Le Sud-Soudan se détachera bientôt de Khartoum.

El Memeyi Murangwa

09/01/11

flag_of_the_splam.pngLe referendum tant attendu par les soudanais de la partie sud du Soudan se déroulera ce dimanche 9 janvier 2011.  Devant mener sans équivoque à la partition de l’un de pays le plus vaste d'Afrique entre le Nord musulman et le Sud chrétien, cet événement ne manquera pas de marquer l’histoire du continent en donnant l’autonomie au Sud-Soudan, et en remettant en cause de facto le principe « sacré » de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation.

Depuis  la révolte Anyanya au MPLS, John Garang symbolisa la lutte pour la libération du Sud-Soudan

Le Dr John Garang est né  le 23 Juin 1945 à Buk village, région de Bor, dans l'État de Jonglei. Il est le sixième d’une famille de dix enfants, composée de sept garçons et trois filles.

Dr John Garang était un enfant curieux qui a grandi avec des parents chrétiens qui l’ont élevé dans la discipline. Garang a d'abord été recrutés dans l'armée de libération, quand il avait 17 ans lors de la révolte Anyanya, mais il abandonnera temporairement la lutte pour retourner à l'école.

garang.jpgEn 1971, il rejoint l’armée nationale. Son sens de l'organisation militaire a été vite reconnu et il fut bientôt envoyé pour un cours de commandants de compagnie dans une académie militaire américaine où il termine parmi les trois premiers de sa promotion. Il est resté dans l'armée jusqu'à ce qu'il quitte le pays pour ses études de doctorat. En 1982, il est retourné au Soudan et a atteint le grade de colonel. Envoyé par le gouvernement Nimeiry pour réprimer une mutinerie, il tourne casaque et rejoint cette mutinerie, refusant ainsi de combattre son propre peuple.

Grâce à ses qualités de leadership, il fonde avec  Salva Kiir Mayardit, William Nyuon Bany et Kerubino Kuanyin Bol, le Mouvement populaire pour la liberation du Soudan (MPLS). Sa branche armée, l’Armée pour la liberation du Soudan (APLS) a donné du fil à retordre au régime islamiste de Khartoum en combattant contre les gouvernements de Gaafar el-Nimeiry, de Sadiq al-Mahdi et de l’actuel président Omar el-Bechir.

Au bénéfice d’un cessez-le-feu signé à Nairobi (Kenya) avec Khartoum, le Dr John Garang devint vice-président du Soudan le 9 juillet 2005.

John Garang a perdu la vie dans un « accident » d’un Hélicoptère le transportant qui s’est écrasé non loin de la frontière ougandaise alors qu’il se rendait à sa base au Sud-Soudan venant de Kampala, cela seulement deux semaines après sa prise de fonction.

Un referendum de tous les dangers pour les non-nations du continent africain

Si jusqu'à ce jour, les états africains se sont efforcé s à garder intact les frontières  héritées de la colonisation tel que définit dans la charte de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA).  Le referendum du sud-Soudan constituera certainement un précédent pour nombreuses nations créées de toutes pièces par les puissances coloniales lors de la Conférence de Berlin en 1985.

Hormis le cas de l’Erythrée qui au départ était une nation a part entière que colonisa l’Italie, province qui s’est séparé de l’Ethiopie, plusieurs entités tentèrent en vain d’accéder à une autonomie.  Au Congo (Zaïre) le Katanga en 1960 fut en tête, avant d’être suivi par le Biafra au Nigeria. Ces tentatives d’auto-détermination furent réprimées avec force. L’Organisation des nations-unies (ONU) mit les hommes et les moyens nécessaires pour mater ces tentatives de rébellion.

Avec l'accord reconnaissant le droit des Sud-Soudanais à un référendum d'autodétermination, menant à terme à la partition du plus grand pays d'Afrique, c’est ce principe même qui est foulé aux pieds, créant un précédent aux conséquences incalculables pour nombreux Etats du continent qui souffrent d’ intenses centralisations et dont les administrations respectives s’avèrent dans l’incapacité de se rapprocher des gouvernés. 

Salva Kiir appelle la population du Sud-Soudan à se rendre nombreux aux urnes

salva_kiir.jpgLe leader sudiste a exhorté la population à voter massivement pour que le vote soit validé. Selon la loi référendaire, au moins 60 % des quelques quatre millions d'électeurs doivent impérativement participer a ce scrutin pour sa validité.

Alors que les préparatifs de ce référendum historique ont été assombris par des attaques contre des soldats sudistes, le leader sudiste a hier appelé à la coexistence pacifique entre le Nord et le Sud.

L’Afrique et le Monde entier suivront de très prêt le referendum du Sud-Soudan et ne manqueront pas de prendre Khartoum à témoin pour s'être engagé à reconnaître le résultat de ce scrutin.  

 

 

© VirungaNews

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