RDC : Kabila chez Bush et à l’Assemblée Nationale, on tergiverse.

Antoinette K. Kankindi

Navarre, 26/10/07

 

china.jpgLes nouveaux mercenaires

Bob Denard est mort, mais l'Afrique centrale s'est trouvée, avec l'appui indéfectible de la France, de nouveaux mercenaires d'un type qui massacre avec encore moins de scrupule que Bob Denard. Celui-ci n'avait jamais nié travailler pour le compte de la France. Nous devons à feu François-Xavier Verschave des éclaircissements à propos de cette France pour laquelle Bob Denard travaillait. Il s'agissait bien de la «Françafrique».   Ses ténors sont aux abois au Congo aujourd'hui, principalement à cause de l'invasion chinoise. En effet, un homme d'affaires français se plaignait cette semaine. Selon les dires de la très « françafrique » revue Jeune Afrique, il affirmait : «  On ne joue pas avec les mêmes armes (que les chinois). Avec plus de 1.300 milliards de réserves monétaires, Pékin fait la pluie et le beau temps et n'a pas de mal à prendre à contre pieds les agences occidentales de coopération bilatérale, le FMI et la BM dont les règles de jeu désuètes et les remèdes douloureux n'intéressent plus personne en Afrique  ». Voilà quelqu'un qui est en droit d'être aux abois car il sait que, pour défendre ses intérêts, son pays a opté pour l'utilisation d'un mécanisme néfaste : le génocide en Afrique des Grands Lacs.

Pendant que les officiers FDLR capturés par les forces du CNDP avouent tous les jours qu'ils sont à la solde de Kabila, avec mission de parachever le génocide commencé au Rwanda et qu'il faut étendre aux tutsis congolais, les médias congolais se félicitent du gèle des avoir d'un Nkunda par le président des USA. J'ignore si celui-ci peut vraiment geler quelques vaches dans les prairies du Masisi, mais peu importe. La « françafrique » continue à faire croire à Kabila que les FDLR peuvent en finir avec Nkunda avec l'appui de l'autre très « françafrique » force, la MONUC. L'on se demande quel calcul fait la diplomatie française et kabiliste avec cette guerre contre Nkunda, et qu'est-ce que cela pèserait dans la balance d'intérêts face à la toute puissante Chine.

N'est-on pas en train de se tromper de guerre à Kinshasa ? Vaut-il la peine d'embraser une fois de plus la région inutilement ? Car il y aura embrasement de la région aussi longtemps que Kinshasa continue à s'allier avec les FDLR ; aussi longtemps que la MONUC combattra aux côtés des génocidaires contre quelqu'un qui ne fait que défendre les droits les plus élémentaires énoncés par la déclaration des droits de l'homme signée en 1948, exactement pour éviter les horreurs que Kabila et ses alliés sont en train de perpétrer au Kivu. De toute façon, pour l'instant, ils ne sont pas en mesure de crier victoire, ce qui se passe sur le terrain le démontre.

Cependant les mauvaises habitudes ne meurent pas. On le voit dans les tactiques, encore une fois très « françafrique » qu'adopte Kinshasa. C'est bien sûr Jeune Afrique qui nous renseigne que «  dans les milieux diplomatiques à Kinshasa, certains ne voient qu'une seule issue à la crise qui actuellement déchire le Nord-Kivu : le départ en exil du général dissident Laurent Nkunda. Une destination a même déjà été trouvée, l'Afrique du Sud  ». Jeune Afrique brandit ainsi la stratégie de la « françafrique » qui a déjà fonctionné contre l'opposant de Kabila aux élections subventionnées par elle. Kinshasa tombe dans le panneau en croyant que c'est si simple de se débarrasser des adversaires politiques. L'on continue à penser qu'après le coup de l'exil de Bemba c'est cela la mesure qu'il faut prendre contre quiconque s'oppose à l'incapacité du pouvoir de défendre ses citoyens. En plus il ne faut pas oublier qu'il y a encore des congolais capables d'un idéal légitime, et par conséquent, disposés à le défendre jusqu'au dernier, plutôt que d'abandonner, soit-il pour un exil doré. Tout le monde n'est pas corrompu ! Et puis c'est Kabila qui utilise la guerre en oubliant que celle-ci n'est jamais un droit, tout comme il semble oublier que l'exil des opposants est la preuve d'un mépris grossier de la démocratie digne des dictateurs de la pire époque de la guerre froide.

On tergiverse à l'Assemblée Nationale

Pendant que le Raïs essaiera de justifie sa gestion calamiteuse d'une victoire électorale aux frais des contribuables occidentaux, à l'Assemblée Nationale on essaie de courir tous les lièvres à la fois sans en attraper aucun. Rappelons que le moratoire sur la double nationalité des députés et sénateurs expiré il y a belle lurette n'est plus un problème. Et comme qui ne dit mot consent, on se dit bien que le principe de la double nationalité est en train d'être entériné par défaut.

Alors on tergiverse sur deux questions : la loi sur la décentralisation et le phénomène Nkunda. Nous apprenons qu'il faut 1 milliard 300 millions de dollars pour créer les 26 provincettes qui créeront, à leur tour, plus de chaos qu'autre chose. Mais les députés n'osent pas résoudre la question de la tutelle de ces provinces, ni celle de l'omniprésent contrôle de l'Etat sur elles. On n'est pas encore sortie de la nébuleuse constitutionnelle (très françafrique justement).

Quant au phénomène Nkunda, les députés n'ont fait que répéter les slogans de Kabila à Goma. Les nombreux députés de la majorité, qui se croient en droit d'appuyer la confrontation guerrière de Kabila contre l'opinion internationale et insensibles à la souffrance d'une partie du peuple, ont oublié que la violence est toujours une défaite. Ils démontreraient plus de courage politique que le Raïs si, une fois pour toutes, ils se décidaient pour le dialogue. Faut-il leur rappeler que le dialogue n'est pas une preuve de faiblesse, mais bien une preuve de courage politique ? Et c'est en cela que, quoi qu'on ne l'aime, il faut reconnaître le courage de Nkunda. La seule manière de cesser de tergiverser à l'assemblée, c'est d'opter pour le dialogue. Il a le mérite de ne pas annuler les différences mais d'en tirer la richesse. C'est seulement par le dialogue interne, pas au niveau de l'UA ni de SADC, que l'on peut dissoudre la méfiance que les députés xénophobes du Kivu ont transposée à l'Assemblée et dont l'armée et le petit peuple du Kivu paient les conséquences. Nous savons que c'est leur poids dans les résultats des élections truquées qui paralyse tout. Quel dommage si cela devrait entraîner une nouvelle guerre régionale.

 

 

 copyright © 2007 Virunganews  

 

 

 

 

Leave a Reply