Barack Obama, premier président noir des États-Unis.

par John Whitesides

05/11/08

 

famille_obama_2.jpgWASHINGTON (Reuters) – Le démocrate Barack Obama a remporté l'élection présidentielle américaine, devenant le premier président noir de l'histoire des Etats-Unis et tournant la page de huit années républicaines à la Maison blanche.

Barack Obama, 47 ans, succédera officiellement à George Bush le 20 janvier 2009, après sa victoire aux dépens de John McCain.

Il pourra s'appuyer, pour mettre en oeuvre les changements qu'il a promis pendant une campagne entamée il y a presque deux ans, sur une majorité élargie des démocrates au Congrès, où l'on renouvelait mardi la totalité de la Chambre des représentants ainsi que 35 des 100 sièges du Sénat.

Des scènes de liesse ont salué à travers le pays l'annonce de la victoire du sénateur métis, notamment dans son fief de Chicago, où il a prononcé un discours d'une dizaine de minutes devant plus de 200.000 personnes massées dans le Grant Park.

"Il a fallu beaucoup de temps mais ce soir, grâce à ce que nous avons accompli aujourd'hui, à cet instant précis, le changement est arrivé en Amérique", a-t-il dit.

"La route qui nous attend est longue. Le chemin sera escarpé. Nous ne toucherons peut-être pas à notre but en un an, ou même en un mandat. Mais, Amérique, je n'ai jamais eu autant d'espoir que nous y arriverons", a-t-il ajouté.

A Phoenix, dans l'Arizona dont il est sénateur, John McCain, 72 ans, a reconnu sa défaite et annoncé avoir appelé Barack Obama au téléphone pour le féliciter.

"Nous avons achevé un long voyage. J'appelle tous les Américains qui m'ont soutenu à se joindre à moi pour féliciter le futur président mais aussi pour l'assurer de notre bonne volonté", a déclaré John McCain. Le président George Bush a téléphoné pour sa part à Barack Obama pour le féliciter.

DES ÉTATS ROUGES QUI PASSENT AU BLEU

L'arrivée à la Maison blanche de cet homme né d'un père kényan noir et d'une mère blanche du Kansas est un moment de l'histoire des Etats-Unis, 45 ans après l'apogée du mouvement pour les droits civiques mené par Martin Luther King.

Le révérend Jesse Jackson, figure majeure de ce mouvement des droits civiques, s'était joint à la foule au Grant Park. Des larmes coulaient sur ses joues.

La succession de George Bush s'annonce difficile pour le 44e président des Etats-Unis, appelé à relancer l'économie du pays, gérer les guerres d'Irak et d'Afghanistan, composer avec un déficit public proche de 500 milliards de dollars et redorer le blason du pays à l'étranger.

A Washington, Noirs et Blancs ont fêté ensemble devant la Maison blanche la victoire d'Obama et le départ prochain de Bush. Les automobilistes klaxonnaient un peu partout dans la capitale fédérale. On faisait aussi la fête à New York, à Times Square, comme dans nombre d'autres villes américaines.

Barack Obama s'est acquis le soutien d'au moins 349 grands électeurs, beaucoup plus que les 270 nécessaires pour s'assurer la majorité au collège qui doit élire formellement le président des Etats-Unis.

Après le dépouillement de 96% des bulletins de vote, Barack Obama remportait en outre le vote populaire avec 52% contre 46% pour John McCain, soit un écart moins grand, a priori, que ce que prévoyaient certains sondages de fin de campagne.

Barack Obama n'en a pas moins recueilli environ 5,4 millions de voix de plus que son adversaire. En 2004, George Bush avait devancé John Kerry de 3,5 millions de voix environ.

John McCain, qui dispose pour l'instant du soutien de 159 grands électeurs, a vu rapidement ses espoirs chanceler puis s'évanouir en constatant sa défaite dans une série d'Etats clés comme l'Ohio – où s'était jouée l'élection présidentielle de 2004 – puis la Floride – où s'était jouée celle de 2000.

Barack Obama a raflé d'autre part des Etats comme l'Iowa, le Nouveau-Mexique, l'Indiana, le Nevada et le Colorado, tous remportés par George Bush en 2004. En Virginie, il s'est offert un succès de choix : cet Etat n'avait plus voté en faveur d'un candidat démocrate à la présidentielle depuis Lyndon Johnson en 1964. L'annonce de sa défaite en Pennsylvanie a ôté ensuite à John McCain ses derniers espoirs de remporter un Etat penchant pour les démocrates.

DÉMOCRATES SOUS LA BARRE DES 60 SIÈGES AU SÉNAT

L'élection de Barack Obama s'accompagne d'une victoire écrasante des démocrates au Congrès, où le parti de l'âne renforce sa majorité aussi bien au Sénat qu'à la Chambre des représentants.

Au Sénat, les démocrates ont remporté au moins cinq sièges supplémentaires, ce qui les situerait à au moins 56 sièges. Ils n'atteindraient cependant pas la barre des 60 sièges qui leur permettrait de surmonter nombre d'obstacles de procédure, ce qu'on appelle les "flibustiers", que ne manqueront pas de dresser les républicains face à leurs initiatives.

Les démocrates peuvent se targuer d'avoir battu deux sortants de marque : Elizabeth Dole, sénatrice de Caroline du Nord et épouse de l'ancien candidat républicain à la Maison blanche Bob Dole, ainsi que le sénateur du New Hampshire John Sununu, ancien secrétaire général de la Maison blanche durant le mandat de George Bush senior.

A la Chambre des représentants, les démocrates devraient remporter 25 sièges de plus qu'ils n'en avaient, disposant dès lors d'une majorité plus nette encore.

Avec Caren Bohan à Chicago et Jeff Mason à Phoenix, version française Clément Dossin, Gregory Schwartz et Eric Faye

 

Reuters

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