Kamerhe se bat “pour la démocratie”

Marie-France Cros

17/03/09

 

 

 

Alors qu’une manifestation “pour la sauvegarde de la jeune démocratie congolaise” était annoncée pour lundi, elle n’a pas eu lieu après l’arrestation, dimanche, de trois de ses organisateurs, Floribert Chebeya et Dolly Inefo Mbunga de “La voix des sans voix”, et Donat Tshikaya de la Renadhoc.

Alors que la crise n’est pas résolue au Kivu, qui voit un retour en force des FDLR (rebelles hutus rwandais issus des génocidaires) depuis le départ de l’armée rwandaise chargée brièvement (20 janvier – 27 février) de les combattre, et que l’Etat est au bord de la faillite en raison de difficultés économiques, l’attention des Congolais est focalisée sur le conflit entre l’exécutif et le législatif (voir LLB 14 mars).

La présidence exige la démission immédiate du président de l’Assemblée, Vital Kamerhe, membre du parti présidentiel PPRD, qui ne s’est pas exécuté jusqu’ici, parce qu’il avait exprimé publiquement son désaccord avec l’entrée des troupes rwandaises sur le sol congolais.

“Lâchez Kamerhe”

Il y a une semaine, les députés de la majorité avaient reçu un SMS leur enjoignant de “lâcher Kamerhe” faute de quoi l’assemblée serait “dissoute”. Dimanche, selon notre confrère “Le Soft”, 263 députés de la majorité ont signé, “lors d’une garden-party” au siège de leur formation, une “Déclaration politique” ordonnant à M. Kamerhe de démissionner. De plus, les députés ont reçu l’ordre de ne pas se présenter, lundi à l’ouverture de la session parlementaire, afin qu’il n’y ait pas le quorum. Enfin, la police interdisait lundi l’entrée de l’hémicycle aux journalistes et au public.

Devant 120 députés sur 500, Vital Kamerhe a néanmoins ouvert la session, estimant que le quorum n’était nécessaire que pour un vote. Evoquant la crise de l’heure, il a insisté pour que cesse “l’intrusion des partis et regroupements politiques, faits privés, dans le fonctionnement des institutions”. Il a souligné que ce n’était pas le Président qui était responsable devant le Parlement, mais le gouvernement, et invité les ministres “à éviter de se cacher derrière le chef de l’Etat, qu’ils exposent inutilement, pour chercher à échapper à leur responsabilité politique”. Et d’appeler le gouvernement “à justifier promptement sa gestion” devant les élus.

Le président de l’Assemblée a indiqué que son refus de démissionner en dehors de la session parlementaire n’était pas “de l’indiscipline face à la hiérarchie de ma famille politique” mais dicté par le souci de respecter “l’esprit et la lettre de la Constitution” et de “préserver la démocratie pour laquelle notre peuple s’est battu”.

Il a également tenu à “rassurer le Président de la République, chef de l’Etat et de ma famille politique” : “j’inscrirai la question de ma démission et du renouvellement du bureau (de l’Assemblée) à la prochaine réunion de la Conférence des présidents” de groupes “avant de venir en débattre à la plénière et ce en conformité avec la Constitution et notre règlement intérieur”.

Arrestations

Alors qu’une manifestation “pour la sauvegarde de la jeune démocratie congolaise” était annoncée pour lundi, elle n’a pas eu lieu après l’arrestation, dimanche, de trois de ses organisateurs, Floribert Chebeya et Dolly Inefo Mbunga de “La voix des sans voix”, et Donat Tshikaya de la Renadhoc.

 

 

La Libre

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