Kalémie accueille son premier bateau de réfugiés.

Marie-Eve Saint Georges

16/04/07

kalemie.jpgVu de loin, on pouvait penser qu’un bateau de croisière aller accoster au port de Kalémie (Nord Katanga, Est de la RDC). Le MV Mwongozo arbore pourtant le drapeau du UNHCR avec ceux que l’on appelle les retournés : la première vague de retour des congolais débute le jeudi 12 avril 2007 avec près de 500 personnes.

Ils avaient fui il y a dix ans, quand la guerre allait enflammer le Tanganyika comme l’ensemble de l’Est du pays en particulier. Selon les estimations du Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (UNHCR), 122 000 congolais prennent la direction de la Tanzanie, à quelques encablures, de l’autre côté du lac ; un mouvement de 61 000 réfugiés trouve refuge en Zambie.

Comme un signe, il faut attendre une bonne heure pour commencer le cérémonial de rigueur : la pluie tombe sans discontinuer dès que le bateau touche terre et, selon beaucoup, il s’agit là d’une bénédiction ! Les notes de la fanfare entonnent le LA pour un protocole qui compte notamment le Consul Général de la RDC en Tanzanie, Lumbu wa Biombo. Il a fait le voyage avec près de 500 retournés que compte le MV Mwongozo. Il sera le premier à emprunter le pont, avec deux enfants. Les termes du commissaire du district du Tanganyika, Jean Rigobert Tshimanga, se veulent accueillant : « la RDC est votre pays ! Soyez les bienvenus, la guerre est finie, les Maï-Maï ne tracassent plus la population. »

«Ces gens-là n’ont rien, qui va les aider?»

Les agences onusiennes sont là, la MONUC avait placé un dispositif au besoin et appui par ses moyens logistiques, les ONG prennent le relais avec CARITAS qui gère le centre de transit et ERUKIN qui vient de Kinshasa pour la prise en charge socio-éducative.
Le convoi et l’artère principale de la ville rurale offre aux kalémiars un long défilé de camions, deux d’entre eux entièrement réservés aux chèvres, canards et autres poules. Direction le camp de transit, situé à près de 10 kms du centre-ville, là même où l’on prenait en charge et orientait les ex-combattants quelques mois auparavant.
Les remarques fusent : « Je suis vraiment heureux qu’ils soient rentrés au pays… C’est très bien de les accueillir, mais il n’y pas assez de travail… Ces gens-là n’ont rien, qui va les aider ? »

La pluie vient encore perturber l’enregistrement des retournés. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) distribue une ration de trois mois à ces quelques 130 familles. Les enfants rejoindront progressivement les bancs des écoles, quelques jours après les premiers pas de leurs vies sur le sol congolais.
Deux jours après cette arrivée, le UNHCR toujours reprend la route avec ces nouveaux rapatriés de Tanzanie, ils vont regagner différents quartiers de Kalémie pour reconstruire une vie. Ils regarderont à n’en pas douter vers le port où, dans quelques semaines, un autre bateau jettera l’ancre, en provenance cette fois de Zambie.

Kalémie absorbera seulement 5% des réfugiés

La logistique sera encore au cœur des discussions pour l’organisation fort complexe des autres rapatriements. La Zambie compte à elle seule 61 000 volontaires pour regagner le Katanga. Des opérations discutées en commission tripartite entre RDC-Zambie et UNHCR. Concernant la Tanzanie, les opérations sont suspendues jusqu’en juillet, période de vacances scolaires jugée plus aisée pour la réinsertion des plus jeunes. Le UNHCR a installé toute la coordination des opérations à Moba, autre ville portuaire du Tanganyika, située au sud de Kalémie. Kalémie absorbera seulement 5% des réfugiés.

Moba devrait par contre accueillir 80% de ces retournés. Mais des camps y accueillent déjà par dizaines ceux qui n’attendent pas ces opérations. S’ajoutent les quelques 170 000 déplacés internes, dans le territoire de Manono notamment, ceux qui ont fui les villages menacés pour les groupes de combattants, mais sont restés en RDC.

Plus au sud encore, dans une zone problématique de part sa situation géographique et les mouvements des groupes Maï-Maï qui ont posé de nombreux problèmes sécuritaires il n’y a pas si longtemps : Pweto. A quelques kilomètres de la Zambie justement. On y comptera les 15% volontaires restant pour ces mouvements de rapatriements qui commencent sous la pluie.

 

 

MONUC

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