Ça chauffe au Rcd : Bizima Karaha, Serufuli, Onusumba, Emile Ngoyi,… destituent Ruberwa.

Joachim Diana G

08/06/09

 

azarias.jpgLes voisins, les passants, les curieux, devant certains militants de base du Rassemblement congolais pour la démocratie (Rcd), ont assisté à une scène que l’histoire politique congolaise retiendra pendant longtemps. Le Rcd, depuis sa création, a connu des départs importants dont celui de certains ténors partis renforcer les rangs du Mlc de JP Bemba. Mais cette fois, la crise semble profonde. Car, c’est pour la première fois en temps de paix que ce mouvement politique assiste au désaveu d’un président en fonction de la part de la majorité des fondateurs.

En effet, il y a longtemps qu’on sentait de l’électricité en l’air dans ce parti politique. A la base de tout cela, l’incapacité du président du Rcd de prendre une position claire sur le devenir du parti par rapport aux enjeux présents et futurs. Pour bien tenir le parti dans l’incapacité de se mouvoir utilement, Azarias Ruberwa – déplorent les fondateurs – s’est substitué au parti. Par conséquent, Azarias Ruberwa, à l’instar d’autres anciens candidats à la présidence, étant en hivernage politique qui se prolonge, le Rcd a été réduit à la l’inaction. On pensait que ce parti politique ne trouvait pas le prétexte de se mouvoir. Mais, à l’approche des élections locales, on constate que le sommeil devient davantage pesant. L’approche de 2011, non seulement n’a aucun effet sur le leadership de ce parti politique, mais aussi on n’y pense pas même en terme de projection. Tout cela par la faute d’un homme et de quelques courtisans autour de lui.

 

Si on ajoute à cela l’appropriation du patrimoine du parti par une clique, la situation devenait insupportable.

Un choix déchirant

Les autres fondateurs du parti avaient le choix entre accepter de couler ensemble avec le parti ou se lever courageusement pour redresser la barque. Ils ont opté pour la dernière option en sachant que pour ce faire, il fallait casser des œufs en vue de faire des omelettes. C’est en fait, depuis le mois de mai dernier que le rubicond avait été franchi. Les fondateurs du Rcd avaient pris l’option de mettre Azarias Ruberwa de côté en vue de mettre en place un nouveau leadership pouvant sortir ce parti politique du sommeil où l’avait plongé la gestion ruberwéenne. Il ne restait que la décision prise au cours d’une réunion des fondateurs tenue au siège du parti au mois de mai 2009, soit portée à la connaissance de l’opinion. Au cours de la réunion prévue le samedi 6 juin 2009, au siège du parti sur l’avenue du Haut Commandement, il était question que soit lue la déclaration de destitution de Azarias Ruberwa. Le feu qui a couvé longtemps s’est mis à dégager une fumée épaisse. Les " flammes " ont même commencé à se manifester. La police a accouru pour éventuellement jouer au sapeur pompier. Les journalistes, en hérauts de la société moderne, ont accouru, eux aussi pour rendre compte à l’opinion. Mais, la presse est mal venue. Certains voyous alignés par les ruberwistes n’hésitent pas à lancer des menaces aux journalistes et aux caméramans. Expulsés de l’enclos du siège du Rcd, les journalistes resteront cependant roder comme des vautours dans les alentours du siège de ce parti politique en " feu ".

Ruberwa tente d’empêcher la réunion des fondateurs

Informé de la tenue de cette réunion, le président du Rcd, Azarias Ruberwa, la devance. Il convoque lui aussi une réunion avec comme objet, l’installation des comités de base du parti. Par cet acte, il tente de balayer une accusation formulée contre lui par le collège des fondateurs, celle de s’être substitué aux organes de la base du parti. Pour les analystes avertis, c’est une façon pour le président du Rcd de reconnaître la pertinence de l’accusation. Mais fallait-il cette installation à la sauve-qui-peut pour calmer la colère des fondateurs ? Par cette réunion, Ruberwa voulait également occuper le siège du parti pour empêcher que les fondateurs s’y réunissent et lisent leur déclaration. Par ce comportement, le président du Rcd justifiait cette autre accusation, celle de s’être accaparé du patrimoine du parti.

