Pas d’ex-rebelles du Kivu au gouvernement.

Marie-France Cross

22/02/10

 

m._muzito.jpgEvoqué depuis des mois, le remaniement n’a pas posé les gestes d’ouverture attendus. Un cabinet resserré inclut beaucoup de nouvelles têtes au profil politique incertain.

Annoncé depuis plusieurs mois, le remaniement du gouvernement congolais est finalement tombé tard dans la nuit de vendredi à samedi.

On en attendait une ouverture aux ex-rebelles du Kivu ralliés à l’armée (CNDP de Laurent Nkunda principalement, voire des maï maï pro-Kabila) depuis le début 2009 mais, selon Reuters, qui cite les services du Premier ministre, il n’en est rien, contrairement à ce que la présence de plusieurs nouveaux "non identifiés" a pu laisser croire un moment. Pour les spécialistes du conflit kivutien, c’est une mauvaise nouvelle : il importait, selon eux, de consolider l’intégration des rebelles dans l’armée par une intégration politique à Kinshasa.

La nouvelle équipe reste sous l’autorité du Premier ministre Muzito, dont la gestion est contestée. Elle est toutefois ramenée de 54 à 43 membres "par austérité" commente-t-on à Kinshasa.

Selon l’agence indépendante congolaise APA, la particularité de ce remaniement est le regroupement de portefeuilles et le maintien à leurs postes des ténors du cabinet sortant : Alexis Thambwe (Affaires étrangères), Olivier Kamitatu (Plan), Antipas Mbusa Nyamwisi (Décentralisation).

Le poste de vice-ministre chargé des Congolais de l’étranger est supprimé.

Dans les sortants, on note Pierre Lumbi, négociateur "du contrat du siècle" avec les Chinois (remanié en 2009, sous la pression des institutions de Bretton Woods), désigné conseiller spécial pour la sécurité du président Kabila.

Autres départs marquants : ceux d’Athanase Matenda, surnommé "Monsieur 40 %", du ministère des Finances, et de Michel Lokola (Budget). Le premier est remplacé par Matata Ponyo Mapon, ancien directeur général du Bureau central de coordination (BCECO).

Sur 43 ministres et vice-ministres, 20 sont nouveaux, dont une partie sont des inconnus. Parmi les nouveaux, on note l’arrivée, à l’Economie, de Jean-Marie Bulambo Kilosho, un Lega du Sud-Kivu, âgé de 58 ans et ancien dirigeant de la mutuelle ethnique Lusu-Lega; élu député provincial et national pour le PANU, en 2006, il avait opté pour l’Assemblée nationale après avoir brigué en vain le poste de gouverneur du Sud-Kivu. Le Pr Jean Omasombo, dans son "Who’s who" (1) note avec préoccupation "son activisme débordant, voire inquiétant par son attrait pour l’argent".

Parmi les autres nouveaux, on note des gens originaires du Katanga : Richard Muyej Mangez (PPRD, le parti de Joseph Kabila) aux Relations avec le Parlement; Victor Makwenge Kaput à la Santé publique (un poste qu’il occupa en 2007). Et du Bandundu : Laure-Marie Kawanda Kayena (PALU, parti du Premier ministre Muzito), ex-vice-ministre des Transports en 2007 et présidente du conseil d’administration de la Compagnie maritime du Congo depuis 2008; Anicet Kuzunda Mutangiji à l’Industrie, élu indépendant rallié à la majorité présidentielle pour Kinshasa et ancien de la Sotexki.

Parmi les trois vice-Premier ministres figure Nzanga Mobutu, qui garde le même domaine d’intervention (Besoins sociaux de base), où il n’a guère fait parler de lui, en devenant ministre de l’Emploi, du Travail et de la Prévoyance sociale. Deux nouveaux venus ont le même rang.

D’abord, Adolphe Lumanu Mulenda, un Songye du Kasaï licencié en Sciences politiques et administratives et enseignant à l’université de Lubumbashi et à celle de Kinshasa, qui était directeur de cabinet de Joseph Kabila depuis un an après avoir été conseiller politique de Mobutu; il a été élu (PPRD) en 2006 et passe pour proche d’Augustin Katumba Mwanke, considéré comme l’homme fort du régime.

Ensuite, Simon Bulupiy Galati, chargé des Postes et Télécommunications : originaire de la Province orientale, il était député (PPRD) en 2006.

(1)Jean Omasombo, "Biographies des acteurs de la troisième république".

lalibre.be

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