RDC: Rafle des candidats kabilistes sur les postes de gouverneur

Marie-France Cros
29/01/2007

Raz de marée kabiliste sur les postes de gouverneur et vice-gouverneur des onze provinces congolaises, lors des élections au second degré qui se sont déroulées samedi. Le scrutin a été précédé d'un incident inhabituel : l'élection a été reportée au 10 février pour les deux Kasaï, en raison d'une polémique sur la nationalité de candidats issus de l'opposition bembiste : tous deux – Dominique Kanku pour le Kasaï oriental, Alexandre Kande pour l'occidental – ont été naturalisés belges en février 2003.

Le camp bembiste a fait valoir que, depuis lors, les deux hommes avaient renoncé à la nationalité belge et, donc, récupéré la congolaise; qu'en outre la contestation, issue du camp Kabila, n'a pas été faite dans les temps prescrits par la loi et doit donc être soumise, comme tout contentieux électoral, aux cours et tribunaux; enfin que comme le 3ème vice-président de la Commission électorale indépendante (CEI), qui a demandé au MLC de M. Bemba de présenter d'autres candidats, à la veille de l'élection, appartient au camp Kabila, toute l'affaire est entachée de partialité.

Kinshasa à un kabiliste !

Mais ce n'est pas le seul point de conflit au sujet de ce scrutin. Sur les 9 provinces où le vote a eu lieu, la coalition présidentielle a remporté 8 postes, dont 7 pour le seul PPRD, le parti de Joseph Kabila. Le MLC n'emporte que l'Équateur, qui aura pour gouverneur José Makila.

La surprise est grande à Kinshasa, qui a voté à 70 % pour Bemba lors du second tour des présidentielles et où sa coalition d'opposition a été plébiscitée lors des législatives.

Mais il s'agissait là d'élections au suffrage universel, alors que l'élection des gouverneurs se faisait indirectement : ce sont les assemblées provinciales (élues directement en novembre) qui étaient appelées à voter, tout comme ce fut le cas pour désigner les sénateurs nationaux, le 19 janvier dernier.

Or, ces dernières élections ont donné lieu à une corruption qui a été dénoncée dans toutes les provinces (voir LLB 26 janvier), les non élus réclamant publiquement la restitution des cadeaux qu'ils avaient offerts aux députés provinciaux, tandis qu'à d'autres endroits, comme à Bukavu, des manifestations de protestation ont été enregistrées.

On ne peut toutefois exclure que, fidèles à un réflexe courant au Congo, une partie des députés provinciaux ait volé au secours de la victoire en votant contre leur propre camp. Reste qu'on peut présager des heures difficiles. À Kinshasa, en particulier, où le gouverneur, kabiliste, aura bien du mal à se faire accepter dans une ville réputée frondeuse et notoirement anti-Kabila.

 

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