Nord-Kivu: calme précaire après trois jours d’affrontements.

AFP

24/11/07

 

fardc_en_patrouille.jpgGOMA (AFP) — Un calme précaire régnait samedi au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), après trois jours de combats entre l'armée et des soldats insurgés ralliés à l'ex-général Laurent Nkunda que les forces régulières semblent décidées à désarmer de force.

"La situation est relativement calme ce matin", a déclaré à l'AFP le colonel Jean-Claude Mosala, commandant des Forces armées de RDC (FARDC) dans le secteur de Rugari, à 30 km au nord de la capitale provinciale Goma.

"Hier (vendredi) vers 20H00 (18H00 GMT), les insurgés ont lancé des roquettes en direction de la population à Rugari. Selon nos premières informations, une femme est morte et un homme a été blessé", a-t-il ajouté, précisant que ces "informations" étaient en cours de vérification.

Jeudi et vendredi, au lendemain d'une attaque des insurgés sur la ville de Rutshuru (plus de 50 km au nord de Goma), d'intenses combats à l'arme lourde (mortier, mitrailleuses) se sont déroulés dans les collines de Rugari.

Les soldats loyalistes avaient pour objectif de "déloger des insurgés", installés dans ce secteur depuis plus de deux mois, pour sécuriser l'axe routier menant de Goma à Rutshuru, a expliqué le colonel.

Il a précisé que ses hommes tenaient le village de Rugari, mais que les insurgés étaient toujours "sur les collines surplombant" cette localité.

A quelques kilomètres au nord, dans les collines de Kokwe et Bukima, à l'est du camp militaire de Rumangabo, où des accrochages ont été signalés vendredi, aucun combat n'a été rapporté samedi, a indiqué à l'AFP le colonel Joseph Tokolonga, basé à Rumangabo.

Les FARDC ont affirmé n'avoir encore "aucun bilan" de ces derniers combats.

De son côté, la Mission de l'ONU en RDC (Monuc) n'a rapporté aucun nouvel incident depuis vendredi soir. Ses troupes au Nord-Kivu – où sont positionnés 4.500 de ses 17.600 Casques bleus – sont toujours en état d'alerte, mais ne sont pas intervenues ces deux derniers jours.

Le camp Nkunda a affirmé vendredi qu'en dépit d'intenses "bombardements", les FARDC n'étaient pas parvenues à les déloger du secteur de Rugari.

Depuis la fin août, le Nord-Kivu est le théâtre d'affrontements entre les FARDC, qui y ont massé plus de 20.000 hommes, et quelque 4.000 soldats insurgés ralliés à Nkunda.

Tutsi congolais, Laurent Nkunda refuse de désarmer et se pose en défenseur de sa communauté contre les rebelles hutus rwandais basés dans l'est de la RDC et actuellement estimés à 6.000 par l'ONU. Il accuse l'armée de pactiser avec ces rebelles, dont certains ont participé au génocide rwandais de 1994, essentiellement dirigé contre les Tutsis.

Après trois mois de crise, qui ont entraîné le déplacement forcé de dizaines de milliers de civils, le chef de l'armée congolaise s'est dit mercredi déterminé à mettre fin à "l'aventure de Nkunda".

Trois blindés sont récemment arrivés à Goma et quatre autres pourraient rapidement y être acheminés, pour renforcer la sécurisation de la ville. Une quantité importante de munitions et d'armes automatiques a aussi été livrée aux FARDC en novembre, selon des sources sécuritaires occidentales.

FARDC et Monuc ont annoncé la préparation d'opérations militaires pour désarmer de force les insurgés, sans toutefois fixer d'échéance précise.

Les FARDC – qui ont reçu en octobre le feu vert du président Joseph Kabila pour désarmer les soldats dissidents d'ici à la fin de l'année – semblent cette fois "déterminées à en finir avec Nkunda", mais il est difficile de savoir quand précisément sera lancée une offensive d'envergure, selon un observateur basé au Nord-Kivu.

Et si la Monuc participe à la préparation de plans militaires, elle n'a pas clairement indiqué si elle prendrait part aux opérations elle-mêmes, en dehors de l'habituel soutien logistique apporté aux FARDC.

 

Agence France Presse

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