RDC: Lettre ouverte à Monsieur Joseph KABILA.

El Memeyi Murangwa                                           Fort Worth, le 27 mars 2007
elmemeyimurangwa@yahoo.com

Lettre ouverte à Monsieur Joseph KABILA,
Président de la République et Commandant Suprême
des Forces Armées de la RDC

Objet : Echec programmé
          de votre mandature

Monsieur le président de la République,

Quand on a été élu au suffrage universel direct pour exercer les plus hautes
responsabilités au sein  de l’Etat ; celles de Chef de l’Etat Congolais, en l’
occurrence- il y a des bornes que , par devoir , on s’interdit de franchir, car
lorsqu’elles sont franchies, il n’ y a plus de limites. Ou alors apparaissent
dans leur désolante nudité celles de l’élu jusque-là occultées par une
campagne électorale démagogique savamment orchestrée par les parrains et
les thuriféraires de tous bords afin de rendre le peuple dupe.       
Mais chassez le naturel, il  revient au galop. Pour ce qui vous concerne, vous
venez de franchir le Rubicon de la faute politique de premier ordre à l’
occasion de votre conférence de presse de ce lundi 26 courant à Kinshasa.
En effet, en répondant sans discernement aucun à la question relative au
programme  de mixage en cours au sein des FARDC basées au Nord Kivu,
ainsi qu’au sort réservé à l’un des artisans majeurs de ce programme, à
savoir le Général Laurent NKUNDA MIHIGO, vous avez manifestement
manqué l’occasion de vous taire, puisque vous avez sans détour démontré
que vous ne tenez pas parole. Or, un pays, un Etat, une Nation perd tout
crédit, lorsque son Chef se signale régulièrement par le manque de respect à
la parole donnée. La RDC en est un exemple désolant, Tenez :
                           
                                 C’est Joseph-Désiré MOBUTU qui en 1968, envoie
Justin-Marie BOMBOKO à Brazzaville négocier le retour au bercail de Pierre
MULELE contre la vie sauve, mais qui contre toute attente, le fait fusiller le
soir même de son arrivée. C’est votre propre père Désiré KABILA et
prédécesseur qui en 1997 accède à la tête de l’Etat littéralement porté par l’
Armée  Patriotique Rwandaise (APR) et qui après le renvoi ingrat de celle-ci,
en juillet 1998, n’hésite pas à génocider les tutsis, congolais compris, partout
sur le territoire national. C’est vous-même  Joseph KABILA enfin qui attire
Thomas LUBANGA dans le piège à rat du Grand-Hôtel de Kinshasa où il s’
était rendu contre votre promesse de le promouvoir à des hautes fonctions
publiques au sein du Gouvernement et que, sans une once de remords, vous
livrez nuitamment aux procureurs de la Haye.

                           Mais, à quelque chose malheur est bon, dit-on. Grâce à vos
propos d’hier qui  ne  souffrent d’aucune ambiguïté, le Général Laurent
NKUNDA  sait désormais à quoi s’en tenir sur le discours lénifiant que lui tient
depuis début Janvier votre envoyé personnel au Nord Kivu, le Général John
NUMBI, chef d’Etat-major de la force Aérienne Congolaise.
Je résume : « Mon cher jeune frère Laurent, j’ai été envoyé ici, au Nord-Kivu,
par le chef de l’Etat en personne, son Excellence Monsieur Joseph Kabila,
Commandant suprême des FARDC. Il a été élu dans cette Province à Plus de
98% et il ne peut se faire à l’idée de porter la guerre au sein d’une population
qui l’a plébiscité à ce point. Vous êtes officier général des FARDC. Certes,
des poursuites judiciaires ont été engagées contre vous pour manquement à
la discipline militaire. Mais vos revendications sont justes et vont
progressivement recevoir des réponses appropriées, si vous acceptez de
rentrer dans les rangs de l’Armée et d’y ramener tous les jeunes gens qui
vous ont suivi. Le commandant suprême vous propose donc une paix des
braves, sans vainqueur  ni vaincu. Quant à votre sort personnel, le chef de l’
Etat a d’ores et déjà  décidé de passer l’éponge et de vous confier dans un
avenir pas très éloigné de hautes responsabilités au sein de la hiérarchie des
FARDC ».

