François-Serge MOTROT(*)
15/02/07
Le 17 mai 1997, les troupes de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) entraient dans Kinshasa d’où, deux jours plus tôt, s’était enfui sans gloire le très malade Maréchal-Président Joseph-Désiré MOBUTU. A 66 ans, l’ancien sergent de la Force Publique coloniale prenait le chemin d’un exil définitif, après 32 ans d’un règne sans partage sur ce qui était alors le Zaîre et qui allait bientôt recouvrer son ancien nom de République Démocratique du Congo abandonné en 1971. Le nouveau maître du pays se nommait Laurent-Désiré KABILA. Sans être tout à fait un inconnu, cet ancien maquisard reconverti en commerçant arrivait néanmoins tout seul, sans partisans et sans troupes, dans les bagages d’une armée étrangère, l’Armée Patriotique Rwandaise (APR). Celle-ci l’installa aussitôt dans le fauteuil du dictateur déchu et fit de Joseph KABILA, un de ses fils âgé de 23 ans, un commandant de l’armée de terre absolument improvisé.
Ambiance salaire de la peur sur les rives du lac Ntumba, en république démocratique du Congo (RDC). Ayoub Saleh profite de son dimanche pour plonger les mains dans les entrailles de son bulldozer. En sueur, taché d'huile de vidange, il peste contre ses ouvriers qu'il traite «d'incapables». Cet ex-militaire libanais est le chef du chantier d'exploitation forestière de la société ITB, contrôlée par une famille libanaise. Il vient d'expédier à Kinshasa les grumes de sa concession, par le fleuve Congo. L'exploitation forestière tourne à plein régime en RDC, et plus précisément dans la province de l'Equateur au nord-ouest du pays. Vue du ciel, cette zone ressemble à un brocoli géant d'environ 368 000 km2 (près des deux tiers de la superficie de la France). L'exploitation du bois, comme celle de toutes les ressources naturelles de l'Afrique, sera au coeur des débats, aujourd'hui, lors du sommet France-Afrique qui se tient à Cannes jusqu'à demain (lire aussi pages 6 et 7).