais que même ces concertations que le gouvernement tente encore de museler, n'auraient pas été convoquées s'il n'y avait pas eu la guerre du M23.

 C'est ainsi qu'en réponse à la demande constamment renouvelée de dialogue du M23,le gouvernement a encore affirmé sans froid aux yeux aujourd'hui qu'il «mettait une croix sur les pourparlers de Kampala». Outre le fait que par cette déclaration le gouvernement viole ses engagements internationaux comme il en a l'habitude mais il s'inscrit aussi en faux contre toutes les instances internationales et les résolutions pertinentes des nations unies, de l'Union Africaine, de la CIRGL et de la SADC qui toutes ont recommandés et soutenu les négociations de Kampala pour restaurer la paix à l'est de la RD Congo et dans la sous-région.

 De quoi scandaliser le monde entier lorsque l'on constate que c'est encore le soutien des mêmes nations unies qui donne au gouvernement l'audace de mettre la croix sur des négociations pour lesquelles elles se sont tant investies. Ceci seulement parce que les nations unies comptent en leur sein un pays qui a juré que la sous-région des grands-lacs n'aura pas de paix tant qu'il n'aura pas réinstallé au pouvoir dans l'un des états les sanguinaires auteurs du génocide le plus meurtrier de notre temps et laver la honte qu'a été pour l'humanité toute entière, la tristement célèbre opération turquoise. Suivre cette voie pour les nations unies qui n'ignorent rien de ce passé macabre de cet état, relève de l'hypocrisie et de la négation des libertés pourtant sacrées d'expression et d'opinion pour une certaine catégorie des populations.

 En même temps le gouvernement va-t’en guerre de Kabila a relancé les hostilités dès cet après-midi en allant occuper les positions abandonnées par le M23 dans le souci de mettre fin aux affrontements pour favoriser la reprise des négociations. Une fois de plus cette attitude du gouvernement ne s'explique que par le silence complice des nations unies face à la violation par ce dernier des toutes les dispositions de l'accord qui a motivé le retrait du M23 de la ville de Goma en novembre 2012.

 Et une fois de plus, la communauté internationale semble par son silence cautionner cette façon dangereuse pour la paix du gouvernement appuyé par la Monusco et les FDLR de reconquérir les territoires perdus. Et tout le monde ne semble pas voir au-delà de la reconquête du territoire la volonté du gouvernement de Kinshasa et de son mentors de ramener avec la complicité des nations unies par Monusco interposée, les FDLR au Rwanda pour y parachever le travail inachevé entamé en 1994.Sachant qu'aucun peuple ne peut accepter vivre deux fois un tel drame, je ne doute pas que les concepteurs de l'opération turquoise savent très bien ce que sera la réaction du Rwanda et les conséquences d'une telle démarche sur la paix dans cette partie de l'Afrique. Mais là encore, un seul état au monde, fort de son poids au conseil de sécurité, cherche à convaincre les autres que c'est le M23 qui veut la guerre malgré les nombreuses preuves de son engagement pour une solution pacifique de la crise.

 Une autre raison et la principale du retrait du M23 de ses positions est sans nul la facilitation d'une enquête internationale neutre et impartiale pour établir l'origine des bombes lancées sur Gisenyi et Goma. Alors que pour une fois et malgré l'antagonisme, le gouvernement de Kinshasa n'a jamais incriminés le M23 de ce crime, un homme assis dans son bureau climatisé de New York et déterminé à «noyer son chien», n'hésite pas a pointer son doigt accusateur vers la M23 qui demande à cor et à cri la mise sur pied d'une commission qui mènera cette enquête en toute indépendance. Et même connaissant la partialité des nations unies dans cette crise, le M23 tient à les mettre devant leur responsabilité en s'adressant à elle pour diligenter l'enquête en question.

 Car s'agissant des obus tombés sur Goma, le gouvernement n'a pas hésité pour accuser le Rwanda. Et pour enfoncer le clou, le porte-parole de la 8 ème région militaire a précisé que « vu la distance où se trouvent ses positions, il est exclu que le M23 soit auteur de ces bombardements». Malgré l'antagonisme, le gouvernement a, pour de raisons évidentes d'une conscience chargée par l'ampleur des conséquences de sa gaffe, lavé le M23 de tout soupçon. Pour sa part la Monusco, par la bouche de son chef Martin Kobler, a déclaré sans précision que les bombes étaient tirées à partir de la RD Congo. Une position ambiguë qui prouve que la vérité sur l'origine des obus était connue mais elle embrassait tout le monde. Concernant les obus tombés à Gisenyi, le Rwanda a tout de suite accusé les FARDC avec leurs alliés FDLR qui voulaient causer des dommages dans ce pays et l'attirer dans le conflit congolais.

 La RD du Congo pour sa part, poussée par son stratège en chef depuis Paris, a décidé de faire porter la responsabilité de sa bêtise au M23. Et depuis New-York la France a repris l'accusation à son compte pour la faire endosser par le conseil de sécurité en arguant détenir des preuves irréfutable qui attestent que c'est le M23 qui tiré les obus sur Gisenyi pour servir d'alibi à l'intervention rwandaise.

« Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose» ai-je commencé par écrire. Ainsi, la France a-t-elle oublié que depuis le début de ce conflit elle n'a cessé de dire qu'elle détenait des preuves de la présence dès l'armée rwandaise aux côtés du M23. Peut-elle alors expliquer comment le M23 soutenu par l'armée rwandaise a tiré sur le territoire rwandais, tuant des citoyens rwandais afin de donner à un autre Rwanda (qui lui n'est pas au Congo) le prétexte d'intervenir? Ou comment le M23 qui, selon les FARDC ne pouvait pas tirer sur Goma à partir de ses positions, pouvait tirer sur Gisenyi? Pour tout dire, le ridicule n'est pas français! Mais aussi curieux que cela puisse paraître, c'est le gouvernement assuré de tout le soutien du conseil de sécurité sous la houlette de la France qui se presse de rejeter toute idée d'une enquête sur l'origine et les auteurs de ces bombardements qui font polémique.

 Alors, qui a tiré les bombes, qui a à cacher et qui veut-on protéger à Paris et aux nations unies? On ne peut pas se mouiller et dire qu'on n'a pas vu la pluie. Il n'y a que la France et la Monusco qui n'ont pas entendu le gouvernement de Kinshasa déclarer qu'il mettait une croix sur les négociations pour une guerre que les nations unies font à sa place contre son peuple et qu'il récuse toute idée d'une enquête internationale neutre et impartiale pour établir la vérité sur l'origine et les auteurs des bombardements sur Goma et Gisenyi. Tout comme la Monusco et les nations unies ont fermé les oreilles à toute demande d'enquête sur les bombardements de Rumangabo, Katale, Kibumba …qui ont visé et tues des populations civiles et dont l'identité des auteurs ne fait aucun doute.

Tous devraient pourtant se rappeler que zéro est un élément neutre en addition et absorbant en multiplication. Pour dire que dans le mariage ONU-FARDC c'est aujourd'hui les nations unies qui font la guerre contre des congolais qui ne demandent qu'une paix réelle et durable et demain, s'il y en aura un, la situation redeviendra la même après le retrait volontaire ou forcé des nations unies. Parce que seuls les congolais ont un droit inaliénable sur leur territoire et ils peuvent le défendre même contre les nations unies placées dans une situation de belligérance comme c'est le cas actuellement.

 

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