Le Général Laurent Nkunda, l’invité-détenu ne mérite que relaxation.

El Memeyi Murangwa

 

elmemeyimurangwa@gmail.com 

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A la veille des élections présidentielles rwandaises un fait continu d’accaparer l’actualité de toute la région des Grands-lacs.  C’est bien la détention cavalière du général Laurent Nkunda Mihigo, Chairman du Congrès National pour la défense du peuple (CNDP) au Rwanda.

Victime d’une cabale concoctée entre l’actuel ministre de la défense rwandais  James Kabarebe et Joseph Kabila, cela après une forte pression de la « communauté internationale » désireuse de voir la paix régner entre la RD du Congo et le Rwanda, le Général Laurent Nkunda Mihigo qui répondait à une invitation pour une réunion se voulant cadre de concertation entre les deux pays pour lutter contre les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), appris sans surprise par la télévision son arrestation sur le territoire rwandais.

Protecteur des Tutsi-Congolais.

Tenu en grande estime par sa communauté et tout les rwandophones de la région des Grands-Lacs (Burundi, Congo, Rwanda et Uganda), le Général Laurent Nkunda Mihigo a su protéger les persécutés des régimes successifs Kabila, régimes qui se sont distingués par une épuration éthnique sans précédent à l’égard des populations Tutsi du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

victime_de_yerodia.jpgEn aout 1998 dès le déclenchement de la rébellion du rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), Laurent Désiré Kabila arrivé juché sur les épaules de l’armée patriotique rwandaise se retourna contre ses parrains et massacra les Tutsis à travers le pays.  

Nombreux hommes de troupes et cadres périrent au Camp Kokolo, Camp Tshatshi, ANR Lubumbashi, Base de Kamina, et dans la ville de Kisangani. Qui n’a pas suivi LD Kabila et Abdoulaye Yerodia Ndombasi  utilisant les medias officiels pour appeler au meurtre d’une ethnie prise pour bouc-émissaire dans un conflit qui l’opposait à ses parrains Rwando-Ougandais pour non respect des accords de Lemera ?

La presse internationale eut à couvrir des fusillades des Tutsi en plein centre ville, y compris la mise à mort de nombreuses victimes brûlées vives à l’aide des pneumatiques (supplices du collier).

Certains artistes musiciens immortalisèrent ces événements par des chansons dites « patriotiques » qui n’étaient que la consécration des massacres à grande échelle en vue de repousser l’agression d’une nouvelle rébellion décidée à demander des comptes à Laurent Désiré Kabila.

L’après Laurent Désiré Kabila.

N’ayant pu su se défaire du fantôme du Marechal Mobutu qui hantait le Palais de Marbre, le président Laurent Désiré Kabila fut victime d’un assassinat qui gardera pour longtemps son secret, quoique le crime profita à l’émergence de son « fils » Joseph Kabila qui ne tarda pas à négocier avec les rebellions un partage de la gestion transitionnelle du pays, la plus opaque de l’Histoire contemporaine.

Solution bâclée à Sun-City (Afrique du sud)

Le Dialogue Inter-Congolais de Sun-City voulu au départ comme cadre ultime pour la recherche d’une solution à la crise congolaise se transforma rapidement en un cadre d’exclusion de la véritable opposition politique à la dictature Kabila.

Les parrains qui profitent énormément de l’imbroglio congolais, imposèrent une gestion rocambolesque (1+4, avec un gouvernement éléphantesque de 60 ministres) qui ne répondirent pas aux attentes de la population.

A l’Est du pays, les groupes armés (Mai-Mai) exclus du dialogue s’associèrent aux Interahamwe rwandais pour semer la mort dans toutes les chefferies du Kivu.

Les dirigeants du rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), parti politique qui avait sa base au Kivu trouvèrent un confort autour de la mangeoire présidentielle et oublièrent le peuple meurtri.

Nkunda dit niet à Kinshasa.

lnm_in_jomba.jpgNommé au grade de général dans l’armée gouvernementale, le charismatique Laurent Nkunda Mihigo refusa l’appel du pied de Kinshasa, et se retrancha à Bwiza avec les oubliés de la transition pour protéger les siens et lutter dans un mouvement politico-militaire (CNDP) pour la reconquête de la dignité du Congo et du Congolais.

