RDC : Des signes qui ne trompent pas.

Antoinette K. Kankindi

Nairobi, 04/04/07

monuc_goma.jpgLe nouveau représentant de l’Union Européenne dans les Grands Lacs, Mr Roeland Van De Geer a dit aux journalistes à Kigali le week-end dernier que son organisation veut faire du lobbying pour un renforcement de la MONUC en RDC. Il est convaincu que c’est la solution qui neutraliserait les groupes de rebelles qui déstabilisent la région. Il pense qu’il faut améliorer la capacité de la MONUC afin de lui permettre d’affronter les groupes rebelles. Cette initiative, selon lui, devrait inclure de la pression politique, diplomatique et militaire contre les insurgés dans différents secteurs de la région et de toute la RDC.

Il pense également que le Conseil de l’Union Européenne devrait convaincre les pays membres qui contribue à la MONUC de considérer un renforcement et extension du mandat de la MONUC de telle sorte qu’elle puisse exercer efficacement une forte pression militaire sur les milices armées. En bon diplomate, il a tenu aussi à préciser qu’avant cette intervention l’Union Européenne procéderait d’abord à une reforme du secteur de la sécurité dans les Grands Lacs avec une perspective africaine en partageant l’expérience sécuritaire Européenne avec l’Union Africaine afin de mener à bien une transformation réussie. Ces intentions montrent toute la bonne volonté du nouveau représentant de l’Union Européenne dans les Grands et bien sûr celle de l’organisation qu’il représente. Néanmoins, quelqu’un du terroir a du mal à ne pas lire, entre les lignes, des signes qui ne trompent pas.

 

A en croire les résultats du mandat de la MONUC à ce jour, l’on se demande si la solution aux problèmes de sécurité en RDC est une affaire de renforcement d’une mission qui a échoué lamentablement sur plusieurs fronts. Les propos de Van De Geer passent stratégiquement sous silence le fait que la MONUC a été très souvent une sorte de spectateur autorisé des exactions aussi bien des FARDC que des FDLR, et que pratiquement les populations la perçoivent comme complice.

 

Mais d’autre part, s’ils sont à la recherche d’une approche africaine à la sécurité dans les Grands Lacs, Mr Van De Geer et son organisation ont une belle occasion de redorer le blason de la communauté internationale que la MONUC est en voie de ternir. Il y a des africains, bien plus des congolais, engagés, à leur corps défendant,  à « nettoyer » la case des Grands Lacs. Les brigades récemment mixées au Nord-Kivu sont des troupes injectées d’éléments très disciplinés ayant à cœur la cause de la terre de leurs ancêtres et de leur peuple beaucoup plus que n’importe quelle organisation géopolitique ou philanthropique.

 

Si l’Union Européenne décidait de donner son appui à ces enfants des Grands Lacs, elle contribuerait plus rapidement et plus efficacement à rétablir la paix dans cette partie du monde. Il y a des preuves empiriques évidentes qui montrent que maintenir la MONUC, la renforcer ou étendre son mandat risque de continuer à retarder une solution africaine et congolaise à la crise des Grands Lacs, si pas la bloquer. En tout cas dans les Kivus, sa connivence avec les FDLR est une sorte de bombe à retardement. Il n’est pas juste d’en faire porter le poids aux contribuables européens indéfiniment !

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