Gilbert Kiakwama remet les pendules à l’heure !

Controverse autour de l'absence de l'Opposition au Palais du Peuple
Marcellin MANDUAKILA

04/24/07

kiakwama_kia_kiziki.jpgPrésident du groupe parlementaire des démocrates chrétiens (CDC), M. Gilbert Kiakwama Kia Kiziki a évoqué, samedi dernier en sa résidence à Binza-Macampagne, dans la commune de Ngaliema, les vraies raisons qui ont milité, au delà de toute rumeur ou intoxication politique, en faveur de la décision des députés de l'opposition (Union pour la nation) de suspendre leur participation à la plénière de l'Assemblée nationale le vendredi 13 avril. Avec ses 31 députés venant des horizons divers, le groupe des chrétiens démocrates entend faire triompher les valeurs chrétiennes (vérité, justice, amour et solidarité) comme maître-étalon de l'action politique et de son succès.

« NOUS avons choisi de tirer ce coup de semonce, d'abord et avant tout pour prendre la nation à témoin et de cette manière, éviter que l'histoire ne bégaie et ne se répète », déclare d'entrée de jeu le député Kiakwama dit « KG ». Se voulant plus précis, le meneur des démocrates chrétiens à l'Assemblée nationale rappelle qu'en 1967, au moment où il rentrait au pays après ses études en Belgique, une nouvelle constitution venait d'être adoptée et prévoyait l'instauration du bipartisme. « Cela était déjà un renoncement et abaissement part rapport au multipartisme intégral que le coup d'Etat de 1965 avait suspendu ». Allant plus loin, « KG » ajoute : « Pire encore, de petits renoncements en petits renoncements, de petites lâchetés en petites lâchetés de notre part à tous, nous sommes rentrés en 1970 dans le monisme du MPR, pour passer ensuite au rôle dirigeant du parti-Etat et nous réveiller dans les années 90 avec la gueule de bois, en dénonçant 32 ans de dictature d'un seul homme ». Souscrivant à l'adage « mieux vaut prévenir que guérir », le député G. Kiakwama Kia Kiziki jette son pavé : « Cette fois-ci, exactement quarante ans après, en 2007, nous demandons préventivement à chacun de répondre devant la nation toute entière, à haute et intelligible voix, à la question suivante : à quel jeu joue-t-on ? Quelle démocratie sommes-nous en train de mettre en place » ?

Les raisons de la suspension, par l'opposition, de Sa participation à la plénière

Pourquoi les députés de l'opposition ont-ils suspendu leur participation à la plénière de l'Assemblée nationale, le patron des démocrates chrétiens s'en explique « parce que nous avons le sentiment que nous sortons petit à petit de la mission que le peuple congolais nous a donnée à tous, majorité et opposition … en adhérant au processus électoral, en allant voter en masse, le peuple congolais a légitimé un ordre politique nouveau, il n'a pas légitimé un pouvoir qui reprendrait les mauvaises habitudes du passé, encore moins un homme seul. Le peuple congolais a légitimé un ordre politique dont la caractéristique essentielle est l'équilibre et la séparation des pouvoirs ». M. Kiakwama Kia KIziki ne s'arrête pas en si bon chemin. Mais, il redéfinit les règles du jeu politique en ces termes : « L'essentiel même de la démocratie, c'est l'existence d'une majorité qui gouverne, mais également l'existence d'une opposition, avec ses droits et devoirs. Or, jusqu'aujourd'hui, j'ai beaucoup entendu parler des droits de la majorité, qui semblent sans fin, des devoirs de l'opposition, qui semblent aussi sans fin, mais très peu des devoirs de la majorité et des droits de l'opposition. Voilà pourquoi, nous sommes sortis, pour que solennellement on nous dise à quel jeu joue-t-on. L'un des devoirs essentiel d'un pouvoir en démocratie, c'est le devoir de rendre des comptes ».

Quand l'opposition refuse de servir d'alibi démocratique Mais, pourquoi l'opposition n'est elle restée au Parlement pour s'exprimer ? Gilbert Kiakwama répond tout de suite : « Même si le Parlement fonctionne, cahin-caha, tout n'est pas de son ressort. Mon jeune frère François Muamba l'a fort bien dit, nous ne voulons vivre dans un pays où le Parlement serait le seul îlot de démocratie alors qu'à l'extérieur la maison brûle ». Tirant les leçons de cette situation, « KG » tranche : « Nous refusons de servir d'alibi démocratique. Nous voulons que chacun voie la réalité en face et se positionne par rapport à elle, dans la lumière. Il y a un gouvernement, et bien que le gouvernement gouverne, qu'il contrôle sa police et son armée, qu'il les paie et surveille leur affectation, qu'il les sanctionne lorsqu'elles outrepassent leurs missions ou qu'elles sont manifestement hors-la-loi et arrêtons les faux-fuyants ».

« Nous n'avons jamais été partisans de la conflictualité, mais de la concertation et du dialogue »

Pour que les choses soient claires, Kiakwama recommande : « il y a un gouvernement et il y a un parlement, il y a une majorité et il y a une opposition. Que le gouvernement gouverne et le parlement fera ce qu'il a à faire. De même que la majorité fasse son travail de majorité, mais qu'elle n'empêche pas l'opposition de faire le sien ». Se prononçant sur le dialogue tant réclamé, le numéro un des démocrates chrétiens remet les pendules à l'heure : « nous n'avons jamais été partisans de la conflictualité, mais bien de la concertation et du dialogue. Nous pensons qu'il est de notre devoir d'instaurer une démocratie apaisée. Dès lors, il est de notre devoir de veiller à l'existence d'un dialogue démocratique au sein des institutions, et entre institutions, ceci fait partie du fonctionnement normal d'une démocratie ». Enfonçant ainsi le clou, le président des députés démocrates chrétiens précise sa pensée : « Nous sommes sortis parce que nous refusons les petits arrangements entre amis conclus dans des officines après des négociations floues ». Tirant la sonnette d'alarme, le démocrate chrétien G. Kiakwama Kia KIziki prévient : « nous avons le sentiment que le cadre n'est pas posé, sans lequel aucune action de fond pour l'amélioration du sort de notre peuple ne sera possible. Le Congo a une rude partie à jouer dans les années à venir pour assurer, sinon son développement, au moins son décollage. Dès lors, nous souhaitons que chaque acteur se détermine dès le départ, pour éviter d'avoir à donner des explications biscornues à l'arrivée. Chacun connaît-il son rôle ? Chacun a-t-il conscience de la charge de son rôle ? Chacun remplit-il son rôle ? Nous avons choisi de quitter la plénière de l'Assemblée pour poser très publiquement ces questions à tous les acteurs de la vie institutionnelle congolaise, en prenant le peuple congolais à témoin, de sorte qu'il puisse juger chacun et prendre date ».

 

La Conscience

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