Kinshasa : rumeurs de déstabilisation.

B.A.W.

01/02/08

 

eyoma.jpgL’annonce du prochain stationnement à Brazzaville d’un contingent de l’armée britannique a provoqué une sorte de psychose. Jeudi 31 janvier, des "SMS" pour le moins alarmistes ont été échangés entre Kinshasa et Bruxelles.

"Les Britanniques sont arrivés à Brazzaville pour évacuer les Occidentaux qui résident à Kinshasa. On nous a dit de quitter Kinshasa de toute urgence avant que ça barde". C’est un modèle de messages "sms" transférés dans la soirée du jeudi 31 janvier à la rédaction de Congoindependant.com. Selon certaines sources, des coups de feu auraient été (le conditionnel reste de rigueur) entendus, dans la matinée de jeudi, aux alentours du palais de la Nation où se trouve le cabinet de Joseph Kabila.

"Des membres de la garde présidentielle protestaient contre le non-paiement de leur solde du mois de février", commente une source. Explication peu satisfaisante. Une chose paraît sûre : Joseph n’a pas fait le voyage d’Addis-Abeba où se tient depuis jeudi le 10ème sommet de l’Union africaine. Le ministre des Affaires étrangères Antipas Mbusa Nyamwisi dirige la délégation congolaise. "Antipas" risque de se ronger les ongles dans la capitale éthiopienne. Le Congo démocratique est, en effet, privé de voix délibérative. Motif : contributions impayées. Montant : 10 millions U$. Depuis mercredi soir le "raïs" est invisible. Où est-il passé? Selon certaines sources, l’homme se trouverait dans sa ferme à Menkao, localité située à une centaine de kilomètres de la capitale. Dans les milieux diplomatiques à Kinshasa, c’est l’expectative. "Depuis plusieurs mois, Kabila a peur de prendre l’avion", confie un diplomate occidental joint au téléphone à Kinshasa. Ajoutant : "Il redoute un attentat. Joseph et son entourage semblent obsédés par l’ombre de l’ancien conseiller de Mobutu, Honoré Ngbanda". La RD Congo se trouve-telle à l’aube d’une action de déstabilisation? Tout est parti d’une dépêche de l’agence de presse "Xinua", datée 23 janvier, annonçant la signature entre le Congo-Brazzaville et la Grande-Bretagne d’un accord "en vue du positionnement" dans la capitale congolaise d’un contingent militaire britannique. Mission : secourir, en cas de besoin, les ressortissants britanniques vivant dans la sous-région d’Afrique centrale, notamment à Kinshasa. Selon l’attaché de défense de l’ambassade britannique à Brazzaville, le lieutenant colonel Thimothy Georges William Woodman, cette convention est motivée par "la situation sécuritaire peu stable observée depuis un certain temps" en RD Congo. "Au regard de l’instabilité en RDC, nous devons être capables d’évacuer rapidement nos compatriotes ", a-t-il précisé tout en soulignant que cette démarche relève du devoir de son pays d’assurer la sécurité et la protection des ses citoyens établis au Congo-Kinshasa. L’accord congolo-britannique ressemble bien à un aveu de la "fatigue" occidentale à l’égard du "Grand Congo". Lors des travaux du dialogue intercongolais organisé en 2002, à Sun City, en Afrique du Sud, la "crise de légitimité" a été stigmatisée par plus d’un acteur politique comme étant l’épicentre de l’instabilité qui secoue l’ex-Zaïre depuis son accession à l’indépendance. Et pourtant. Les élections présidentielles, législatives et provinciales ont eu lieu en 2006 et 2007. Le monde occidental en général et l’Union européenne en particulier ont joué un rôle de premier plan dans le financement de l’organisation matérielle de ces consultations politiques. Près de 500 millions d’euros ont été déboursés. On peut gager que cette "générosité" européenne ne se fondait nullement sur la charité chrétienne. Les entreprises de la "vieille Europe" devaient se trouver dans le peloton de tête pour la reconstruction. Une année après, l’instabilité est restée en l’état. Elle s’est même consolidée. Il faut dire que tout en ayant "accepté l’inacceptable", les "bembistes" continuent à revendiquer que "Bemba avait gagné l’élection présidentielle". Dès janvier 2007, il y a eu le massacre des adeptes du mouvement politico religieux Bundu dia Kongo dans la province du Bas-Congo. Ceux-ci protestaient contre l’élection du gouverneur et de son adjoint. Bilan : 134 morts. A Kinshasa, c’est l’affrontement sanglant entre les hommes de Jean-Pierre et ceux de Joseph. Bilan: 600 morts. C’était au mois de mars. Depuis le 11 avril dernier, Bemba vit en exil au Portugal. Le départ du leader du MLC a été suivi par une chasse à l’homme contre les militants de l’opposition. Les ressortissants de la province de l’Equateur, considérés collectivement comme sympathisants du Mouvement de libération du Congo, ont payé un lourd tribut. Depuis, l’opposition est devenue aphone. Pendant ce temps, à l’Est, des groupes armés continuent à faire la pluie et le beau temps. Les forces gouvernementales paraissent incapables de rétablir l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. La preuve a été donnée le 15 décembre à Mushaki au Nord-Kivu. En vérité, depuis son investiture, le "raïs" a pris ses distances à l’égard de ceux qui l’avaient "aidé" à se succéder à lui-même. C’est le cas notamment du commissaire européen au Développement Louis Michel. A en croire le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, "l’Occident a fait aux Congolais beaucoup de promesses qui n’ont pas été tenues". Il l’a déclaré au début de la semaine à Radio France internationale. Une manière de dire que c’est en son corps défendant que Kabila a fait appel aux Chinois. Un analyste politique a eu ce commentaire : "En fait, Joseph Kabila se trouve dans la même situation que celle de son feu prédécesseur en janvier 2001 : il fait face à plusieurs complots. Mais nul ne sait lequel pourrait aboutir".

 

 

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