RDC : 40 dollars pour le dernier des soldats FARDC.

Antoinette K. Kankindi

05/10/07

congolese_army.jpgQuelqu'un qui connaît bien les étapes de l'histoire du pays publiait sur la toile des  choses intéressantes sur la RDC. Ses descriptions de certains incidents étaient bien drôles. Cela fait longtemps qu'il ne paraît plus sur Internet, pourquoi ? Mystère ! Une fois, dans un de ses postings,  il était question de l'actuel premier ministre congolais du temps où il était président de la République, c'est-à-dire il y a de cela plus de quarante ans maintenant. «  Il y a 41 ans, Gizenga président de la république populaire du Congo déclarait au cours d'un meeting populaire à Kisangani le fief de son gouvernement : nous allons fabriquer des fétiches anti-balles avec les cœurs des belges, américains et britanniques etc. Quelques jours plus tard, des paras belges étaient largués sur Kisangani. Au lieu de les combattre, Gizenga, son gouvernement et ses simbas se replièrent sur Aba, entrèrent au Soudan et de là regagnèrent l'Egypte de Gamal Abdel Nasser  ». La suite de cette anecdote frise la truculence, il faut laisser cela. Le point le plus intéressant est sous les yeux, l'homme n'a pas changé. Il se dérobe quand l'heure est grave. Il ne semble pas avoir suffisamment d'énergie pour s'opposer aux durs de son gouvernement qui retiennent le président en otage en l'empêchant de négocier avec les insurgés. Pourtant il sait que tout comme à Kisangani dans les années 60, l'argument des fétiches dont la recette inclurait les cœurs des compatriotes de parrains du gouvernement qu'il pilote aujourd'hui ne marche pas. Il a essayé dernièrement une promesse risible que l'Etat major de la 8 ème région militaire a répété sur les ondes : un nouveau salaire pour le dernier des soldats FARDC, la somme ridiculement « faramineuse » de 21.000 francs congolais. Est-ce vraiment un salaire capable de motiver une armée habituée à extorquer la population en exigeant des sommes en dollars américains bien plus élevées ? Que l'on ne se moque donc pas des hommes en uniforme, même s'il est vrai que depuis le temps colonial on n'a fait que fouler leur honneur au pied.

Et voilà qui rend la cause des insurgés encore plus légitime. Il faut sauver l'honneur, la dignité du Congo et du Congolais. Il faut sauver, restaurer ou réinstaurer l'honneur de l'armée. Chers insurgés, les médias proches de la présidence nous informent que certains d'entre vous se rendent pour adhérer au brassage. Nous savons que cela fait partie de la campagne psychologique pour vous démoraliser. Mais nous ne croyons pas, nous ne croyons plus aux mensonges de ces médias irréfléchis. Voyez le pétrin qu'ils viennent d'inventer avec l'interview fictive, quelle inconscience ! C'est leur affaire. Même si certains d'entre vous ne résistent pas au chantage de ce gouvernement, votre cause n'en demeure moins légitime et vous le savez très bien. Votre cause a un double aspect inséparable : la sécurité des personnes et leurs bien, surtout des minorités opprimées et la revendication d'une juste et objective reforme de l'armée. Vous connaissez mieux que personne combien le brassage entamé du temps de la transition n'est pas une vraie reforme. Il fait partie des situations bâtardes qui maintiennent le pays dans la misère. Les centres de brassage sont dans des conditions qui ne permettent pas de remonter le moral du soldat ni de rehausser la dignité de son travail au service de la nation. Ils ne sont dotés ni de mécanismes ni de programmes d'instruction pour une armée modernes. L'ambiance de promiscuité malsaine qui y règne est digne des pires galères. Les membres du gouvernement qui soutiennent ce processus ainsi que cette Monuc qui est leur complice, sont vos vrais ennemis, les vrais ennemis d'une armée républicaine. Nous savons que c'est par extrême cupidité et corruption qu'ils veulent maintenir le soldat dans un état d'esclave, de bête de somme, mais au moins les bêtes de somme ont droit à de la paille qui les nourrit bien. Pas une ridicule somme de 21.000 francs.

Chers insurgés, il est dur de s'opposer à cette injustice. Mais c'est un devoir de s'y opposer, maintenant plus que jamais puisque le pouvoir établi s'est acharné contre l'opposition institutionnelle jusqu'à la museler totalement, quoi qu'elle soit issue d'élections truquées à outrance. Il serait plus facile de servir un pouvoir injuste et d'opprimer la population comme le font les FARDC alliées aux génocidaires. Oui cela est plus facile mais ce n'est pas le vrai exercice de la liberté et cela ne peut pas assurer la défense du peuple. La nouvelle république inaugurée par les élections ressemble de plus en plus à la troisième république française qui avait remplacé la libération réelle, économique, sociale, par une sorte d'exploitation des haines de castes et de partis, une sorte de dérivatif dérisoire pour masquer un échec fondamental. Elle s'est retrouvée en plein dans la première guerre mondiale, à cause de cela entre autres. Vous ne voulez pas pactiser avec cette situation et vous êtes capable de sauver la face de la république. En tendant la main au dialogue, en insistant sur le fait que vous ne voulez pas renverser les institutions mais les rendre plus crédibles en leur exigeant de justifier leur légitimité responsablement, vous constituez le dernier bastion de la vraie intégration, non seulement de l'armée, mais aussi de la diversité de notre peuple. Il ne faudra pas fléchir sur le chemin vers le dialogue. Il ne faudra pas se laisser décourager par l'entêtement des durs du gouvernement qui veulent empêcher le pouvoir de négocier. Il en va du sort de la démocratie. Il en va de la dignité du pays. Etre capable de tenir tête militairement et en même temps se montrer toujours pacifiques. N'est-ce pas cela le propre d'une armée : assurer la paix, créer les conditions de la paix, et une fois la paix gagnée, se lancer dans les travaux de génie civile dont le pays a tellement besoin pour son développement.

En s'alliant aux ennemis du peuple, les génocidaires, pour vous combattre le gouvernement n'a fait que capituler dangereusement devant les vrais ennemis du peuple. Cette capitulation périlleuse ne peut pas triompher sur le bien d'un pays dont le futur est en jeu. Et c'est contre cette capitulation que vous vous insurgez. Espérons que le pouvoir se rende compte à temps qu'il fait fausse route.

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