En RDC, Joseph Kabila n’a guère d’autre choix que de négocier.

Reuters

21/11/08

 

jkk.jpgLe gouvernement de Kinshasa n'a guère d'autre choix que d'engager des négociations avec le chef rebelle tutsi Laurent Nkunda, qui, lui, devra transformer ses gains militaires en capital politique.

Les combattants de Laurent Nkunda ont mis en déroute l'armée nationale en quelques semaines de conflit dans la province du Nord-Kivu, provoquant un exode de 250.000 civils et laissant craindre une réédition du scénario de la guerre de 1998-2003, à laquelle avaient pris part six armées de pays de la région.

Vendredi, Laurent Nkunda a rencontré des administrateurs régionaux pour parler de fiscalité, dans une grande ville de l'Est conquise durant les combats qui ont fait rage depuis le mois d'août. De son côté, le président Joseph Kabila, qui refuse pour l'heure toute négociation avec ses ennemis, s'employait à consulter ses alliés, dont l'Angola, qui avait envoyé des troupes pour soutenir l'armée congolaise durant la guerre.

Les combats, pour l'essentiel, ont cessé, et les rebelles de Nkunda se sont retirés de certaines positions, en disant vouloir favoriser un climat de négociations.

L'attention s'est tournée vers les négociations que propose l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, émissaire de paix de l'Onu pour le conflit, qui a rencontré ces jours-ci aussi bien Kabila, à Kinshasa, que Nkunda, non loin de Goma, le chef-lieu du Nord-Kivu, province limitrophe du Rwanda.

"Le gouvernement souhaite négocier mais il n'a pas réussi à obtenir quoi que ce soit par la force, militairement. Il n'a pas d'autre choix que d'entamer des négociations", estime un diplomate en poste à Kinshasa. La mission d'Obasanjo est maintenant de faire en sorte que le gouvernement accepte le principe de pourparlers.

Laurent Nkunda a lancé son insurrection en 2004, en rejetant alors les accords de paix qui avaient mis fin à la guerre de RDC l'année précédente. Il avançait alors pour raison la nécessité de protéger les Tutsis du Congo des rebelles hutus rwandais à l'oeuvre dans l'est de la République démocratique du Congo.

NKUNDA S'IMPLANTE DANS RUTSHURU

Depuis lors, Nkunda invoque des objectifs plus amples et entend libérer tous les Congolais.

"Ils (les rebelles) sont mécontents de ne pas obtenir de pourparlers directs avec le gouvernement, aussi ont-ils montré leur force", explique un autre diplomate au fait de la guerre dans l'Est. "S'ils ont l'impression qu'on ne les prend pas au sérieux, ils feront d'autres démonstrations de force. Le gouvernement ne semble avoir aucune prise sur eux, que ce soit militairement, politiquement, stratégiquement".

L'Onu a décidé jeudi d'envoyer 3.000 casques bleus en renforts en RDC, où les effectifs de la Monuc (Mission des Nations unies au Congo) passeront de 17.000 hommes à 20.000. Mais il faudra à ces renforts plusieurs semaines avant d'être sur place et l'idée d'une force intérimaire européenne, en attendant, a été évoquée mais ne semble pas se concrétiser.

Sur le terrain, Laurent Nkunda a pratiquement doublé la superficie du territoire sous son autorité, avec la chute entre ses mains de la région de Rutshuru. C'est là que, vendredi, il a réuni les administrateurs régionaux pour leur exposer ses idées sur la fiscalité et les idéaux de son mouvement.

"Ce n'est pas une ville (Rutshuru) dont il se retirera à la hâte. Il contrôle les accès routiers et il est toujours en mesure d'étrangler Goma", estime Anneke Van Woudenberg, de l'ONG Human Rights Watch. Goma est à 70 km au sud de Rutshuru.

Comme au cours de la dernière guerre, les spécialistes du conflit soulignent le rôle que jouent les mines d'or, de diamants et de cassitérite.

Le Congo accuse le Rwanda, dont l'armée a envahi une partie de son territoire à deux reprises durant les années 1990, officiellement afin de pourchasser les rebelles hutus, de soutenir Nkunda, ce que Kigali dément. Les autorités rwandaises, de leur côté, accusent Kinshasa d'utiliser les rebelles hutus pour renforcer son armée.

 

Reuters

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