De Gucht: les Rwandais n’ont pas l’intention de rester en RDC.

La Libre

04/02/09

 

karel_de_gucht.jpgM. De Gucht a toutefois exprimé sa crainte que cette opération conjointe ne se transforme en "drame humanitaire" pour les populations de l'est de la RDC en cas d'affrontements.

Les troupes rwandaises ne devraient pas rester trop longtemps dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), où elles ont pénétré le 20 janvier dernier pour une opération conjointe avec l'armée congolaise contre les rebelles hutus rwandais réfugiés dans l'est de la RDC, a estimé mercredi le ministre belge des Affaires étrangères, Karel De Gucht (Open Vld). "Je ne pense pas que les Rwandais ont l'intention de rester au Congo. Ce serait mal perçu par la communauté internationale", a-t-il déclaré en Commission des relations extérieures de la Chambre lors d'un débat sur la situation dans l'est de la RDC.

L'opération conjointe congolaise-rwandaise – une première – a été lancée le 20 janvier par les armées congolaise et rwandaise dans l'est de la RDC contre les rebelles hutus des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), estimés à environ 6.500 hommes et réfugiés dans l'ex-Zaïre depuis le génocide au Rwanda de 1994. Le président congolais Joseph Kabila a assuré samedi que cette opération ne dépasserait pas "fin février".

Selon M. De Gucht, une évaluation de cette opération aura lieu le 9 février, si l'on en croit les informations en provenance de Kinshasa. Le ministre a souligné que les troupes de l'armée rwandaise se trouvaient cette fois en RDC "à l'invitation du gouvernement congolais" – qui a obtenu en échange de Kigali l'arrestation du chef rebelle tutsi Laurent Nkunda et son assignation à résidence, dans l'attente d'une éventuelle extradition vers Kinshasa.

Le Rwanda a soutenu trois rébellions depuis 1996 en RDC. La première avait fait tomber le maréchal Mobutu Sese Seko en utilisant la rébellion dirigée par Laurent-Désiré Kabila – le père de l'actuel chef de l'Etat. La deuxième avait été déclenchée par la brouille entre Kabila-père et le régime du président rwandais Paul Kagame, devenu un parrain trop encombrant. Celle de Laurent Nkunda a été victime d'un renversement d'alliance entre Kinshasa et Kigali au nom de la traque des FDLR.

M. De Gucht a toutefois exprimé sa crainte que cette opération conjointe ne se transforme en "drame humanitaire" pour les populations de l'est de la RDC en cas d'affrontements. "Personne ne sait si les FDLR vont se battre" pour résister aux forces rwandaises et congolaises, a souligné le chef de la diplomatie belge, en notant que les rebelles hutus qui restent dans la région "sont le noyau dur" des FDLR.

Plus tôt dans la journée, le gouvernement avait, dans un communiqué diffusé par le Premier ministre Herman Van Rompuy, salué le "rapprochement récent" effectué par la RDC et le Rwanda, tout en exprimant un certain nombre de préoccupations. Il avait notamment souhaité que la Mission des Nations Unies en RDC (MONUC) soit associée à ces opérations, notamment afin de pouvoir faire face à leurs conséquences humanitaires – ce qui n'a guère été le cas jusqu'à présent.

 

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