La RDC et ses faux amis.

Servilien M. Sebasoni

11/11/08

 

Il  est irresponsable de nourrir chez les Congolais l'hostilité envers ses voisins. Il serait contre-productif de renforcer chez les Congolais le sentiment qu'ils sont abandonnés et même assiégés dans leur droit. 

La RDC s'est engagé par plusieurs accords à désarmer les restes des FAR et des Interahamwe aujourd'hui connus sous le nom de FDLR et qui constituent une menace pour le Rwanda. Depuis  Lusaka en 1999 jusqu'à Nairobi en 2007, en passant par Prétoria en juillet 2002,  la RDC n'a respecté aucun de ses engagements . Ses dirigeants pensent que  la RDC sera toujours courtisée quoi qu'elle fasse ou ne fasse pas, tant la corbeille de ses mariages ou de ses liaisons comporte des richesses mirobolantes. 

Ce n'est pas être utile à la RDC que de lui faire croire que ses malheurs viennent d'ailleurs et que ses crises répétitives sont dues à la conjoncture alors qu'elles sont intimement liées à sa structure. Un Etat encore essentiellement tribal où la mayonnaise de l'unité nationale n'a jamais pris et qui, de ce fait ne veut pas ou ne peut pas vouloir assurer de façon égale les droits de tous ses ressortissants, sécrètera toujours en son sein des rébellions. Nkunda n'est qu'une manifestation de cette situation ; après lui il y en aura d'autres comme lui si la RDC ne devient pas un Etat dont l'unique légitimité est la défense de tous les intérêts de tous les citoyens. 

Par-dessus le marché, la France, en amie intéressée, a sous-traité à la RDC ses déceptions au Rwanda : aujourd'hui les FDLR issues des FAR, que la France a transportées  aux frontières du Congo et du Rwanda en vue d'une reconquête promise, sont devenues un fardeau encombrant et nuisible pour le Congo et les Congolais. Il est temps que l'Etat congolais reconnaisse qu'on lui a légué un cadeau empoisonné et s'en débarrasse. 

 

Pris un à un les Congolais sont des perles. Mais un million de perles sans lien ne fera jamais un collier.                                                                                      

Le sentiment d'appartenance plus tribale que nationale atomise les intérêts et s'oppose au service du Bien Commun. Pourquoi des soldats  sans attaches tribales  ni avantages matériels iraient-ils se faire trouer la peau à l'autre bout d'un immense territoire qui n'est pas leur patrie ?  En cela d'ailleurs l'armée congolaise ressemble étonnamment aux armées de l'ONU qui combattent pour leur compte en banque et non pour conquérir ou préserver une patrie. 

Mais alors on n'en sortira pas ? 

La seule voie de sortie du morcellement structurel, qui poursuit le Congo depuis sa naissance, serait d'avoir à Kinshasa un ou plusieurs hommes d'Etat moins soucieux de s'enrichir que d'être utiles à leur pays, moins préoccupés des prochaines échéances électorales que des prochaines générations. Et si les sensibilités  ne sont pas encore aptes à s'étendre sur un si vaste territoire, il conviendrait d'imaginer des structures à taille humaine dans lesquelles l' homme politique se sentirait  plus proche de son peuple (fédéralisme, confédération, etc..). 

Ces structures éclatées pourraient trouver comment s'unir fortement à l'instar  des fédérations du genre américain, helvétique ou autres.  

Il est irresponsable de faire croire ou de renforcer chez les Congolais la suspicion que ceux qui parlent de telles structures ni unitaires ni rigides, veulent sa balkanisation afin de pouvoir  conquérir le Congo morceau par morceau. 

Les rêves de conquêtes appartiennent à d'autres temps et ne peuvent se faire sans l'assentiment de ce qu'on appelle la communauté internationale, c'est-à-dire les quelques grandes puissances qui gouvernent le monde.. Si le Rwanda ne peut raisonnablement , dans les circonstances actuelles, reconquérir le tiers de son territoire qui lui a été amputé, comment imaginer qu'il rêve d'engloutir le Kivu et, après lui, l'immense Congo ?  C'est tout simplement insensé ! 

Le soi-disant empire hima ou tutsi n'est nullement de saison. Ce qui est de saison c'est l'intégration régionale équilibrée pour donner de l'air à la circulation des biens et des personnes. Ce n'est pas d'absorber les voisins au risque d'une fatale indigestion. La RDC souffre à la fois d'être une grande puissance potentielle et un Etat impuissant. Le passage de la puissance potentielle à la puissance réelle dépendra des Congolais unis dans une même ambition.                                                                                                     

Ce n'est pas être utile aux Congolais que de cultiver chez eux une soif de revanche ni d'y semer la haine contre ses voisins à force de faire peser sur eux systématiquement le soupçon.                                                                                                                                   

Tout homme d'Etat digne de ce nom, tout Africain responsable et, avant tous, tout voisin du Congo  souhaite l'épanouissement de ce grand pays. Ce  serait un bien pour toute l'Afrique et pour toute la région. 

La RDC ne doit pas prêter une oreille attentive aux faux amis qui distraient de cette ambition une partie de son énergie.

 

 

 

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