Des bus ont été envoyés pour ramener des militants en vue de servir de bouclier au président du Rcd contre le collège des fondateurs. Le choc était réel pour que l’on s’étonne de nombreuses étincelles. Fair-play, les fondateurs, malgré les frictions et les invectives de certains voyous expressément commis pour produire le scandale, se présenteront et assisteront à la réunion tenue par Ruberwa pour installer les comités de base. Les fondateurs se sont réservé la fin de réunion pour poser leur acte, à savoir, la lecture de la déclaration destituant Azarias Ruberwa. Mais aussitôt à la fin de la réunion, Ruberwa parti, certains cadres pro-Ruberwa, aidés par certains militants, empêcheront la tenue de toute autre activité au siège du parti. Ainsi commence l’expulsion de tous ceux qui étaient dans l’enclos. On ne s’épargne pas des paroles méchantes. Ainsi par exemple, lorsque un groupe de militants entonne " Ruberwa alenda ", entendez, Ruberwa est solide, ou encore " Toponi Ruberwa " pour dire que nous avons choisi Ruberwa, un cadre fait remarquer que ce n’est pas maintenant qu’il faut choisir Ruberwa, vous auriez pu le faire lors des élections, ironisa-t-il. Il en est de même lorsque Moïse Nyarugabo s’adressant à un des fondateurs, le traitant d’homme de la rue, ce dernier fait remarquer au sénateur que sans lui et les autres, " vous ne seriez pas arrivés à Kinshasa et vous ne vous seriez pas installés ici, sans nous ". L’escalade était là.

Qui sont les destructeurs de Ruberwa ?

Pour les journalistes, témoins de cet événement, tout n’était pas encore clair. Car, plus d’une fois on a assisté à la destitution des présidents des partis politiques par certains membres. Après, on s’est rendu compte que ceux qui agissaient n’avaient ni qualité ni représentativité. Qui sont ceux qui veulent déboulonner ou qui ont déboulonné le président national du Rcd, Azarias Ruberwa ? Selon les informations en notre possession, le parti comptait jusque samedi dernier, 30 fondateurs. Quinze sur 30, apprend-on de bonne source et au regard des signatures au bas de la déclaration, ont signé la déchéance de Azarias Ruberwa en apposant directement leurs signatures, tandis que 5 autres ont signé par procuration. Ont parle de 5 restés fidèles à Ruberwa. Compte tenu des réalités particulières du parti, nous avions la crainte que cette destitution ait des couleurs ethno-tribales. Nous avons été rapidement rassuré par la qualité des signataires. Apparemment, aucune considération tribale, régionale ou raciale n’a été prise en compte dans cette action.

La résistance de Ruberwa

Pour revenir à la lecture de la déclaration, les pro-Ruberwa, utilisant certains militants voire des éléments armés des Fardc, visiblement appartenant à la garde de Ruberwa en sa qualité d’ancien vice-président de la République, ont tenu mordicus à ce que cette déclaration ne soit pas lue à l’intérieur du siège du parti. Après une agitation sans nom, la fatigue aidant, parce qu’on était déjà à 17 heures pour une manifestation qui avait commencé à 10 heures, également, voulant éviter un débordement dont personne n’avait besoin, les fondateurs décideront de lire leur déclaration dehors.

Ils sont prêts. Les caméramans arment leurs caméras. Un des fondateurs sort de sa poche une déclaration pliée en quatre. Il la déplie, il veut commencer à lire, lorsque le sénateur Moïse Nyarugabu s’approche de lui. Le lecteur de la motion, méfiant, croit d’abord que le sénateur allait lui arracher le papier. Il le regarde fixement. Il replie la copie de la déclaration et la remet dans une des poches de sa veste. " S’il vous plait, ne faites pas cela ", supplia le sénateur. Et le lecteur désigné de la motion de lui demander pourquoi. " Parce que c’est une honte ", répliqua le sénateur. Il s’ensuit encore une fois, un grand désordre. Cette fois, l’honorable Nyarugabu s’emploie à démontrer que cette déclaration n’étant pas celle de tout le monde, elle ne doit pas être lue au siège du parti. Il conseillera même les fondateurs de s’inspirer de l’exemple des membres du Panu qui avaient fait leur déclaration similaire loin du siège du parti.

Contre l’argument de Nyarugabu, un des fondateurs lui fera comprendre qu’en démocratie, c’est la loi de la majorité qui compte. La majorité des fondateurs ayant signé cette déclaration, elle devient celle de tout le parti. En fin de compte, les fondateurs se décideront d’aller lire leur déclaration dans une résidence voisine. Cela était sans conséquences juridiques éventuelles étant donné qu’il ne s’agissait que d’une annonce, la décision elle, ayant été prise au siège du parti. C’est ainsi que se termina l’épisode de la destitution de Azarias Ruberwa de la tête du Rcd. Un comité de crise présidé par Trésor Kapuku, actuel gouverneur du Kasaï Occidental a été mis en place. Il sera secondé par Emmanuel Tommy Taruwe Ishindi, comme vice-président. Léon Muheto est désigné au poste de secrétaire, tandis que Donatien Mabiala occupera le poste de secrétaire adjoint. Le comité de crise a pour mission d’amener le Rcd à se doter d’un nouveau leadership.

 

 

Groupel@venir.cd

 

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