Les rebelles congolais accusent Kabila de ne pas vouloir la paix.

Reuters

17/01/08

 

Les rebelles tutsis congolais ont accusé le président Joseph Kabila de ne pas oeuvrer à la paix en dénonçant son refus d'inviter leur chef, le général Laurent Nkunda, à la table de négociations. Kabila s'est rendu mardi à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, théâtre l'an dernier de violents affrontements, afin, a-t-il dit, d'apporter son soutien à une conférence de paix réunissant des représentants du gouvernement, des dirigeants locaux, des rebelles et de la milice Maï-Maï. Mais il s'est opposé à ce que le général rebelle y participe, affirmant qu'il ne serait pas invité en raison de "problèmes avec la justice".

Réclamant des discussions directes avec le gouvernement, les représentants de Nkunda à la conférence de Goma ont déclaré que la déclaration de Kabila "ne va pas dans le sens de la paix".

"Nous espérons qu'il changera sa position et reviendra sur ces déclarations qui ne font que jeter de l'huile sur le feu", a dit Kambasu Ngeve, chef de la délégation rebelle à Goma.

Le gouvernement fait valoir que Nkunda, qui dirige depuis 2004 une rébellion de Tutsis dans l'est du Congo, est recherché pour des crimes de guerre qu'il aurait commis pendant la brève occupation de Bukavu par ses hommes, en 2004. Kinshasa a transmis à Interpol un mandat d'arrêt international visant Nkunda.

UN DEMI MILLION DE DEPLACÉS

Les personnes inculpées ou reconnues coupables de certains crimes ont été exclues de la conférence de Goma qui s'est ouverte il y a une semaine mais qui a été marquée par des retards et des menaces de boycottage.

Ngeve a déclaré à Reuters que sa délégation n'avait pas l'intention de partir mais que les propos du président portaient atteinte aux efforts de paix.

"Nous avons fait preuve de bonne volonté. Mais s'il n'y a pas de volonté dans l'autre camp, vous pouvez imaginer ce qui va se passer", a-t-il dit.

La guerre au Congo de 1998-2003 a officiellement pris fin avec la conclusion d'un accord de paix, mais l'armée gouvernementale, les rebelles tutsis de Nkunda, la milice Maï-Maï et des rebelles hutus rwandais ont continué de s'affronter au Nord-Kivu.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'Onu (Ocha) rapportait cette semaine que, l'an dernier, plus d'un demi-million de Congolais ont été chassés de leurs foyers par les combats, dont plus de 400.000 pour le seul Nord-Kivu.

"2007 a été la pire année depuis la fin de la guerre au Nord-Kivu", a déclaré Patrick Lavand'homme, directeur du bureau de l'Ocha au Nord-Kivu.

Nkunda a pris, en 2004, le maquis avec 4.000 combattants afin, a-t-il dit, de protéger la minorité tutsie de l'est du Congo des attaques de rebelles hutus rwandais.

Kabila, qui a promis de pacifier la région, a convoqué la conférence de paix de Goma après l'échec, le mois dernier, d'une offensive gouvernementale contre les hommes de Nkunda.

Avec Joe Bavier à Kinshasa, version française Nicole Dupont

 

 

Reuters

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