Rebondissement des groupes rebelles à l’Est.

Jean N’Saka wa N’Saka (Journaliste indépendant)

15/04/09

 

Les opérations combinées RDC-Rwanda d’une part, et RDC-Ouganda d’autre part, avaient pour objectif d’anéantir les groupes rebelles d’origine rwandaise (Fdlr) et ougandaise (LRA) qui semaient la ruine et la mort à la frontière de leur pays avec la RDC. Pour les FDLR, Kinshasa et Kigali s’étaient félicités du succès des opérations qui auraient réduit de 80% la capacité de « nuisance » de ces rebelles, les 20% autres devraient être rapidement liquidés par les Fardc et la Monuc. Quant à la LRA, son camp du parc de la Garamba aurait été démantelé. Les révolutionnaires de palais du CNDP avec Jean-Bosco Ntaganda en tête, qui ont fait allégeance au pouvoir de Kinshasa et participé à ces opérations, ont reçu en récompense le droit de s’intégrer dans les institutions nationales conformément à la conclusion des négociations qu’ils ont eues avec le gouvernement de la RDC. On a excessivement vanté la paix scellée avec le CNDP, considérée comme le couronnement du retour de la sécurité à l’Est. Mais le CNDP n’était pas le seul groupe rebelle dangereux, et on ne sait pas comment la paix conclue avec lui pouvait engager les autres groupes, notamment les Fdlr et la LRA.

On avait tout simplement jeté de la poudre aux yeux de l’opinion. Le succès des opérations était tout imaginaire. Le but réellement poursuivi était inavoué. La preuve en est que la dénonciation de l’arrivée des troupes rwandaises soi-disant pour participer aux opérations contre les FDLR, a provoqué une crise institutionnelle en RDC, entraînant le limogeage du bureau de l’Assemblée nationale.

A peine a-t-on proclamé la fin des opérations et chanté victoire, les mêmes rebelles FDLR et LRA ont rebondi de plus belle, toujours à l’Est. Des nouvelles en provenance du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de Bunia dans la province orientale sont alarmantes. Selon la Radiookapi, il y a eu jeudi 09 avril, des affrontements entre les Fardc et des rebelles Hutus burundais et rwandais aux environs de la cité d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu. Ils ont pris la prison centrale d’Uvira d’assaut et facilité l’évasion d’une centaine de prisonniers, soit le total des détenus qui s’y trouvaient. Le nombre des victimes n’est pas donné par une source indépendante, sauf la version du commandant du 13è bataillon qui parle de 9 morts dont 7 dans les rangs des rebelles. A Bunia en Ituri, on a signalé des affrontements entre les rebelles du Front populaire pour la justice au Congo (FPJC) et les Fardc. Ces accrochages se sont déroulés dans la collectivité de Welendu Bindi à environ 50 km au Sud du chef-lieu du District de l’Ituri. Leur leader prétendait avoir pris plusieurs localités dont celles de Tchey, Gety, Bavi, Aveba et Songolo. Un autre groupe rebelle dénommé « Mouvement des Patriotes pour un Congo Libre et Souverain » (MPCLS) basé dans le Territoire de Masisi au Nord-Kivu serait en train de recruter des enfants soldats dans des écoles des localités de Kilambo, Lutwe, Luhatu, entre Masisi et Walikale. Quant aux rebelles des FDLR et de la LRA, c’est depuis le mois de mars qu’ils ont rebondi. Les FDLR dans les localités de Kahanja, Kashebere, Nabiondo, dans le Territoire de Masisi, tuant des civils et des militaires des FARDC. La LRA dans les villages de Banda et Boeli de la chefferie Mompoyi dans la Province Orientale, causant la mort de plusieurs civils et militaires. La recrudescence des violences à l’Est montre clairement que la capacité de nuire et l’arsenal des groupes rebelles n’ont pas été entamés ni amoindris. La population continue à souffrir atrocement comme si rien n’a été fait pour mettre tous ces rebelles rwandais et ougandais hors d’état de nuire. On dirait qu’ils sont déterminés à se venger des opérations menées contre eux sur la population. Or, c’est cette éventualité d’une revanche sur la population que Vital Kamerhe avait justement pressentie, et cela lui a coûté ce que tout le monde sait. Le limogeage du bureau de la Chambre basse et l’élection du nouveau bureau ont plus accaparé les sphères officielles que ce retour en force des groupes rebelles supposés liquidés ou virtuellement réduits à l’impuissance. C’est l’occasion de s’interroger sur le sens de la paix scellée avec le CNDP et des opérations menées conjointement par la RDC avec le Rwanda et l’Ouganda pour en finir avec ces rebelles. Les maquisards des FRLD et de la LRA sont redevenus autant dévastateurs et meurtriers qu’avant les opérations. La sécurité de la population devrait être mise au premier plan des préoccupations des gouvernants, et non considérée comme le cadet de leurs soucis.

 

 

Le Phare

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