Des députés AMP promettent des misères à Adolphe Muzito.

(Dom)

15/10/08

 

deputes_rdc.jpgAlors que l’opinion attend de connaître la date de la publication et de la composition de la nouvelle équipe gouvernementale que dirigera Adolphe Muzito, la classe politique est pour sa part occupée à faire ses calculs. Ces derniers ne semblent pas de nature à aider le nouveau chef du gouvernement en l’accompagnant dans la réalisation de sa mission.

D’une manière générale, si les uns se montrent critiques envers le choix opéré par le chef de l’Etat en nommant Muzito, d’autres par contre se réjouissent et mettent en exergue sa compétence et ses qualités humaines. Les dernières réactions en date sont celles des députés qui se sont exprimés hier en marge de la plénière de l’Assemblée nationale. Trois réactions au total dont deux motions et une déclaration politique faites hier dans l’hémicycle de la Commune de Lingwala ont été adressées au nouveau Premier ministre. La convention Ofida-Ctc dans l’œil du cyclone Intervenant par motion, Marie-Louise Ekpoli Lenti a attiré l’attention de ses collègues sur les termes de référence de la Convention d’assistance technique qui lie l’Etat congolais, par le biais de l’Office des Douanes et Accises (Ofida), à Customs and Taxe Consultancy (Ctc). Avant de proposer au Premier Ministre la mise en accusation de toutes les personnes impliquées dans la signature de ce contrat. Pour la députée Mlc, le contrat Ofida-Ctc est une insulte à l’élite congolaise et à l’expertise nationale alors que, selon elle, dans les conditions les plus difficiles et avec des salaires de misère, du reste irréguliers, l’Office réalisait déjà des performances sur le plan des recettes.

L’élue de Lisala a, dans la foulée, dénoncé l’attitude du gouvernement qui n’a pas voulu soutenir et financer le programme de réforme et de modernisation de la douane. Le plus révoltant, a-t-elle souligné, c’est de voir le gouvernement privilégier l’expertise étrangère, comme si les agents et cadres de cet office ne disposaient pas des mêmes compétences. « Refusant cet appui politique et ces moyens financiers à l’expertise nationale, notre gouvernement accorde, au grand étonnement de tous et sur un plateau d’or, un cadeau au consultant Customs and Taxe Consultancy qui, n’apportant aucun sou, va bénéficier d’énormes dividendes évalués à plusieurs millions de dollars américains, tout simplement parce qu’il s’agit des « experts blancs » » a-t-elle déclaré. Avant de marteler que le contrat n’offre aucune garantie d’emploi au personnel congolais, car selon les termes de l’article 14 point 5, l’Ofida est tenu d’appliquer toute demande qui lui sera adressée par le consultant Ctc. La députée s’est ensuite insurgée contre le décaissement de 7.500.000 dollars pour couvrir les frais de mobilisation, d’installation et de mise en chantier de Ctc qui ne compte qu’un personnel de 63 agents. Alors que les 4.686 agents et cadres de l’Ofida sont condamnés à se contenter de 5% seulement de la rétrocession sur les recettes réalisées. Marie-Louise Ekpoli a conclu à une discrimination envers les nationaux au profit des expatriés. Avant de proposer le réexamen du contrat en vue d’équilibrer le traitement des nationaux et des expatriés. Enfin, elle a recommandé que toutes les personnes impliquées dans la signature de cette convention ne puissent plus et en aucun moment occuper des postes de responsabilité au risque d’engager de nouveau la République dans la désolation. Passée au vote, la motion a été admise par la plénière qui a recommandé à son auteur de l’ériger en une question orale avec débat. Autre motion présentée mardi à la plénière, celle du député Bongo qui a déclaré attendre de pied ferme le Premier ministre désigné le vendredi 10 octobre dernier par le chef de l’Etat pour éclairer la Représentation nationale, qui est l’autorité budgétaire, sur les raisons à la base de la non exécution du budget de l’Etat pour l’exercice en cours. Le député a déclaré vouloir s’adresser au nouveau Premier ministre en sa qualité de ministre sortant du Budget. La colère des députés de l’Est Par ailleurs, dans une déclaration faite à la presse devant l’entrée de l’hémicycle, à l’issue de la plénière, des députés nationaux originaires du Nord-Kivu, Sud-Kivu et de la Province Orientale ont exprimé leur désaccord à la suite de la nomination du nouveau Premier ministre. Pour ces élus, il ne s’agit pas du profil défini par le chef de l’Etat dans son message à la nation. Raison pour laquelle ils ont promis d’user de leurs prérogatives constitutionnelles, le moment venu. Sérénité Les observateurs ont noté, non sans surprise, que la plupart des coups de gueule enregistrés depuis la nomination du Premier ministre proviennent de quelques éléments marginaux de l’AMP, qui donnent ainsi l’air de vouloir remettre en cause le choix opéré par l’Autorité morale de l’Alliance elle-même. Ce qui pose évidemment un problème de discipline et de cohésion que celle-ci devrait résoudre en son sein en tant que composante majeure et essentielle de la majorité. Dans l’entourage du Premier Ministre par contre, on déclare que ce dernier entend garder sa sérénité face à une démarche visiblement destinée à monter des enchères pour faire pression à la fois sur l’AMP et sur le Premier ministre pour des motivations qui ne sont pas toujours avouables. On s’étonne particulièrement de la tendance de certains élus à vouloir aller vite en besogne alors que le gouvernement, qui devrait répondre à toutes les préoccupations de la Représentation nationale, n’est même pas encore constitué. On rappelle, parodiant le chef de l’Etat, que le gouvernement sera une équipe de mission et que le temps lui est compté. On souligne que face à ces exigences, le Président de la République a appelé le concours de toutes les institutions et, par-delà, de tout le peuple congolais. Il faudra donc que chacun se détermine en toute responsabilité. En attendant, des sources proches du Premier Ministre indiquaient hier dans la soirée que les consultations pour la formation du gouvernement commenceraient aujourd’hui ou, au plus tard, ce jeudi. Et qu’Adolphe Muzito qui avait déjà rencontré le Président de la République lundi devrait le revoir aujourd’hui. Les mêmes sources déclaraient avoir observer une agitation suspecte dans la course aux postes ministériels entre les chefs des partis et les présidents des groupes parlementaires, chacun tirant la couverture de son côté. Ce qui donne lieu à une certaine cacophonie au sein de la majorité, alors que les postes à pourvoir sont plus que jamais limités en raison des économies budgétaires à réaliser.

 

Le Phare

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