Zimbabwe: l’accident de Tsvangirai, une menace sur le gouvernement d’union.

AFP

07/03/09

 

le_premier_ministre_morgan_tsvangirai.jpgHARARE- L'accident de voiture dans lequel le Premier ministre zimbabwéen a été blessé alimente les inquiétudes sur l'avenir du gouvernement d'union à Harare, et les proches de Morgan Tsvangirai, parti samedi au Bostwana pour raisons médicales, réclament une enquête indépendante.

Après avoir quitté samedi la clinique privée à Harare où il avait été admis vendredi après l'accident dans lequel sa femme a été tuée, Tsvangirai s'est envolé dans la soirée vers le Bostwana voisin pour y subir des examens médicaux, a annoncé son parti.

"Il s'est envolé ce soir pour le Botswana, et actuellement son bien être est la plus grande des priorités", a déclaré un porte-parole du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), le parti de Tsvangirai.

"Je ne sais pas quand il va revenir, il va subir des examens (médicaux). Mais il est hors de danger maintenant", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre a été victime de cet accident trois semaines après sa prise de fonction dans un gouvernement d'union sous la présidence de Robert Mugabe.

Selon la police zimbabwéenne, un camion, dont le chauffeur se serait endormi, a empiété sur l'autre voie et percuté la voiture des époux Tsvangirai, un 4X4 Toyota Land Cruiser, qui arrivait en face.

Alors que Morgan Tsvangirai a été l'objet de plusieurs tentatives d'assassinat par le passé, le MDC s'est refusé à spéculer samedi sur l'origine de l'accident, et a demandé une enquête indépendante.

"Nous ne nous lancerons pas dans des suppositions tant qu'une enquête complète n'aura pas été menée à terme", a déclaré Eddie Cross, un parlementaire MDC.

Proche de Tsvangirai, le ministre des Finances Tendai Biti, a estimé que l'accident aurait pu être "évité", si M. Tsvangirai avait bénéficié d'une "escorte policière" comme devrait l'impliquer son statut de Premier ministre. "La police mène son enquête, nous faisons aussi la nôtre", a-t-il dit.

Selon un diplomate américain, le camion impliqué dans l'accident appartenait à un partenaire de l'USAID, l'agence de coopération américaine, et son chauffeur avait été engagé par une agence de coopération britannique.

Cet accident a suscité de nouvelles inquiétudes sur la pérennité du gouvernement d'union.

Le fragile accord entre le président Robert Mugabe et M. Tsvangirai, pour mettre fin à l'impasse politique qui paralysait le pays depuis des mois, a déjà été ébranlé par l'arrestation d'un des leaders du MDC, Roy Bennett, et son maintien en prison depuis.

"Cet accident est un nouvel obstacle pour la fragile cohésion du Zimbabwe", estime l'analyste politique Daniel Makina. "Les gens vont se poser des questions et vont sans doute désigner des coupables".

Pour Sydney Masamvu, analyste auprès de l'International Crisis Group, "les tensions sont encore fortes et il y a beaucoup de méfiance entre les deux partis politiques".

Dans un geste politique d'apaisement, le président Mugabe et sa femme Grace s'étaient très vite rendus vendredi soir à l'hôpital au chevet de M. Tsvangirai.

Tsvangirai a été intronisé le 11 février Premier ministre d'un gouvernement d'union entre le MDC et le Zanu-PF, le parti du président Robert Mugabe, 85 ans, qui monopolisait le pouvoir depuis l'indépendance du Zimbabwe en 1980.

Le nouveau gouvernement tente de trouver des aides financières pour sortir le pays d'un crise économique et humanitaire sans précédent.

Pretoria a assuré M. Tsvangirai de son "soutien moral", tandis que Londres a fait part de sa "profonde tristesse", précisant toutefois "surveiller la situation de près".

Paris a demandé samedi que "la lumière soit faite rapidement" sur l'accident.

 

 

© 2009 AFP

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