RDC : Encore une fois, le pouvoir tourne les armes contre la démocratie.

Antoinette K. Kankindi

Orléans, 16 Octobre 2007

fdlr_prisoners.jpgA une dizaine de jours de son rendez-vous avec son homologue à Washington, le président de la RDC se trouve au front de sa guerre qu'il a voulue envers et contre le bon sens et la responsabilité politique. Cette position négative l'est non seulement vis-à-vis de l'électorat qui lui a donné le plus de voix, mais aussi vis-à-vis de la stabilité de la région. Les observateurs n'ont pas cessé de montrer que son attitude ferait comme première victime une minorité bien connue. Les FDLR qui constituent le fer de lance de sa guerre sont installées depuis trop longtemps au Kivu avec l'accord du pouvoir dans la volonté de celui-ci d'empêcher le retour des réfugiés Tutsis et d'exterminer ceux qui sont sur place. C'est en fait une étape fondamentale dans leur dessein d'attaquer militairement le pouvoir dans leur pays d'origine. Elles ne s'en cachent pas d'ailleurs.

La connivence de Kinshasa avec ces forces dans leurs sinistres plans à court et à moyen terme n'est pas une invention du CNDP, mais leur propre aveu. Elles affirment sans ambages, à qui veut l'entendre, que le président de la RDC ne fait qu'exécuter les accords que ces forces négatives avaient conclus avec son père il y a presque dix ans maintenant. Et cette fois-ci le monde ne dira pas qu'il ignorait ce qui se passait. Le CNDP constitue le seul rempart contre la méga déstabilisation régionale que Kinshasa s'obstine poursuivre en se liant avec les rebelles étrangers de tous bords. Les plus dangereux étant les très célèbres FDLR et la LRA. En ce sens et dans ses objectifs en général, le CNDP devient le défenseur des droits civils à l'instar des mouvements que le pays de l'Oncle Sam a connus depuis l'époque de W.E.B. du Bois, jusqu'à Martin L. King et ceux qui ont continué leur combat jusqu'à la victoire de la justice sur le mal. Le président s'apprête à aller rencontrer le Chef d'Etat d'une nation qui prêche la démocratie car ayant traversé sa propre route vers les droits civils des minorités. Veut-il y aller avec le sang d'une minorité plein les mains ?

 

On dirait que oui. Mais alors, est-ce que les Etats-Unis, et le monde qui se dit démocratique peuvent-ils continuer de voir en cet homme une porte vers la démocratie ? Il sied de rappeler ici qu'il a multiplié l'usage de la force militaire contre la démocratie sans discontinuer, même à l'époque de la transition. Qui ne se rappelle pas du massacre de Gatumba, du massacre du Bundu dia Congo, de l'usage de la force contre Jean Pierre Bemba qui a ensanglanté Kinshasa par deux fois, les massacres que les FDLR ont infligé à la population civile de Kaniola, Walungu, les arrestations arbitraires dont les victimes croupissent encore, Dieu seul sait en quelles galères, etc. On dirait que Joseph Kabila ne sait rien faire de mieux que tourner ses armes contre la démocratie avant même qu'elle ne vagisse, puisqu'il s'acharne à toute opposition, condition d'équilibre de toute démocratie. Sous les yeux, et peut-être avec la complicité de la communauté internationale, il a liquidé froidement la tête d'une opposition élue. Maintenant il s'acharne sur le CNDP, sans trop réfléchir aux conséquences, ou plutôt en les voulant. On se demande que fait vraiment l'américain William Swing dans tout cela. Et que fait le ministre Belge Karel de Gucht ? L'on croit savoir que le 11 de ce mois, pendant que la hiérarchie militaire vociférait contre les insurgés, ce dernier était à la tâche avec les angolais pour consacrer une fois pour toute l'appropriation des territoires de Kahemba par ces deniers. Ce petit détail, qui en fait n'a rien de petit, n'est pas mentionné par la presse nationale ni internationale. Les medias tout comme la Monuc et les autres organismes internationaux opérant en RDC sont tous occupés à asséner des rapports de combats à l'Est dont la gigantesque échelle est voulue pour distraire tout le monde d'autres enjeux tout aussi dangereux que l'insécurité à l'Est. Il n'y a pas d'autres raisons pour expliquer le déploiement spectaculaire de tant de force militaire. La grande diversion pour masquer une toute aussi grande incompétence.

Il faut dénoncer la mauvaise volonté que cache tout ceci. La guerre de Kabila contre Nkunda ne construira pas la république. C'est la négociation avec lui en revanche qui serait un pas vers la construction. La guerre ne fait qu'empêcher les vraies reformes qui doivent commencer par :

         Revoir le système de l'intégration de l'armée et sa refondation en dignité et discipline

         Revoir la méthode de réconciliation à adopter : elle doit  passer par le dialogue, envisager l'amnistie, le retour de Jean Pierre Bemba,  et, au Kivu, elle implique nécessairement la neutralisation des FDLR et le retour des réfugiés

         Compléter le système financier pour faire face à la misère au lieu de remplir les poches des gouvernants au pouvoir à travers l'abus des contrats léonins

         Repenser le système de commerce et l'infrastructure correspondante aux ressources du pays et à ses besoins

         Développer l'enseignement qui se meurt dans la misère comme l'armée

         Considérer les enjeux de la globalisation pour déterminer une stratégie qui en finisse avec les diverses mafias opérant sur le territoire national.

