Le Congo ne s’est pas pillé tout seul.

Colette Braeckman

19/03/08

 

holdup.jpgMis à jour grâce à l’obstination du Premier MInistre Gizenga (visiblement moins endormi que ne le disent les chancelleries…)le scandale des contrats miniers éclabousse tout le monde. Certes, durant la période de transition qui a précédé les élections, les ressources du pays ont été bradées par les autorités en place, impliquées à tous les niveaux: des conseillers de Kabila sont cités, mais ils avaient l’aval de Bemba en charge de l’Economie et des Finances, les ministres des Mines successifs ont fermé les yeux, les fonctionnaires ont laissé faire et ont touché leur commission.

Mais durant cette période intermédiaire qui a succédé à huit années de guerre et d’occupation et deux décennies d’affaiblissement de l’Etat, les Congolais n’étaient pas seuls: ils se trouvaient pratiquement sous la tutelle de la «communauté internationale» (c’est à dire essentiellement les Occidentaux) qui animait le CIAT (Comité d’accompagnement de la transition), soutenait la MIssion des Nations unies au Congo et appuyait la Banque Mondiale. Cette dernière ne se contenta pas seulement d’assurer (avec un succès très relatif) la démobilisation des belligérants, elle participa à la rédaction du Code Minier et du Code forestier, en dicta les termes très libéraux et surveilla l’application des dispositions. Mais sans mesurer à quel point un Etat affaibli, une administration défaillante et sous payée étaient incapables de faire respecter la loi et de protéger la population contre les prédateurs en col blanc qui succédaient aux pillards en uniforme des années de guerre.
Aujourd’hui, l’aide qui avait été promise par les divers bailleurs, dont l’Union européenne, tarde à se concrétiser mais les institutions financières internationales exigent toujours, à raison de 800 millions de dollars par an, le remboursement de la dette contractée du temps de Mobutu … Redoutant une explosion sociale ou la sanction politique qui leur sera infligée par des électeurs décus de ne pas avoir reçu les dividendes de la démocratie, les autorités congolaises se sont tournées vers la Chine pour conclure des accords de troc, échangeant matières premières contre de grand travaux d’infrastructures. Dans nos capitales, on s’en inquiète, on met le Congo en garde contre ses nouveaux amis, contre les pièges de ses nouveaux contrats.

Mais au regard du passé, quel est le crédit moral dont peuvent se prévaloir les donneurs de leçons?
Les Chinois, demain, ne seront peut-être pas meilleurs que les tuteurs d’hier. Mais ils ne seront sans doute pas pires non plus.

 

lesoir.be

 

 

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