RDC: Hutu rwandais et congolais réunis contre “l’envahisseur tutsi”

AFP

05/12/08

 

parecos.jpgNYAMILIMA- On les appelle les "F". Sur ce bout de route perdue de la province du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), les paysans, toujours prudents, hésitent à désigner les rebelles hutu rwandais par leur nom.

A la faveur d'un retrait des rebelles congolais du Tutsi Laurent Nkunda, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) ont repris cette semaine le contrôle d'une route menant à la frontière ougandaise.

Bottes de caoutchouc, armement conséquent et la plupart en treillis vert olive, les FDLR patrouillent entre les localités de Kiwanja et Nyamilima (80 et 120 km au nord de Goma).

Presqu'aucun véhicule ne circule dans cette zone contestée, abandonnée par l'armée régulière et où pullulent les groupes armés plus ou moins identifiés. Pas de Casques bleus non plus à l'horizon.

"C'est sécurisé!", assure un milicien qui se proclame fièrement "FDLR", occupé, à l'ombre d'un manguier, à regarder les paysannes en pagnes revenant des champs.

Après avoir fui par milliers jusqu'en Ouganda l'avancée des hommes de Nkunda, la population miséreuse — majoritairement hutu congolaise mais d'expression rwandophone — vaque de nouveau à ses occ

Les FDLR, dont certains ont participé au génocide de 1994 au Rwanda, sont installés dans la région depuis des années, avec pour éternel projet de rentrer chez eux combattre le régime de Paul Kagame.

Les villageois les connaissent. Comme cette femme pliée sous un lourd sac de bois qui, sans hésitation, désigne un groupe de miliciens assis devant une casemate de boue séchée: "là: c'est FDLR".

Les rebelles rwandais se partagent le contrôle de cette partie du Nord-Kivu avec un autre groupe armé, frère jumeau et acteur local incontournable, les Patriotes résistants congolais (Pareco).

Disciplinés, bien équipés, vêtus d'uniformes impeccables et semblables eux aussi à ceux de l'armée congolaise, les Pareco contrôlaient jeudi le bourg de Nyamilima.

En majorité Hutu, anciens membres des forces gouvernementales, les Pareco se disent alliés à Kinshasa. "Nous avons pour objectif de défendre les populations menacées par les envahisseurs tutsi venus du Rwanda", explique le colonel James Nzita Kanyana, commandant de la "7e brigade" du territoire de Rutshuru.

Protégé par une dizaine d'hommes en armes lui obéissant au doigt et à l'oeil, ce quadragénaire reçoit dans les locaux de la paroisse de Nyamilima après en avoir aimablement demandé l'autorisation au curé. "Nous sommes Congolais", affirme-t-il, rejetant tout amalgame avec les FDLR.

"Chaque groupe a son organisation, mais nous collaborons parfois: nous pouvons intervenir en renfort pour soutenir l'un ou l'autre, car nous combattons le même ennemi".

En apparence, presque rien ne distingue les Pareco de leurs compagnons d'armes rwandais, si ce n'est peut-être leur béret vert. Comme pour alimenter un peu plus la confusion, certains Pareco, interrogés en kinyarwanda, reconnaissent être membres des FDLR et s'expriment avec un fort accent rwandais.

Pour le colonel Kanyana, ce sont ses éléments Pareco qui contrôlent la route jusqu'à Kiwanja. Alors pourquoi s'y présentent-ils comme FDLR ? Les rebelles hutu rwandais "sont présents dans la zone", concède-t-il avec une certaine gêne.

Sous couvert d'anonymat, un notable local avoue s'y perdre un peu lui même. "Tous ces groupes changent souvent d'étiquette en fonction des opérations ou de leurs interlocuteurs. Les FDLR ont mauvaise réputation, ils veulent se camoufler".

Mais une chose est sûre: à côté des miliciens Maï-Maï réputés pour leur indiscipline, et autres "bandits" qui se promènent dans la brousse, "les FDLR et leur doubles des Pareco sont de vrais militaires, disciplinés et efficaces".

Vendredi à Goma, les gouvernements congolais et rwandais ont approuvé un plan militaire conjoint contre les FDLR. Ce plan ne prévoit pas d'actions contre les Parecos. Mais, en prévision de cette opération, les Parecos ont été clairement sommés par Kinshasa de se désolidariser des rebelles rwandais, selon un haut responsable congolais.

 

 

AFP

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