Kabila chercha en vain de mater l’insurrection et se contenta à perdre bataille après bataille. Nkunda et ses hommes se montrèrent plus organisés et gagnèrent les hostilités à maintes reprises.  Les batailles de Mushaki et Rumangabo démontrèrent l’incapacité caractérisée de Joseph Kabila d’avoir la main mise sur une région  dans laquelle il venait d’avoir plus de « 80% » de suffrage aux élections présidentielles de 2006.

Laurent Nkunda et le CNDP protégèrent la population du Kivu des razzias des FARDC (armée gouvernementale) et de ses forces supplétives (FDLR et Mai-Mai).   

Pacificateur, Nkunda  scella la réconciliation entre communautés du Kivu qui burent ensemble la bière de banane au miel, et mangèrent le taureau sacrée.  Il réussi aussi à sécuriser la zone frontalière entre le Congo et le Rwanda, empêchant de surcroit les attaques sporadiques des FDLR contre le Rwanda de Paul Kagamé.

Fin décembre 2008, pendant que la ville de Goma était encerclée par le CNDP, les émissaires occidentaux se bousculèrent aux portes de Jomba pour admirer l’intégrité de Laurent Nkunda, et chercher les voies et moyens à mettre fin à la guerre. Ceci n’aura pas fait que d’admirateurs dans le voisinage.

Une invitation arnaque.

Apres une rencontre infructueuse avec Louis Michel qui avait une solution provinciale pour la crise, le Général Laurent Nkunda refusa de souscrire à la balkanisation du pays en optant pour la poursuite des négociations qui se déroulaient à Nairobi sous la facilitation onusienne et africaine pour une solution globale pour l’ensemble de la RD du Congo.

Ce coup de tête énerva le Rwanda qui s’empressa à changer d’astuce en monta à la hâte l’opération Amani-Léo, opération qui devait associer les FARDC, le CNDP, et  la RDF (armée rwandaise) pour lutter contre les FDLR.

Dès la traversée de l’armée rwandaise, celle-ci eut pour premier cible, non pas les bastions du FDLR, mais bien le fief de Laurent Nkunda pour une révolution de palais, portant le général  Bosco Ntaganda (Terminator) à la tête du CNDP.  L’armée du CNDP refusa de suivre le nouveau leader.

Informé de la trahison et devant la pression du Général James Kabarebe de voir les combattants victorieux du CNDP intégrer manu-militari l’armée gouvernementale, Le Général Nkunda interdit à ses hommes d’engager une bataille fratricide avec les cousins rwandais, et se résolut à répondre au piège lui tendu par le Afandes rwandais. Ceux-ci furent surpris par sa présence à l’Hôtel de Gisenyi le 23 janvier 2009.  La nuit tombée, le commissaire de police de Joseph Kabila, John Numbi, alerta de Goma l’opinion internationale sur la « capture » du Général Laurent Nkunda, défait disait-il par la coalition de deux armées.

Laurent Nkunda aura prouvé qu’il demeure bien le défenseur des siens en évitant de verser le sang innocent.

Un Héros mis à l’ombre pour ne pas faire ombrage à Joseph Kabila.

Invité du Rwanda d’après maintes déclarations du président rwandais Paul Kagamé, détenu d’après les dires de James Kabarebe, le Chairman Laurent Nkunda Mihigo est loin de perdre une stature acquise par une bravoure militaire méritée, et une rare intégrité au sein des armées africaines.

Que dire de ses troupes victorieuses (aujourd’hui sous bannières FARDC) sur les forces négatives, victoires permettant à ce jour la libre circulation des biens et des personnes au Kivu malgré quelques poches de résistance ?

A quoi servira donc l’audience à la cour militaire de Kigali après le désistement de la cour suprême de justice du Rwanda ?

Comme le dit si bien le président rwandais Paul Kagamé : « Ce n’est pas à moi de décider de son sort dans la précipitation. La justice est là, et nous avons notre temps pour trouver une solution qui nous impliquera, qui impliquera le gouvernement congolais et qui impliquera Nkunda ainsi que ses partisans. C’est un long parcours.» 

Pour sa bravoure et les services rendus au Congo et au Rwanda, le Général Laurent Nkunda Mihigo, ne mérite que relaxation.

Décidément la canne messianique lui va parfaitement bien ! 

 

© VirungaNews

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