L’offensive des rebelles menace la ville de Goma en RD Congo.

Reuters

27/10/08

 

goma_en_rdc.jpgLes rebelles congolais du chef tutsi Laurent Nkunda, qui ont lancé une nouvelle offensive durant le week-end, progressent vers Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu dans l'est du pays, forçant des milliers de personnes à l'exode.

Dimanche, les partisans du général rebelle avaient pris le contrôle de la base militaire de Rumangabo, au nord de Goma, ignorant les appels des Nations unies à faire taire les armes.

Lors des affrontements de dimanche, les rebelles ont détruit deux véhicules blindés de la Monuc, la mission de paix de l'Onu en République démocratique du Congo, blessant plusieurs casques bleus, a déclaré un porte-parole de l'Onu. Une personne a été tuée.

Le commandant des forces de la Monuc, le général espagnol Vicente Diaz de Villegas, a démissionné de son poste "pour des raisons de convenance personnelle" sept semaines seulement après avoir pris ses fonctions, a annoncé lundi l'Onu.

Le général ghanéen Ishmeel Ben Quartey assumera l'intérim de la plus importante force de paix des Nations unies dans le monde, avec près de 17.000 casques bleus.

Les combats ont repris lundi matin et les hommes du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le mouvement de Nkunda, ont chassé l'armée gouvernementale du village de Kibumba, à une vingtaine de kilomètres au nord de Goma.

"A 11h00 ce matin, nous avons chassé de Kibumba les forces gouvernementales qui combattent aux côtés des rebelles hutus et ces forces se sont retirées vers Goma qui est notre prochain objectif", a dit le porte-parole du CNDP, Bertrand Bisimwa, par téléphone à Reuters.

"Plus de dix mille personnes ont été chassées par les combats depuis samedi", a-t-il ajouté.

Le chef du village de Kibumba, Jean-Claude Bamenya, a précisé que la population et les réfugiés installés à proximité s'étaient enfuis devant l'avance rebelle.

"Tous les réfugiés et tous les habitants de Kibumba ont déjà fui. Il y a des combats maintenant dans le village et je me dirige à pied vers Goma avec ma famille", a-t-il dit à Reuters.

OBJECTIF GOMA

L'ONG humanitaire chrétienne World Vision, qui a pu gagner Kibumba lundi, a fait état de fusillades près de la localité.

Peu après le crépuscule, des coups de feu ont été entendus dans les parages de l'aéroport de Goma, a annoncé un témoin.

Selon le porte-parole du CNDP, les hommes de Nkunda poursuivent des combattants des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), qui regroupent des rebelles rwandais de l'ethnie hutue, accusés par Nkunda de collaborer avec l'armée gouvernementale congolaise.

"L'armée congolaise est démoralisée et n'est plus en état de combattre. Nous nous battons maintenant contre les FDLR", a dit Bisimwa. "Si les FDLR prennent le contrôle de Goma, nous serons forcés de les en déloger."

Il a ajouté qu'il serait alors difficile pour les hommes de Nkunda de faire la distinction entre les soldats congolais et les casques bleus de la Monuc, qui risquent d'être pris entre deux feux.

A Goma même, des troubles ont éclaté devant le siège de la mission de l'Onu et un manifestant a été tué par les forces de l'ordre, a dit le colonel Samba Tall, porte-parole militaire de la Monuc.

Les manifestants, qui lançaient des pierres, accusaient la Monuc de n'avoir rien fait pour enrayer l'offensive de Nkunda, a rapporté un témoin.

Le Nord-Kivu est en proie depuis des mois à la rébellion du général Nkunda, un Tutsi congolais insurgé contre le pouvoir central de Kinshasa, lequel l'accuse de bénéficier d'appuis chez les Tutsis au pouvoir à Kigali, la capitale rwandaise.

L'est de l'ex-Zaïre est une poudrière depuis plus de dix ans. Les tensions ethniques qui avaient dégénéré en génocide en 1994 au Rwanda y ont été transplantées et alimentent le conflit dans le nord du Kivu.

Les combats entre l'armée régulière et les hommes de Nkunda, depuis qu'un accord de paix conclu en janvier a tourné court en août dernier, ont contraint 100.000 habitants à fuir, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Cinquante mille autres paysans congolais avaient dû fuir en septembre face aux attaques menées par des éléments de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA, rebelles ougandais) dans la région de l'Ituri, le long de la frontière avec le Soudan.

Avec Hez Holland à Goma, version française Guy Kerivel et Jean-Loup Fiévet

 

Reuters

Leave a Reply