RDC: Est-ce possible de dorer le blason du Nazisme ?

Kankindi Antoinette

Nairobi, 26/07/07

 

ignace_murwanashyaka.jpgW.E. Burghart Du Bois écrivait, il y a si longtemps,  que « la présente génération des américains des Etats du Sud n’étaient pas responsable des horreurs du passé (commis contre les noirs par leurs ancêtres), et qu’ils ne pouvaient être ni hais ni blâmés pour ce fait ». Il pensait sérieusement que l’on ne pouvait pas imputer les horreurs de l’esclavage dans les Etats du Sud à tous les blancs de manière indiscriminée. Il faisait une distinction très intéressante. Par exemple il précisait que le blanc du sud ignorant haïssait le noir purement et simplement. Les travailleurs blancs avaient peur de la compétition du noir, les hommes d’affaires voulaient le maintenir dans son état de main d’œuvre bon marché (ce qui continue à être le cas d’ailleurs d’une certaine manière). Les blancs instruits voyaient dans le progrès du noir une menace contre le leur. D’autres, normalement les fils de ses maîtres, souhaitaient l’aider. Ils avaient tous en commun la peur de voir le noir se développer et cette peur  finissait par les convaincre de le maintenir en état d’esclavage ou simplement de le persécuter et le lyncher.  Il est prudent de se ranger du coté de l’illustre anti-esclavagiste et pionnier des penseurs noirs, surtout quand il faut analyser l’épineuse question des fameux auteurs du génocide rwandais – devrait-on les appeler les Nazi africains pour réveiller une opinion publique apparemment endormie ?- qui continuent leur besogne au Nord et au Sud du Kivu. Leurs enfants nés depuis 1994 sur le sol congolais ne sont pas coupables de génocide très certainement.

Par contre la hiérarchie militaire des FAR, dans l’entre-temps transformée en structure qui se veut politico-militaire sous le nom populaire de FDLR, est absolument coupable de ce qui s’est passé au Rwanda en 1994 et de ce qui se passe à  l’Est du Kivu depuis lors. Leur haine contre les tutsis est aussi inexplicable que l’acharnement des Etats du Sud de la Confédération, qui deviendrait plus tard les Etats-Unis, contre les noirs en plein mouvement anti-esclavagiste. Il ne s’agit pas ici d’une comparaison simplificatrice. La différence se trouve cependant sur un point crucial : les victimes de la violence et de l’injustice. Dans le contexte de l’esclavage tout est clair. Dans le contexte des génocides du XX siècle, on n’en est plus certain du tout. Les congrès niant les horreurs du Nazisme, ne fut-ce que pour combattre l’existence d’Israël comme Etat, se multiplient d’année en année. Un nombre de pseudo historiens révisionnistes s’évertuent à  nier l’holocauste. Comme s’il était possible de redorer le blason du nazisme !

 

 

Dans leur sillage et bien plus bruyamment que dans des congrès, les ténors  des FDLR se déclarent victimes de génocide dans leur dessein ouvertement proclamé de continuer leur projet préféré : exterminer les tutsis. Ils ont échoué  au Rwanda avec tout l’appui –par action ou par omission- qu’ils avaient  de la part des puissances étrangères qui rêvent d’une Afrique à jamais colonisée. Ils ont très peur d’échouer en RDC malgré l’appui inconditionnel du régime de Kabila qui compte un nombre des leurs dans ses rangs. Ils ont touché du doigt la possibilité de leur échec au contact des brigades mixées. Leurs commanditaires en RDC ont fait la même expérience, de là toute la détermination  de tronquer le processus de mixage d’abord et s’acharner  à le vilipender ensuite. Le lien entre les FDLR et certaines hautes instances de la RDC est manifeste dans la hardiesse des communiques que ces génocidaires multiplient à  partir de l’étranger, particulièrement de la France pour des raisons historiques évidentes. La France les appuient toujours. Il suffit de lire les diplomates et les agences de presse qu’ils citent dans leurs communiques (Jean Marie Guehenno entre autres et l’omniprésente AFP) : leur parrains de toujours. Les bourreaux devenus victimes ! Seuls les ignorants et amnésiques modernes de l’ère technologique y croient.

En effet quel congolais aurait oublié le Gatumba d’il y a  à peine trois ans ?  Même Mr. Ruberwa qui ne l’a plus mentionné depuis qu’il cherche à  se positionner dans le régime de Kabila ne saurait pas oublier les larmes qu’il a versées sur ses frères alors. Personne n’a le droit d’oublier ce massacre. Encore moins ses perpétrateurs, et sûrement pas les tutsis congolais, solidaires avec n’importe quelles victimes de génocide ou d’une quelconque injustice, sur le sol congolais ou ailleurs.  Ils combattront jusqu’au dernier de la race pour défendre leur dignité et celle de tout congolais contre ces forces du mal et leur mensonge. La vérité de cette cause fait sa noblesse et elle justifie que l’on se batte pour elle. Comme le dit si bien un poète africain contemporain « des combats nous attendent » et de préciser que ces combats ne sont pas « contre l’éternel Occident », et en cela il a raison puisque ces forces du mal sont chez nous. Il faut les vaincre pour affranchir notre culture, pour la libérer des ténèbres de la haine, de la violence, de la corruption. Il faut les vaincre pour libérer les mentalités, une libération urgente qui s’avère être une condition sine qua non de la participation dans le courant d’un développement positif. Le même poète affirme que c’est une bataille qui doit aussi se combattre sur le front de la presse.  Cela n’est pas étonnant, la presse qui sert de haut-parleur aux génocidaires fait simplement office de désinformation. Elle est encore sous la griffe de celui qui la paie plutôt que sous l’emprise et l’engagement de regarder la vérité en face et la dire telle quelle ! Aujourd’hui l’opinion nationale et internationale savent déjà que décrier ceux qui luttent contre la culture de la cruauté, en réalité une sub-culture, n’affectera pas leur détermination. Qui s’en sent morveux devrait se moucher, sans plus !

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