RDC : La preuve la plus éclatante de l’échec de l’intégration des FARDC.

Antoinette K. Kankindi

14/12/07

 

fardc.gifPour une toute première fois le Potentiel a reconnu cette semaine, que l’option militariste pour ne pas dire guerrière ou belliqueuse du gouvernement de Kinshasa était unilatérale, et qu’elle a été prise contre l’opinion de tout le monde y compris des parrains du régime. Il était temps de se rendre à l’évidence. Il y a d’autres acteurs publics en RDC qui devraient se rendre à l’évidence. Spécialement la hiérarchie militaire qui a soutenu Joseph Kabila dans cette guerre que nous avons eu le temps de qualifier d’irresponsable d’abord et ensuite d’inutile. Rien pour l’instant ne fait croire que nous ayons eu tort ! Même après le retournement de la situation de ces derniers jours, l’autoproclamé ministre de guerre a tenu
à souligner que son armée avait opéré simplement un repli stratégique pour se réorganiser et redéployer une nouvelle offensive. On suppose qu’il ait dit ça aux micros soit des journalistes de l’ONU, soit de ce qu’on peut appeler des journalistes inféodés à sa cause. Aurait-il le courage de dire la même chose aux villageois qui ont vu l’armée de la république en débandade prendre la poudre d’escampette? Mais la chose la plus révoltante est qu’il ait dit que son armée se réorganise pour continuer la guerre contre le CNDP, car c’est Nkunda qui a porté la guerre dans la province. Son
excellence le Ministre de guerre ne semble plus se rappeler qui a déclaré la guerre à qui, mais le public le sait. Et les observateurs anticonformistes ont dénoncé cette guerre d’un gouvernement contre son peuple, pas à pas. Depuis le mouvement des mercenaires français, la formation progressive de la coalition FARDC-FDLR-MAI MAI- PARECO et le tout dernier FDLK, jusqu’à l’alignement de plus de 20.000 hommes pour en combattre 4.000, sans oublier les déclarations de prise de partie des Forces de l’ONU aux côtés des forces génocidaires et l’implication de troupes angolaises. On n’efface pas l’histoire comme cela, excellence !

Cependant, ce que l’AFP a qualifié de revers cinglant, c’est-à-dire la reconquête opérée par les troupes du CNDP, a quelque chose de très révélateur qu’il vaut la peine de comprendre.  L’opinion en a été surprise d’autant plus que la prise de Mushaki, par la coalition FARDC-FDLR et al, avait été interprétée comme presque l’écrasement du CNDP. En tout cas c’est comme cela que le pouvoir central, provincial et les médias l’avaient présentée. La surprise a été telle que les médias n’ont été autorisés à en parler que le mardi quand la reprise avait eu lieu le samedi. Il fallait ménager le moral de toute la coalition. Tout cela se comprend, par contre, il est très difficile de comprendre la débandade d’une armée qui était
victorieuse quelques jours avant.

Les défaites subies de manière fulgurante par la toute puissante coalition FARDC-FDLR et al, n’est que la preuve la plus éclatante de l’échec de l’intégration de l’armée. Une fois de plus, il faut reconnaître que le CNDP a raison d’exiger une formule plus adéquate à la refondation de l’armée nationale. Une formule autre que le brassage. Si le concept en soi était déjà défectueux, et que le processus d’implémentation s’est révélé encore pire, le résultat pratique sur terrain vient de se révéler désastreux à l’extrême. Il faut noter que ce n’est pas la faute aux soldats. Le CNDP a déjà expliqué à qui veut l’entendre les conditions infra humaines du brassage, le manque d’instructeurs et d’instruction et de programme dans les centres de brassage, etc. Les soldats venus des coins lointains du pays se sont déjà plaints des conditions dans lesquelles ils se trouvent sur les fronts, quoi que ce soit bizarre qu’un soldat se plaigne au front, ce n’est une promenade en villégiature que pour les soldats touristes de l’ONU. En passant il faut rappeler que la MONUC est à la recherche de l’extension de son mandat, après 9 ans d’activité néfaste en RDC. Mais il y a une plus grave raison. Un document sur le détournement des fonds destinés aux programmes de démobilisation par des leaders au pouvoir en connivence avec des expatriés travaillant  aux dits programmes fournirait une donnée intéressante dans la complexe cause de l’échec de l’
intégration. C’est incroyable, mais probablement vrai que quelques bonzes se soit partagés le magot sans se préoccuper du tout de gérer ce point névralgique du pays ! Et cela dure depuis longtemps. Et dire qu’avec cela on a osé entraîner les soldats en une guerre après cela. Y aura-t-il une commission pour enquêter là-dessus ? Peut-être, mais sûrement elle ne résoudra pas le problème.

Encore une fois on se heurte contre le mur d’une mauvaise gouvernance, elle-même résultant de la corruption. On se trouve devant le cas devenu typique en RDC où les Institutions ne tiennent pas promesses. Nous les voyons tous les jours faillir à leur mission soit en prétextant la raison d’Etat (Cfr. tous les paragraphes des discours de Kabila quand il parle de l’insécurité à l’Est), soit en flattant une certaine opinion en recourant au discours de la haine, de la xénophobie, du racisme, de la peur, et de l’exclusion. Voilà comment la République peut mentir, truquer, et pire, trahir. Et voilà pourquoi il faut être vigilant et la tenir responsable, lui demander des comptes de ce qu’elle dit et de ce qu’elle fait. Une vigilance qui échoit à tout citoyen. Elle semble faire malheureusement défaut en RDC, exception faite du combat mené par le CNDP.

 

Ce mouvement affirme n’avoir aucune intention de renverser les Institutions de la République. Il veut seulement exercer ce droit de vigilance que tout peuple souverain soucieux de son propre bien-être devrait exercer afin que la République remplisse ses obligations envers lui. C’est là une revendication d’autant plus légitime qu’elle profite à la nation entière et particulièrement à l’armée nationale d’une part. Et d’autre part, cette revendication est rendue encore plus légitime par la dimension raciste, génocidaire de la guerre que le gouvernement de Kinshasa impose au Kivu, avec participation active de l’ONU, depuis si longtemps, guerre de laquelle le peuple ne tire que des misères. Plus que jamais, le gouvernement est en devoir de négocier avec le CNDP, aussi pour sauver sa face et éviter la honte d’une défaite militaire après une
campagne coûteuse inutilement.

 

 

 

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