Présidentielle en RDC: l’opposant Tshisekedi appelle à un meeting à Kinshasa.

AFP

27/11/11

 

tshisekedi_bloqu.jpgKINSHASA(AFP)- L'opposant Etienne Tshisekedi, candidat à la présidentielle de lundi en RD Congo, a décidé dimanche de défier le pouvoir en appelant ses partisans à un meeting à Kinshasa, malgré la fin de la campagne électorale samedi à minuit, et appelé au départ du chef de l'ONU dans le pays.

A 78 ans, l'irréductible politicien et opposant historique au maréchal Mobutu, qui avait boycotté l'élection présidentielle de 2006, semble cette fois déterminé à aller jusqu'au bout de son tout dernier combat politique.

Il a appelé ses partisans à un meeting à 15H00 (14H00 GMT) au stade des Martyrs, "pour récupérer le temps perdu" samedi, a déclaré à l'AFP un de ses proches.

Samedi, le leader de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) avait été "privé" de meeting dans la capitale, plutôt acquise à l'opposition, à la suite de l'interdiction soudaine de tous les rassemblements après la mort d'un homme par jet de pierre, officiellement "pour préserver la sécurité publique".

Peu avant avant l'heure prévue du meeting dimanche, les abords du stade étaient calmes et aucun partisan de l'UDPS ne s'y pressait, a constaté un photographe de l'AFP.

Etienne Tshisekedi, qui début novembre appelait à "casser les portes des prisons" pour libérer ses "combattants", comptait visiblement sur ce rassemblement pour montrer sa force face au "candidat n°3", le jeune président sortant Joseph Kabila, 40 ans, dont le numéro a été martelé par les médias officiels pendant un mois de campagne.

De plus, samedi, le leader de l'UDPS a été privé de liberté de mouvement pendant huit longues heures, bloqué par la police à l'aéroport principal de Kinshasa à son retour de province.

Une demi-heure avant la fin de la campagne samedi à minuit, il a été contraint par la force de quitter l'aéroport et de regagner Kinshasa sous escorte policière.

Peu avant il avait refusé d'être escorté par la Mission de l'ONU (Monusco), accusée d'être "complice du pouvoir".

les_balles.jpgDimanche lors d'une conférence de presse à son domicile, M. Tshisekedi a demandé au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de "rappeler immédiatement" le chef de la Monusco, l'Américain Roger Meece, accusé d'"amitiés" avec le pouvoir en place et de le remplacer par "quelqu'un de "plus impartial et compétent".

Selon lui M. Meece a passé trop de temps en RD Congo, où il a été ambassadeur notamment en 2006, année de la dernière présidentielle, ce qui "l'empêche de jouer son rôle d'arbitre international".

Samedi les partisans de l'UDPS s'étaient fait disperser violemment par la police à coups de gaz lacrymogène, matraque et balles, autour de l'aéroport et sur le lieu prévu du meeting à Kinshasa.

Appels à la "retenue"

Dans la nuit de samedi à dimanche, le ministre de l'Intérieur Adolphe Lumanu a estimé que la campagne s'était déroulée normalement" malgré "quelques incidents", faisant toutefois état de deux morts samedi à Kinshasa. L'UDPS évoque de son côté une dizaine de morts.

La "neutralisation" de Tshisekedi était en revanche vivement condamnée dimanche par la Mission d’observation électorale de l’Union européenne qui a déploré cette "opération policière (…) contre le convoi d’un candidat présidentiel et les interpellations" opérées.

Pour l'UE il s'agit de "graves entraves au droit de mener campagne et au principe d’égalité qui devrait prévaloir".

L'UE a également "déploré une gestion désordonnée et improvisée des derniers rassemblements de campagne de plusieurs candidats présidentiels par les autorités de la capitale", parlant d'une restriction de "l’expression des opinions et des libertés de réunion et de manifestation".

Face à ce regain de tension, Ban Ki-moon a appelé dimanche à la "retenue" et au respect du "verdict des urnes". Il a tenu "à souligner la "responsabilité" du gouvernement congolais pour "assurer un environnement sécurisé pour les élections".

De son côté, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a affirmé devant toutes les missions d'observateurs que les élections auront bien lieu lundi.

"Nous sommes dans le bon et demain (lundi) les bureaux vont ouvrir le matin. (…) D'un point de vue technique il n'y a pas de report", a déclaré le pasteur Daniel Ngoy Mulunda.

© 2011 AFP

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