Ouganda: le Britannique Tullow va régner sur le bassin pétrolier du lac Albert.

AFP

08/02/10

 

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LONDRES- La compagnie britannique Tullow a remporté lundi sa bataille contre le groupe pétrolier italien Eni, s'assurant le contrôle de gisements d'hydrocarbures prometteurs dans le bassin du lac Albert, en Ouganda, qu'elle partageait jusqu'ici avec sa partenaire canadienne Heritage OiLa compagnie britannique Tullow a remporté lundi sa bataille contre le groupe pétrolier italien Eni, s'assurant le contrôle de gisements d'hydrocarbures prometteurs dans le bassin du lac Albert, en Ouganda, qu'elle partageait jusqu'ici avec sa partenaire canadienne Heritage Oill.

 

Heritage a annoncé qu'Eni, à laquelle elle avait prévu en décembre de céder ses 50% dans deux blocs pétroliers (1 et 3A) en Ouganda, pour 1,5 milliard de dollars maximum, avait renoncé à cette acquisition.

Ce retrait fait suite à l'exercice par Tullow, qui détient les 50% restants de ces deux blocs, de son droit de préemption, a expliqué Heritage, qui n'attend que le feu vert "imminent" du gouvernement ougandais pour boucler la transaction.

Tullow détenait déjà 100% du bloc 2, coincé entre les blocs 1 et 3A, lesquels couvrent les extrémités nord et sud de la partie ougandaise du Lac Albert, au coeur de l'Afrique sub-saharienne.

En mettant la main sur les actifs d'Heritage, Tullow s'assure donc le contrôle total de la partie ougandaise du lac, que se partagent l'Ouganda et la République démocratique du Congo.

L'enjeu est de taille. Heritage et Tullow ont multiplié les forages dans les blocs en question depuis quelques dernières années, et leurs puits, baptisés de noms inspirés de la faune locale (Girafe, Pélican, Crocodile, Léopard…), ont permis de découvrir d'importants gisements de pétrole et de gaz sous le lac et à sa périphérie.

Selon les dernières estimations du secteur, le bassin du lac Albert renfermerait des réserves équivalentes à deux milliards de barils de pétrole, ce qui en fait la plus grande découverte réalisée en Afrique subsaharienne depuis des décennies.

Le rachat des parts d'Heritage, qui devrait être finalisé au cours du trimestre, devrait doper la production de Tullow, qui a produit l'an dernier moins de 60.000 barils.

Le retrait d'Eni fait suite à un revirement apparent du gouvernement ougandais. Celui-ci était au départ opposé à ce que Tullow, groupe basé au Royaume-Uni, prenne le contrôle complet des ressources pétrolières du pays, et avait soutenu l'offre de rachat présentée par Eni.

C'est vraisemblablement en proposant de s'allier à une grande compagnie pétrolière internationale pour l'exploitation de ces gisements que Tullow a réussi à retourner la situation à son avantage ces dernières semaines.

En effet, l'exploitation des hydrocarbures du lac Albert va nécessiter des investissements colossaux (13 milliards de dollars selon Eni), dont la probable construction d'un oléoduc qui permettrait de rejoindre l'Océan indien, via le Kenya.

D'où la nécessité pour Tullow, de taille bien plus petite qu'Eni, de s'allier à un géant du secteur. Le groupe avait indiqué le mois dernier qu'il souhaitait s'allier soit à la compagnie publique chinoise CNOOC, soit au français Total. Là encore, c'est le gouvernement ougandais qui pourrait trancher.

Quant à Eni, selon un analyste milanais qui préfère conserver l'anonymat, son échec en Ouganda ne devrait pas avoir un impact très grave, dans la mesure où il a d'autres fers au feu : il en effet engagé dans des projets d'exploitation de gisements dans des pays comme la Norvège, l'Angola ou le Kazakhstan. Le groupe a également avancé récemment ses pions au Venezuela et en Irak.

Cependant, selon l'analyste, Eni devra toutefois repenser sa stratégie de développement consistant à réaliser de petites acquisitions, "qui a bien marché pendant la dernière décennie, mais qui est devenue plus difficile, en raison d'une concurrence accrue".

 

 

© 2010 AFP

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