Ruberwa accuse la presse congolaise de l’avoir crucifié comme les Juifs l’ont fait pour Jésus-Christ

T.N/MMC
10/04/07

L’ancien vice-Président de la République accuse les professionnels des médias congolais d’avoir joué un rôle incitatif à la bataille lors des affrontements des 22 au 23 mars et, passe sous silence la sonnette d’alarme tirée par la presse, notamment le communiqué de JED.

Azarias Ruberwa, président national du Rassemblement congolais pour la Démocratie (Rcd) et vice-président de la République honoraire n’a pas une bonne image de la presse congolaise, plus particulièrement la RTNC et Digitalcongo.

C’est le moins que l’on puisse dire au regard de sa communication aux participants de l’atelier organisé par l’Observatoire des médias congolais (Omec) sous le thème général : Médias, consolidation de la paix, démocratie et bonne gouvernance.

Le leader du Rcd a été invité dans le cadre de ces assises à édifier les professionnels des médias sur le sous-thème : Vision du rôle des médias pour la paix et le développement durable en République démocratique du Congo.

C’est sous sa double casquette d’acteur politique et de sujet des médias que l’orateur s’est adressé à l’assistance. Il a soutenu que sans une bonne vision, il ne peut y avoir ni paix ni développement durable.

Les nations, a-t-il affirmé, avancent ou reculent selon la nature de la vision et la qualité des visionnaires qui exercent le leadership. S’agissant de notre pays, Ruberwa ne voit pas une vision claire et précise dans le chef des actuels dirigeants. En d’autres termes, il y a un déficit de vision sur ce qu’il faut faire de l’imperium par rapport aux attentes des gouvernés.

Ruberwa, qui a sans doute confondu la tribune lui offerte avec les tréteaux de propagande électorale, estime que les cinq chantiers de Joseph Kabila apparaissent plus comme une œuvre d’experts que comme une conviction personnelle de son promoteur, ce qui ne manquera pas de poser problème, selon lui.

Qu’il ait une telle perception n’engage que lui. Ce qui froisse dans les propos du président du Rcd, c’est la responsabilité qu’il impute aux professionnels des médias au sujet des incidents survenus à Kinshasa, incidents au cours desquels il y eut mort d’hommes suite aux affrontements entre les éléments de l’armée régulière et la garde de l’ancien vice-président J.P Bemba.

Pour le patron du Rcd, la presse a attisé la tension et préparé le lit du carnage. Il en veut pour exemple, le fait que dans la semaine qui a précédé les affrontements, trois journaux reprenaient à peu près les titres suivants à la une : Bemba et Ruberwa aux abois, Ruberwa et Bemba dénudés, Bemba et Ruberwa à la porte de la prison.

Azarias Ruberwa avoue avoir vu le chef de l’Etat, Joseph Kabila, avec qui, il s’entretiendra autour de ces titres. Cependant, il ne dit mot sur les articles publiés à la Une par les journaux comme Le Potentiel, Le Phare pour ne citer que ces confrères ainsi que le communiqué de l’Ong « Journaliste en danger » pour prévenir le pire.

Ce qui est évident, c’est que M. Ruberwa qui est lui-même propriétaire d’une chaîne de télévision, n’a rien fait dans le sens de mettre Africa T.v à contribution en vue de promouvoir la culture de la paix.

Faut-il rappeler ici à l’ancien vice-président Ruberwa que la presse qu’il est en train de vilipender a joué un rôle déterminant dans l’évolution du processus démocratique. Qui ignore son implication positive dans le dénouement de la crise politique congolaise de Sun city à la promulgation de l’actuelle Constitution ?

Qui ne sait pas que des chevaliers de la plume sont tombés sur les champs de bataille lâchement assassinés et que leurs procès tournent à la comédie pendant que les commanditaires de ces forfaits funestes sirotent le champagne tout bonnement ?

La presse, ce chêne qu’on a abat pour emprunter l’expression chère à André Malraux, est en définitive comme un miroir qui ne reflète que l’image que la classe dirigeante lui renvoie de la société. Vu sous cet angle, les dirigeants ne méritent que la presse qu’ils ont contribué à façonner.

Lorsque Ruberwa accuse la RTNC de manque d’impartialité et, reproche à DigitalCongo d’avoir fait de lui un pain de consommation quotidienne, il devrait en cette période de Pâques se remettre en question et faire son mea culpa.

MMC

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