Le président devrait s'atteler à ces tâches urgentes au lieu de perdre le temps à provoquer un génocide. Sa guerre est similaire à la guerre française en Tunisie en 1881, qu'on accusait Jules Ferry d'avoir provoqué comme une guerre de vacance. Car   elle n'était en réalité que pour servir trois sociétés de spéculation qu'un certain Léon Renault essayait d'établir en Tunisie : Bône-Guelma, la Société Marseillaise et le Crédit Foncier. Plus de deux siècles après c'est toujours la même histoire, un pouvoir fait la guerre contre le peuple pour des intérêts privés. Ferry faisait la guerre aux maghrébins, mais notre président s'en prend à son électorat même avec l'accord de son gouvernement. C'est le comble de dé-gouvernement ! En fait c'est une impuissance gouvernementale pire pour le pays que n'importe quelle insurrection. Et les Nations Unies le laissent faire.

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 RDC: Once again, Kabila is turning his guns against democracy

 

Antoinette K. Kankindi

Orléans, 16 Octobre 2007

 

 

Ten days before he goes to meet his counterpart in Washington, the president of the DRC is at the front of the war he is wagging everybody's opinion and against all sense of political responsibility. This negative stand he is taking stubbornly goes against the same people who voted for him overwhelmingly. But it also goes against the stability of the region, especially because of the fact that he is rallying all the negative forces fighting their own governments from the DRC territories. Observers have been warning ceaselessly about the consequences of Kabila's war. Its first victims will be the tutsi minority but also the rest of the population as the massive movement towards Kitchanga has shown since last week. The FDLR spearheading Kabila's assault on the insurgent positions have no pity on the Congolese population Tutsie or not. Their settling in the Kivu with the approval of Kinshasa has been one of the many obstacles for the return of Congolese Tutsis still living in refugee's camps in neighboring countries. Making use of their hatred, Kinshasa is planning to exterminate this minority in both North and South Kivu. For the FDLR, this is a necessary stage in their plan to attack militarily, with the help of FARDC, their own country with the scope of overthrowing the governing leadership in Kigali. They do not hide this and Kabila is very much aware of where he is taking the country. The complicity between Kinshasa and FDLR is not an invention of the CNDP. They have stated it themselves quite openly when their leader told the whole world that the president of the DRC is simply putting into execution the agreement concluded between them and Kabila father almost ten years ago now. This time, the world cannot say it did not know what was happening. And the CNDP is the last obstacle on the way of the combined destabilizing force of Kabila's army and the FDLR. At the regional level, this destabilizing force includes those rebels fighting the government in Uganda and Burundi from the DRC.

From this point of view and considering its own vision off the Congo, the CNDP is the only defender of the people's civil rights exactly in the same way as the civil rights movements in the US from the times of W.E.B. du Bois to Martin Luther King and those who followed their path until justice prevailed against evil. Kabila is getting ready to meet the Head of State of a nation that preaches democracy because it has won the battle of civil rights. So now the question is the following: does it make sense that he goes with his hands full of the blood of his people, only because his government is opposed to negotiations?

Apparently that is what he wants. He has spent the week-end in Goma convincing the provincial assembly to back his war. It seems that he has even threatened the Monuc to fight for him or to leave the country. Pure ingratitude. But then, is the United States and is the whole democratic world going to still consider Kabila as a democrat? It is worth recalling here that he has multiplied with no interruption the use of his guns against democracy since the transitional period. Who does not remember the Gatumba massacre, the Bundu dia Kongo massacre, the use of force against Jean Pierre Bemba pouring blood into the streets of Kinshasa twice, the massacres perpetrated by FDLR in Walungu and Kaniola, the arbitrary imprisonment of political opponents, etc.

It is to be feared that Kinshasa does not know any other way of solving problems than turning his guns against democracy, even before it comes to life. The fierce attacks against all opposition, condition to a balanced democracy are true crimes. Under the eyes and may be with the complicity of the International Community, Kabila coldly got rid of the elected head of the opposition. Now he wants to do the same with the CNDP. He does not care about the consequences of his war. He is even looking for them with the blind supposrt of his government. He spent the whole Monday blackmailing the delegation headed by William Swing in Goma. He is sure of using his military hierarchy to force the provincial government to back him. The alternative he is giving to those who helped him win the elections is "you fight Nkunda for me or you live the country". It will be interesting to see how William Swing deals with the stubborn power in Kinshasa and the xenophobic leaders.

What about the Belgian Karel de Gucht? When the self-proclaimed minister of war was spitting fire against the insurgents, he was, since the 11th October, working out the fate of Kahemba with the Angolan delegation in Belgium. A small detail which, isn't that small. The media, the Monuc and all NGOs operating in DRC are not speaking about it. But it would not be a bad idea to read in the gigantic and spectacular display of forces in the East another occasion to divert people's attention from bigger deals taking place elsewhere, at least as dangerous as the insecurity in the Kivu. A grand and bloody diversion meant to hide a grand incompetence.

The world has to denounce the bad will behind all this. Kabila's war against Nkunda is not building a democratic republic. Only dialogue can do it. A part from its xenophobic target, the war is also delaying the true reforms needed urgently:

         Review the system of restructuration of the army and how to regain its honor and dignity

         Review the method and content of reconciliation to be adopted: dialogue is a must, so is amnesty, Bemba's return, and in the Kivu it means first and foremost, neutralization of FDLR and return of refogees.

         Implementation of the financial system to stop channeling all the wealth into the leaders pockets without alleviating people's misery

         Rethink the trade system and infrastructure

         Develop a new educational system since the existing one is collapsing like the army

         Consider the implications of globalization with the scope of getting rid of all the mafias looting the country.

These are the tasks that the Kinshasa government should tackle instead of building up a genocide. By wagging war against his electorate, Kinshasa is showing how a government can be worse than an insurgent. The United Nations are just letting this happen passively.

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