Exactions contre l’ethnie de Bemba: Amnesty dénonce des abus contre les ressortissants de l’Equateur

La Libre

25/10/07

 

amnesty_international.jpgAmnesty international (A.I.) diffuse ce jeudi un rapport sur le Congo (à l'exception du Kivu, objet d'un rapport à venir) qui lance un cri d'alarme au sujet de la pratique du meurtre et de la torture par des agents de l'Etat.

Si l'organisation humanitaire stigmatise le fait que "virtuellement toutes les agences de sécurité exercent les pouvoirs d'arrestation et détention et ont leurs propres centres de détention", elle épingle plus particulièrement deux services : la Direction des renseignements généraux et services spéciaux de la police (DRGS, plus connu sous le nom de son quartier général, Kin-Mazière) et la Garde républicaine, garde prétorienne du président Kabila.

Le constat de la violence et de l'impunité de ces services est tiré de l'analyse des violations des droits de l'homme commises durant et après la campagne électorale (2006-07).

Les deux services mentionnés ont arrêté et torturé des personnes parce qu'elles avaient la même ethnie (Ngbaka) ou origine régionale (l'Equateur) que l'opposant Jean-Pierre Bemba. "Ces arrestations et détentions arbitraires se poursuivent à Kinshasa", précise A.I.

Agents de torture et de mort

"Loin de protéger la population" congolaise, "les services de sécurité de l'Etat demeurent des agents de torture et de mort".

L'organisation souligne que la garde de Bemba, la DPP, s'est elle aussi rendue coupable de violations des droits de l'homme. A.I. étudie les combats qui ont opposé l'armée à la DPP en mars dernier, faisant "600 morts", dont un grand nombre de civils, et qui furent suivis de nombreuses arrestations, dont des enfants des rues (certains sont toujours détenus sans avoir jamais été inculpés). La DPP s'en est alors prise à des membres du parti du président Kabila, le PPRD, tandis que les forces loyales à ce dernier s'en prenaient aux ressortissants de l'Equateur, dont un nombre important ont été victimes d'exécutions extra-judiciaires.

L'insécurité créée par les services de sécurité, analyse A.I., est due au fait que certains de ceux-ci "continuent à servir des intérêts politiques particuliers et à agir hors du cadre de la loi".

Pour l'organisation, deux facteurs empêchent une amélioration. D'abord la lenteur du processus de réforme du secteur sécuritaire, mené par Kinshasa avec l'aide internationale (notamment belge) et la médiocrité de ses programmes de formation. Ensuite "la culture institutionnelle de permissivité envers les violations des droits de l'homme ".

Selon Amnesty "des mesures urgentes sont nécessaires pour placer les services de sécurité sous le contrôle effectif et transparent de l'Etat". Les priorités sont la réforme de la police (dont les violations des droits de l'homme ont commencé à dépasser celles de l'armée) et sa soumission aux autorités civiles, avec des lignes de commandement claires; l'envoi de la Garde républicaine (garde présidentielle) au processus de brassage, comme les autres unités de l'armée et la limitation de ses activités à la protection du chef de l'Etat; l'introduction de mécanismes de contrôle indépendants des forces de sécurité.

La Libre

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