Affaire Rose Kabuye: Kigali expulse l’ambassadeur allemand au Rwanda

AFP

11/11/08

 

paul_kagame_and_rose_kabuye.jpgLe Rwanda a décidé mardi d'expulser l'ambassadeur d'Allemagne dans ce pays après l'arrestation d'une proche du président rwandais, tout en s'apprêtant à émettre des mandats d'arrêt contre des responsables français mis en cause par Kigali dans le génocide de 1994.

Le gouvernement rwandais "a demandé" à l'ambassadeur d'Allemagne au Rwanda, Christian Clages, de quitter le pays "dans les 48 heures et ce jusqu'à ce que l'affaire de l'arrestation de (Rose) Kabuye soit réglée", a annoncé à l'AFP la ministre rwandaise de l'Information, Louise Mushikiwabo.

"D'ici jeudi, il devra avoir quitté le territoire rwandais", a ajouté Mme Mushikiwabo, également porte-parole du gouvernement rwandais.

L'ambassadeur rwandais en Allemagne, Eugène Gasana, a quant à lui été rappelé mardi par Kigali "pour consultations", selon la ministre.

Rose Kabuye, directrice du protocole présidentiel rwandais et l'une des proches du président rwandais Paul Kagame, a été arrêtée dimanche à son arrivée à l'aéroport de Francfort (ouest de l'Allemagne), en vertu d'un mandat d'arrêt émis par la France

A Berlin, le ministère des Affaires étrangères a confirmé que l'ambassadeur d'Allemagne à Kigali devait "quitter le pays sur demande du Rwanda". "Nous espérons qu'aussi bien l'ambassadeur allemand au Rwanda que l'ambassadeur rwandais en Allemagne pourront retourner rapidement à leur poste respectif", a dit à l'AFP un porte-parole du ministère.

Mme Kabuye est un des neuf responsables rwandais, proches de M. Kagame, recherchés par la justice française pour leur participation présumée à l'attentat contre l'avion du président hutu rwandais Juvénal Habyarimana en avril 1994, élément déclencheur du génocide rwandais.

Elle a été placée sous écrou extraditionnel à la prison pour femmes de Francfort, où elle a reçu mardi la visite de M. Kagame, et doit être extradée vers la France.

Kigali avait rompu fin novembre 2006 ses relations diplomatiques avec Paris après que le juge français Jean-Louis Bruguière eut signé ces neuf mandats d'arrêt contre des responsables rwandais, et réclamé des poursuites contre M. Kagame, un Tutsi, pour sa "participation présumée" à l'attentat.

A Kigali mardi, et pour le deuxième jour consécutif, des manifestants ont défilé contre l'arrestation de Mme Kabuye, a constaté l'AFP.

De son côté, la Commission de l'Union africaine (UA) a fait part de sa "stupéfaction et (de son) inquiétude" après l'arrestation de Mme Kabuye "alors qu'elle était en mission diplomatique officielle pour organiser une visite d'Etat du président rwandais".

Inquiète du grand nombre de mises en accusation pendantes contre des dirigeants ou des personnalités africaines, la commission de l'UA dit espérer "qu'un mécanisme de contrôle et de régulation (de ces mises en accusation) soit mis en place au niveau international ou au niveau européen".

La journée de mardi a aussi connu une nouvelle escalade dans la bataille judiciaire entre la France et le Rwanda.

Une source au parquet général du Rwanda a indiqué à l'AFP sous couvert d'anonymat que la justice rwandaise s'apprêtait à émettre des mandats d'arrêt contre des responsables civils ou militaires français de l'époque mis en cause dans le rapport d'une commission d'enquête rwandaise rendu public le 5 août.

Les actes d'accusation contre 23 des 33 civils ou militaires français mis en cause dans ce rapport "sont en train d'être finalisés, les mandats d'arrêt peuvent être lancés à tout moment", a ajouté cette source, sans préciser l'identité des responsables français visés.

Dans ce rapport, la commission accuse nommément ces 33 responsables d'avoir "participé" au génocide.

Environ 800.000 personnes, selon l'ONU, essentiellement au sein de la minorité tutsi mais aussi parmi les Hutu modérés, ont été tuées pendant le génocide d'avril à juillet 1994.

La commission a accusé la France d'avoir été "au courant des préparatifs" du génocide, d'avoir "participé aux principales initiatives" de sa mise en place et "à sa mise en exécution".

 

 

 

AFP

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