Un bienfait qui se retourne contre son auteur.

Marius Kisombe

19/01/14

néral Laurent Nkunda,crime d'altruisme?

lnm.jpgIl y a trois jours dans mon article "la racine du mal" j'avais posé la question de savoir d'abord qui de Kagame et de Kabila a été l'artisan de la chute de Mobutu en 1996 et donc notre libérateur si libération il y eu et ensuite si Kabila était réellement un héros ou un traître. Comme il fallait s'y attendre, embarrassés par l'évidence mais incapables d'admettre une vérité qui ne leur plaît guère,mes compatriotes ont évité le débat et opté pour le silence. Malheureusement c'est ça le congolais; toujours incapable de voir la vérité en face et de l'affronter.

Une fois de plus, je voudrais malgré tout interpeller la communauté nationale sur un cas dont elle ne parle pas et les rares fois qu'elle en parle, c'est en mal. Il s'agit bien entendu du général Laurent Nkunda. J'espère que ceux n'ont pas pu s'exprimer sur le cas de LD Kabila ne vont pas se réveiller pour me dire que c'est un rwandais du fait d'avoir combattu dans les rangs de l'Armée Patriotique du Rwanda alors qu'ils ont du mal à admettre James Kabarebe qui a été chef d'état-major général de notre armée comme congolais.

C'est donc d'un compatriote congolais comme chacun de nous que je parle.
Sans être la personne la mieux indiquée ni avoir reçu le mandat des anciens du cndp pour le faire, je me permets un bref rappel du contexte pour autant que je suis avec beaucoup d'intérêt la situation politique de mon pays.

En 2003 après la signature de l'accord de Sun City et avant la mise en place des institutions de la transition,lorsque Kabila doit rémunérer les fdlr pour leur soutien aux FAC, il décide de les doter en armes et munitions et de les transférer au Kivu près du Rwanda leur cible dans le but d'effacer les traces de leur présence et de leur collaboration antérieure. Ils proviennent principalement de l'Equateur,du Kasai et de la partie du Katanga sous contrôle de Kinshasa, passent par Nyunzu-Ubwari-Fizi-Kilembwe-Lulingu(fief de Padiri dans le territoire de Shabunda au Sud-Kivu)-Walikale-Masisi-Rutshuru(à la porte du Rwanda).

Alors que toute la direction du RCD qui administrait cette partie du pays plus préoccupée à donner les gages de sa bonne foi se précipite à Kinshasa,seul le général Nkunda comprend les manoeuvres de Kabila et réalise le danger qui s'annonce.
Il refuse de répondre à l'appel et d'abandonner la population à son propre sort face à ces genocidaires qui font leur retour dans la région avec la bénédiction de Kabila. Et lorsque ces derniers commencent leur exactions contre les populations civiles et que le Rwanda dénonce leur présence, Kinshasa ne manque pas des lieutenant dont le plus brillant restera Vital Kamerhe pour dire que les interahamwe n'existe pas et que s'il y en a c'est la faute du Rwanda qui a administré cette partie pendant cinq ans avec le RCD.

Dans ce concert d'accusations réciproques entre la RD Congo et le Rwanda, la population vit l'horreur et meurt en silence. Face à l'inaction de l'état, des milices d'auto-défense se constituent sur des bases tribales. Le chaos s'annonce et les confits inter ethniques renaissent.

Face aux menaces du Rwanda de ramener son armée s'affronter avec les fdlr au Kivu et le risque croissant de guerres ethniques,le général Nkunda interpellé par sa conscience décide de créer une coordination de ces forces d'auto- défense et leurs actions contre l'ennemi commun les fdlr et l'insécurité qu'ils créent poussant des milliers des congolais à aller chercher refuge loin de chez eux. Ainsi naquit le Conseil National pour la Défense des intérêts du Peuple( CNDP) pour
exiger du gouvernement et contribuer à la sécurisation et à la pacification du Kivu à travers des actions concrètes consistant à:

* neutraliser et rapatrier les interahamwe et les fdlr dans leur pays;
* mettre fin à l'existence des milices tribalo-ethniques;
* organiser le retour des réfugiés congolais et des déplacés dans leurs milieux d'origine;
* favoriser une vraie réconciliation nationale pour garantir la cohabitation pacifique;
*mettre en place une véritable armée et une police nationale;
* oeuvrer pour l'intégration régionale gage du développement du Kivu en améliorant les relations avec les états voisins.
En quoi cela était un crime?

