RDC: Dictature sous tutelle et démocratie de façade.

El Memeyi Murangwa 

28/02/09                                                                                                                                            

dictature_par_shula.jpgL’agitation qui s’observe à l’assemblée nationale avec les démissions en cascades des membres de son bureau permanent démontre à suffisance que la guerre de l’Est a finalement élu domicile dans la capitale.  Vital Kamerhe n’a cessé de dire que les tireurs de ficelles de la guerre du Kivu se trouvaient dans l’hémicycle du Palais du Peuple, siège du parlement congolais.  Craignant pour sa survie politique, il manqua cependant de fournir à l’opinion la liste de ces « députés » qui aujourd’hui sont décidés de lui faire la peau avec l’aval du Chef de l’Etat.  L’actuel président de l’assemblée nationale poussé à la démission par sa famille politique a soutenu mordicus l’envoi d’une force européenne (du type Artémis en Ituri) au Kivu, en vue de mettre fin à la guerre. 

N’ayant pas été d’accord avec une énième intervention de l’armée rwandaise sur le sol congolais, Il s’est dit surpris par celle-ci, s’attirant la colère de l’alliance de la majorité présidentielle (AMP) qui demande à ce jour sa démission. Non-issu des négociations politiques qui se tenaient à Nairobi entre le CNDP originel et le Gouvernement de la RDC, le règlement actuel du conflit au Kivu par l’armée rwandaise laisse sceptique plusieurs parlementaires. 

Dictature sous tutelle. 

Si jadis sous la seconde république, les décisions de Kinshasa se prenaient à Bruxelles, Paris et Washington, le pouvoir que dirige Joseph Kabila obéit au doigt au régime en place à Kigali, les Afandes (Commandants rwandais) décident en lieu et place de la classe dirigeante congolaise. Le Rwanda a eu le mérite de mettre fin à la dictature Mobutu, et fragilisa par une guerre d’usure Laurent Désiré Kabila qui tenta de se défaire de la tutelle, il sera aussitôt victime d’assassinat à son domicile le 16 janvier 2001. Kigali jettera son dévolu sur « son fils  » Joseph Kabila qui deviendra peu après la magie électorale de juin 2006, président de la troisième république. Son régime ainsi en place ne diffère en rien de deux précédentes dictatures : Non respect de la Constitution, persécution des minorités, mauvaise gouvernance, gabegie financière, mais aussi édification d’un état policier pour museler et surtout exterminer les adversaires politiques. Chaque fois qu’il y a péril dans la demeure, les caciques du régime Kabila, les médiateurs, et « les amis européens » font la navette entre Kigali et Kinshasa pour disent-ils chercher une solution à la crise !  La dernière intervention de l’armée rwandaise venue mettre fin au phénomène Nkunda confirme que le pays est sous tutelle. Tout laisse croire que Joseph Kabila ne travaille pas pour l’intérêt du Congo. Liquidateur, il exécute parfaitement sa mission et ne manque pas de distraire le pays par des non-événements, comme la situation actuelle au sommet du parlement.   

Démocratie de façade. 

L’actuel parlement congolais ressemble bien à une pierre tombale peinte en blanc dont l’intérieur ne constitue que d’ossements crasseux.  Il suffit d’assister à une séance plénière de celui-ci pour se rendre compte de la précarité des débats en son sein, débats souvent animés par des rires inutiles et autre brouhaha, derniers ragots sur la classe politique, distribution d’articles paraissant sur le Net, et vente des chemises, cravates et autres objets d’apparats que vendent les mamans (commerçantes) députés.  L’institution législative de façade a été mise en place pour faire plaisir à une communauté internationale qui ferme les yeux sur les atrocités qui se commettent et se contente seulement du profit qu’offre l’exploitation illicite du sous sol-congolais. Il est malheureux de constater que face à la crise mondiale actuelle, pendant que les parlementaires sous d’autres cieux discutent sur les moyens à mettre en œuvre pour alléger le fardeau des habitants, ceux du Congo « démocratique » s’adonnent à un jeu malsain qui ne facilite pas la reconstruction et l’édification d’un Etat de droit. 

Pour l’opposition politique, la démission de Vital Kamerhe n’a aucune importance, les parlementaires feraient mieux de débattre sur la réelle capacité de se prendre en charge. Certains députés congolais savent déjà qu’on accordera plus de respect aux dirigeants capables de construire et non de détruire. Reste à savoir s’ils sont prêts à changer de cap ! 

En attendant la session parlementaire de mars 2009, les Congolais espèrent voir claire dans la vraie-fausse Balkanisation du Congo par ses étranges voisins, pays agresseurs, devenus amis.      

 

 

© VirungaNews

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