Le Congo peut-il réussir la réorganisation de l’armée ?

El Memeyi Murangwa

24/01/07

Force PubliqueIl est plus que courtois de parler de la réorganisation d’une armée qui n’a pas connu une quelconque organisation depuis que la force publique( FP) est devenue l’armée nationale congolaise (ANC) perdant en une nuit de mutinerie, sa discipline et son sens de l’honneur.

Tout commence en effet après les mutineries dans les grandes casernes du pays provoquées par la causerie morale du Général belge s’opposant à l’élévation des Congolais aux grades d’officiers supérieurs. Venant d’être mis au courant des tractations au bureau du Premier Ministre, projetant à faire du sous officier Lundula, assistant médical de son état, le prochain chef d’état major de l’armée nationale, portant le tout premier les gallons de Général -Major dans l’ex-Congo belge et Rwanda-Urundi. Les officiers belges poussèrent les troupes à désobéir à l’autorité établie. Ils ne cessent de rappeler aux militaires que les civils sont des imbéciles (Basenzi) qu’il faut soumettre. La même méthode avait été utilisée pour mater la révolte Batetela à l’autorité coloniale. Peu avant en 1930, La Belgique avait fait le premier coup d’état militaire sur le continent africain, déposant contre la volonté populaire le monarque Mwami Musinga de l’indomptable Rwanda. Ce dernier sera emprisonné et relégué à Moba (Baudoinville) où il trouvera la mort dans des conditions non encore élucidées jusqu'à ce jour. D’après un vieux sage des grands lacs, c’était déjà une façon pour les Belges de faire le lit du génocide.

Le Général Lundula sera vite surpassé par les évènements, et de commun accord le Premier Ministre Lumumba et le Président Kasa-Vubu, confieront le commandement à Joseph Désire Mobutu, ancien secrétaire-comptable de la Force Publique. Mobutu ne tardera pas à tribaliser la nouvelle armée, distribuant les grades et les postes de responsabilité à ses frères de province. Il ne cessera de faire remarquer à la fin de ses jours qu’il n’y a pas de mauvaises troupes, mais seulement des mauvais chefs. Cette phrase prophétique résume la situation de l’armée au jour d’aujourd’hui.

Dès l’accession du Général Mobutu à la magistrature suprême le 24 novembre 1965, il cherchera à corriger les erreurs en envoyant dans les meilleures académies militaires, nombreux jeunes qui à la fin de leurs études reviennent au pays, moderniser l’armée avant d’être accusés de complot contre la sécurité de l’état dans des tentatives des coups d’états qui n’existent que dans l’imaginaire des généraux non éduqués. Beaucoup d’entres eux seront fusillés après un tribunal militaire expéditif, jugeant des drogués ne possédant plus la maîtrise de soi. Il suffit de comparer le palmarès de l’école royale militaire de Belgique avec les quelques survivants pour en être édifier.

L’armée de Mobutu ne pourra pas libérer Kisangani et Bukavu sous la rébellion muleliste et recoura aux paras commando belges. Elle subira la même défaite face aux gendarmes Katangais de Nathanaël Mbumba que soutien l’Angola sous Agoustino Neto et sollicita le renfort du Maroc qui parviendra à rétablir l’ordre. Les généraux de Mobutu s’enrichissaient en pleine guerre vendant les armes aux rebelles. L’un d’eux acheta toute une colline surplombant la capitale, y construisant des nombreuses villas avec le fruit de ce trafic.

Le Maréchal Mobutu tentera à maintes reprises de réorganiser son armée, mais à chaque occasion, il préféra donner le commandement à un originaire de sa province, souffrant de la hantise d’un probable coup d’état militaire. Il misera sur le mauvais cheval, choisissant de voler au secours de son ami Habyarimana du Rwanda, sous une instigation suicidaire de la France qui protégea les genocidaires dans l’Opération Turquoise, ayant comme base arrière, Bukavu, Goma et Kisangani. Les Français ne parvenant pas à freiner l’avancée du FPR, abandonneront les genocidaires au Congo sans se soucier de l’insécurité et de la destruction de la faune et de la flore. A ce jour aucun gouvernement ne sollicite une indemnisation de la France, responsable de la déconfiture actuelle.

L’expédition punitive de l’armée Rwandaise contre les genocidaires ex-FAR et Interahamwe dans l’ancienne province du Kivu trouvera sur son chemin une armée faite des hommes impayés depuis des années, pillards à volonté et violeurs par instinct, vendant souvent aux rebelles leurs équipements pour de la bière. La marche sur Kinshasa se fera sans accroc à part la résistance de Kenge (Bandundu), soutenue par l’UNITA de Savimbi et l’ex-FAR. Installé au pouvoir par le Rwanda et l’Uganda, L.D. Kabila va confier la gestion de l’armée au Commandant James Kabarebe qui en l’espace d’un an remettra l’ordre et la discipline dans la boutique. La coopération rwandaise durera l’espace d’un matin. Remerciés dans un communique à la télévision, les militaires rwandais rentreront chez eux, abandonnant l’armée convalescente dans les mains d’un cercle familial composé d’anciens copains, cousins et neveux. La deuxième guerre de libération initiée par le RCD opposera le rebelles aux forces étrangères (Zimbabwe, Namibie et Angola), l’armée de la RDC refusant de combattre ceux voulant mettre fin à une nouvelle dictature sanguinaire que dirige L.D. Kabila. Acculé Mzee Kabila enrôlera au sein des FARDC, les interahamwe et les éléments ex-FAR pour dit-il amener la guerre où elle a commencé sans y parvenir. Les seuls hauts faits d’armes seront les largages des sales bombes (artisanales) sur les marchés publics de Bukavu et Goma (ville voisine du Rwanda), tuant des pauvres civils.

Après l’assassinat de Mzee Kabila tué dit-on à bout portant par un garde du corps, son fils Joseph Kabila devenu chef de l’état, acceptera de négocier avec la rébellion RCD, devenue un serpent à plusieurs têtes (RCD Goma, MLC, RCD YIra de Nyamwisi, RCD National, RCD BCBG de Kin Kiey Mulumba et autres Mayi-Mayi). Sun City organisera les civils comme le souhaite ses initiateurs, oubliant expressément d’envisager la réforme de l’armée.

Les dernières évènements au Nord Kivu servent de thermomètre. L’incapacité des FARDC à assurer la paix civile, démontre qu’il y a urgente nécessité de convoquer les états généraux de l’armée en confiant la tâche aux quelques officiers qui ont démontré l’intégrité et la capacité d’organiser une réelle défense. Le commandement actuel de l’armée se distingue par la diffusion des nombreuses communiqués à caractère politique en lieu et place de protéger les personnes et leurs biens. Le manque criant d’un plan à mettre les forces négatives hors d’état de nuire fragilise toute tentative de pacification.

Il est grand temps de sonner la trompette pour que les hommes en uniforme se retrouve en conclave militaire en vue d’édifier une armée républicaine reflétant le passé valeureux de la Force Publique, victorieuse au moyen orient et dans la campagne d’Abyssinie (Saio et Gambela) de temps mémorable. L’inclusion des ex-FAZ et autres vaillants combattants de l’injustice apportera certes l’expertise nécessaire pour que les forces congolaises retrouvent enfin la capacité d’intervention d’autres fois. Chapeau donc au brassage.

Servir, c’est accepter le sacrifice suprême.

Makila ma biso? Po na ekolo!

Copyright © 2007 El Memeyi Murangwa

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