Mot d’adieu à Papa Clément Ngira-Batware Cyubahiro.

Par son épouse,

Maman Fêté Kimpiobi 

Le Samedi, 22 septembre 2007

 

 

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              02 mai 1941- 17 septembre 2007

               

          

                       Chers parents et chers amis, 

 

 Mes premiers mots sont ceux de gratitude et de reconnaissance envers Dieu qui m’a accordé le privilège d’avoir pour époux un homme hors pair, un phénomène inclassable dans les limites des normes habituelles. Ceux qui l’ont bien connu ou qui l’ont simplement côtoyé comprennent ce que je veux dire.

 

En second lieu, je remercie Clément, mon mari pour tout l’amour qu’il m’a donné. Ma vie à ses côtés a toujours été constamment illuminée d’une multitude de ces petits riens qui élèvent l’esprit, enrichissent l’âme et fertilisent le cœur. 

Mon mari fait partie de ces quelques rares personnages que la terre engendre avec parcimonie. Le résumer en peu de mots est donc bien difficile. 

C’était un chevalier dont l’épée était fabriquée avec l’humour, la joie de vivre, l’amour de ses proches, le respect de tous les êtres vivants, l’amour de sa communauté, la générosité, la noblesse de cœur, le courage, l’humanisme, l’altruisme, et l’endurance face aux épreuves de la vie. 

Son occupation première était de semer l’amour et la joie autour de lui. Il savait être un enfant parmi les enfants, jeune avec les jeunes et adulte avec les adultes. C’était un sage qui savait se mettre à l’écoute de ceux qui l’approchaient et il avait la capacité de trouver le mot hors des mots pour atteindre le cœur le plus obstiné ou pour apporter la lumière dans l’obscurité d’un cœur tourmenté. 

Et pourtant, la vie ne lui a rien épargné. Il a connu la discrimination ethnique, politique, tribale, des arrestations arbitraires, la prison militaire, la prison politique, la prison tribale, les humiliations de toutes sortes, la trahison, la confiscation de ses biens, mais rien de tout cela n’a jamais entamé sa confiance en la vie, sa joie de vivre et celle de semer l’amour et le bonheur chez les autres. 

Je me suis souvent demandé comment faisait-il pour passer à travers l’épaisseur des murs de l’adversité humaine et cela m’a pris du temps pour le comprendre. Comprendre que mon mari savait que chaque expérience de vie, surtout les plus douloureuses, contenait en soi une sagesse et un enseignement. Alors, plutôt que de s’abîmer dans le négativisme, il préférait aller chercher l’extraordinaire lumière qui se cache derrière chaque expérience… 

Enfin, je remercie cette terre du Canada qui nous a accueillis et offert l’asile. Aujourd’hui, c’est elle qui va recevoir la dépouille de mon bien aimé. Puisse-t-elle lui être douce et légère… 

CHOU, 

Depuis lundi le 17 septembre, tu as franchi le seuil d’une porte invisible à nos yeux qui continuent à te pleurer et à te regretter pendant que le cœur ne cesse de nous rappeler à chaque instant que tout ce qui arrive est dans l’ordre parfait de Dieu et de la vie. 

Ta vie a paru facile aux yeux de ceux qui ont croisé ta route et pourtant, comme je viens de le dire, ton itinéraire de vie n’a pas été une promenade de santé. Saches que les enfants et moi poursuivront ton œuvre, notre œuvre commune. 

Va en paix, mon amour chéri et surtout ne t’inquiètes pas pour les enfants et moi car la vie va continuer telle que l’avons toujours partagée.  

Et si la douce rêverie de Douglas nous fait envoler un peu trop loin, le rationalisme implacable de Jumbo saura nous ramener en atterrissage forcé sur les rives de la réalité quotidienne ; si par hasard ta princesse Dodine se retranche dans sa tour d’ivoire, Zanoni le prophète trouvera toujours des arguments massues pour l’en faire sortir. Pour ce qui est de nos débats enflammés à la sauce Ngira, sois certain que Hélios le bucura saura toujours y mettre un terme et apaiser les esprits en distribuant tellement des bisous à la ronde que tous oublieront un moment la chaleur du débat. 

Je n’oublie pas Clemenceau ni Peggy que nous espérons de tout cœur voir bientôt nous rejoindre et pour cela, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir.  

Il y a aussi Marie, Jessica, Jonathan, Gérard et bokilo Jidiri. Bien que physiquement éloignés, ils sont cependant présents dans notre quotidien.  

Je te promets que la vie que nous avons ensemble bâti avec tant de patience et d’amour te survivra et se poursuivra en se consolidant chaque jour davantage. 

De mon côté, je vais continuer à aller mon chemin jusqu’à ce que la vie m’accorde enfin la grâce d’aller te rejoindre. 

 

Repose en paix mon amour. Je t’aime.

 

 

 

 

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