                           Monsieur le Président, après vos propos d’hier, de deux
choses l’une : ou le Général John NIMBI  est de connivence avec  vous et
applique simplement le vieil adage de mon village selon lequel  « qui veut
terrasser un  taureau commence par le caresser doucement » ou vous venez
proprement de lui tirer une balle dans le pied, auquel cas c’est votre tendon d’
Achille qui vient sûrement de péter.
Avez-vous pris la mesure, Monsieur le Président de l’immense désaveu que
vous venez d’infliger à votre envoyé personnel au Nord Kivu ? Ne vous a-t-on
pas rapporté que vendredi dernier à Kimoka, prés de Sake à l’occasion du ‘’
passout’’ de la dernière brigade mixée, la Brigade ECHO, le gouverneur de
Province Julien PALUKU a présenté à la population, qui l’a follement
ovationné, le Général NKUNDA que pour votre part, vous continuez à vouer
aux gémonies ? Le représentant du chef de l’Etat dans la Province, mais qui  
en est aussi l’élu, n’a-t-il pas déclaré sous les applaudissements d’une foule
enthousiaste  avoir pour ambition de ramener la paix au Nord Kivu grâce au
Général NKUNDA et qu’en échange, ils prétendraient tous les deux au prix
Nobel de la paix ? Vous aura-t-il  échappé qu’à la même occasion, votre
envoyé personnel, le Général NUMBI a présenté Laurent NKUNDA comme
Officier Général  des FARDC qu’il exhortait à l’aider sans relâche dans la
poursuite du programme de mixage des troupes ?

                           Mais, d’un mot de trop, d’un seul, vous avez réduit à néant
les efforts méritoires de ces deux généraux patriotes. Par amateurisme, sinon
par immaturité politique, vous venez de casser une dynamique destinée à
instaurer durablement la paix, la concorde et la réconciliation dans le pays.
Vous venez de faire voler en éclat l’espérance de tout un peuple qui n’aspire
qu’à la paix. Il pourrait bien s’en souvenir au prochain scrutin présidentiel et
vous le faire payer au prix fort.

                           Car, en effet, vous venez de rendre sa liberté  de
manœuvre au général NKUNDA. Depuis sa rencontre à Kigali avec votre
envoyé personnel, sous la facilitation rwandaise, le Général NKUNDA était lié
par votre promesse et votre parole. Vous venez d’indiquer, sans détour que
celles-ci n’engagent que ceux qui ont la naïveté d’y croire. Dont acte.

                           Fin Novembre 2006, vous aviez engagé contre lui pas
moins de 7 brigades dont 5 avaient été formées dans divers centres de
brassage disséminés à travers le pays. Elles ont été défaites et n’ont dû leur
salut qu’à l’insistance avec laquelle et votre envoyé personnel et le
commandant de la Force Terrestre ont mise à persuader Laurent NKUNDA d’
arrêter la progression de ses hommes en vue de négocier les conditions de
la paix.

                           Sans doute dopé ou aveuglé par votre victoire dans la
capitale sur votre copain de « l’Hôtel Cascades », Jean Pierre BEMBA, vous
avez estimé devoir vous déjuger publiquement sur la question du Général
Laurent NKUNDA. Eh bien, laissez-moi vous dire que vous avez eu tort.
NKUNDA porte une cause, il défend tout un peuple que vous projetez d’
asservir, il commande une vraie armée qui sait ce qu’elle veut et pourquoi elle
se bat. Face à elle, vous n’avez aucune chance, même en cédant KAHEMBA
contre un hypothétique appui militaire angolais. Cette partie de l’armée devait
devenir bouclier, vous l’avez perforé, ce général devait devenir  votre atout,
vous l’avez renié.

                           Puisque tel est votre choix, vous allez devoir l’assumer.
Mais, je crains que la carrure de vos épaules ne soit pas assez large pour  
suffire à la tâche et que votre mandature  n’en prenne un coup définitivement
mortel. L’échec assuré est, en effet, la rançon  de la forfaiture. Tant pis vous l’
aurez cherché.

                           Veuillez agréer, Monsieur le Président l’expression des
seuls respects qu’un citoyen bien élevé doit à son chef de l’Etat.

                           Fait à Fort Worth, le 27 mars 2007

                                                                                    El Memeyi Murangwa

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