Pauline Nyiramasuhuko, reconnue coupable de génocide au Rwanda, condamnée à perpétuité.

AFP

24/06/11

pauline_nyiramasuhuko.jpgLe Tribunal pénal international pour le Rwanda a condamné, vendredi, à Arusha, à la prison à perpétuité l'ex-ministre de la famille Pauline Nyiramasuhuko, première femme reconnue coupable de génocide par une juridiction internationale. Mme Nyiramasuhuko a comparu, depuis juin 2001, avec son fils Arsene Shalom Ntahobali, deux anciens préfets de Butare ainsi que deux anciens maires. Poursuivis pour crimes de génocide et crimes contre l'humanité, les six accusés font partie, selon le procureur, des principaux responsables des massacres de Tutsi à Butare, au sud du Rwanda, en 1994.

Sans eux, "le génocide n'aurait pas été possible à Butare", a déclaré, à l'ouverture d'un long réquisitoire, le 20 avril 2009, Holo Makwala. La magistrate tanzanienne avait ensuite particulièrement accablé l'ex-ministre. "Pauline Nyiramasuhuko n'était pas seulement une grande figure ; elle a été impliquée dans les massacres et les viols qui ont été commis à Butare", a soutenu Mme Makwaia. "Au lieu de protéger les familles comme le stipulait le mandat de son ministère, elle a décidé d'exterminer les familles", avait-elle poursuivi. "Shalom Ntahobali n'était pas loin de sa mère ; il a tué et violé", avait également accusé la représentante du procureur.

Prenant le relais, la Canadienne Madeleine Schwarz, représentante du bureau du procureur, avait abondé dans le même sens, accusant l'ex-ministre d'avoir ordonné à son fils, aux miliciens et aux soldats de tuer les hommes tutsi, de séquestrer, violer et mettre à mort les filles et les femmes tutsi.

Deux jours plus tard, la défense de l'ex-ministre contre-attaquait. "C'est une abomination que de prétendre que Pauline Nyiramasuhuko est allée jusqu'à ordonner à son fils de violer des jeunes femmes tutsi", s'était indignée Me Nicole Bergevin, l'avocate principale de l'ex-ministre. "Nyiramasuhuko n'est pas coupable de ces allégations abominables portées contre elle", avait ajouté l'avocate québécoise, appelant la chambre présidée par le Tanzanien William Hussein Sekule à acquitter l'ex-ministre.

Le deuxième avocat de Pauline Nyiramasuhuko, Guy Poupart, également du barreau du Québec, avait dénoncé une campagne visant à diaboliser les membres du gouvernement en place pendant le génocide. Plaidant également l'acquittement, l'avocat de Shalom Ntahobali avait fait état de graves contradictions dans les témoignages à charge et souligné que plusieurs accusateurs n'étaient même pas parvenus, lors de leur comparution, à reconnaître l'accusée dans le prétoire. Les avocats des autres accusés ont également demandé l'acquittement.

Née dans une modeste famille du sud du Rwanda, Mme Nyiramasuhuko est entrée, après ses études primaires, à l'Ecole sociale de Karubanda dans sa région. En 1986, alors quadragénaire, elle reprend des études sanctionnées par une licence en droit en 1990. En avril 1992, elle est nommée ministre de la famille et de la promotion féminine dans le premier gouvernement multipartite. Elle sera reconduite à ses fonctions en 1993, puis en 1994, pendant le génocide. Après la victoire militaire du Front patriotique rwandais (FPR), elle s'est réfugiée à Bukavu dans l'est de l'ex-Zaïre. C'est alors que les organisations internationales des droits de l'homme commencent à la mettre en cause. Elle sera arrêtée au Kenya en juillet 1997 et transférée, pour jugement, au TPIR.

Source: AFP

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