Comme d'habitude, au lieu d'examiner la pertinence de ce revendications, on a regardé le faciès de Nkunda et on l'a transformé en agent au service du Rwanda.

Toujours prompt à donner les gages de sa bonne, pour contribuer au règlement pacifique du conflit et mettre le gouvernement devant ses responsabilité, le Rwanda a procédé à l'arrestation de Laurent Nkunda,facilité les négociations qui ont aboutie à la dissolution du cndp comme mouvement politico-militaire et à l'intégration de ses hommes dans l'armée nationale.
Des nombreux points de l'accord qui a mis fin à ces négociations n'ont pas été respecté par le gouvernement et ont conduit à la création du Mouvement de 23 mars pour revendiquer leur pleine exécution.

Le Rwanda qui a cru aider son voisin et bien faire s'en retrouve récompensé d'être le promoteur et le soutien du M23 dans sa lutte contre le gouvernement. Alors qu'il garde sur son sol comme une charge encombrante un citoyen congolais dont rien ne justifie la séquestration. Il est ainsi entrain de payer sa bonté à l'égard d'un régime ingrat qui a décidé de faire du Rwanda la victime expiatoire et son bouc émissaire sur qui doit porter la responsabilité de tout ce qui ne marche pas en RD Congo.
Comme Nkunda,le Rwanda est victime de son altruisme avec la seule différence que Nkunda y était obligé par devoir envers sa patrie alors que rien n'obligeait le Rwanda de l'arrêter. Il s'en est mêlé et il en a pour son compte dirait-on.

Mais entre temps Laurent Nkunda reste détenu injustement au Rwanda qui se dit «coincé» par son cas et les conflits qui ont été à la base de son arrestation perdurent tant à l'intérieur de la RD Congo que entre ce dernier et son voisin le Rwanda.

Ainsi cinq ans après la neutralisation de Laurent Nkunda par le Rwanda et trois mois après le rétrait du M23 de la scène, les problèmes posés par Laurent Nkunda depuis 2004, repris par le M23 en 2012 restent entier et tendent même à s'intensifier au regard de ce qui se passe en ce moment en RD Congo.
D'où les deux questions suivantes que je pose encore à mes compatriotes:

1. Pourquoi voulons-nous reproduire aujourd'hui face au M23 une solution qui a échoué en 2009 face à Laurent Nkunda?
2. Pourquoi le gouvernement congolais ne ramènerait-il pas Laurent Nkunda au pays pour faire partie de la solution alors que tout démontre que ce n'était pas lui le problème?

Débattre sans passion de ces questions et y apporter les réponses c'est aider notre pays à sortir du cycle des conflits et à retrouver sa cohésion.
A mon avis il est temps que cesse la Campagne de diabolisation dont a été victime Laurent Nkunda dont le seul crime sera d'avoir refuser les honneurs de servir les intérêts d'un homme, Joseph Kabila pour servir sa patrie et son peuple.
S'il n'avait pas fait ce choix non seulement le Kivu se serait embrasé mais aussi toute la sous-région des grands lacs.
Malheureusement son sacrifice ignoré ne nous a pas encore permis de conjurer ce risque.
Des demain mettons tous le retour au pays de Laurent Nkunda la tête de liste de nos nombreuses et légitimes revendications. Ce sera justice.

Pendant ce temps,le Rwanda n'a qu'une phrase à l'esprit: «Si je savais!!!»

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