RDC: la solution est à Kinshasa.

Marie-France Cros

04/12/08

 

jkk_2008.jpgLes Européens n’étant pas prêts à constituer une force armée pour intervenir au Kivu, on se fixe à nouveau sur un renforcement de la Monuc (Mission de l’Onu au Congo). Celle-ci fait valoir qu’elle compte au Nord-Kivu un Casque bleu pour défendre 1 000 personnes; 17 500 hommes pour un pays grand comme l’Europe de l’ouest. Mais ce n’est pas neuf : on le sait depuis que ce nombre a été fixé. Il représente la moitié des militaires qui furent envoyés en Somalie, en 1993, pour l’opération "Restore Hope", qui avait lamentablement échoué – pour la même raison que la Monuc échoue à remplir sa mission aujourd’hui : les combattants n’avaient pas décidé de faire la paix. Ni Nkunda ni Kinshasa.

Car si Joseph Kabila s’est fait élire comme candidat "de la paix", il a démontré, depuis son élection, un choix constant pour l’utilisation de la violence plutôt que la négociation avec ses adversaires, qu’il s’agisse de la secte Bundu dia Kongo, du MLC (les persécutions envers les partisans supposés de Jean-Pierre Bemba se poursuivent) ou de Laurent Nkunda.

Dans les salons des diplomates, on souligne avec acidité sa tendance à appeler la communauté internationale à son secours quand il perd une bataille, puis à relancer le conflit lorsqu’il croit son armée forte, voire à faire faire "sa" guerre par d’autres soldats que les siens quand ceux-ci – guère payés, guère ravitaillés, pourris par l’impunité – s’effondrent.

Aujourd’hui, le président Kabila est face à un tableau bien noir : son armée en débandade au Kivu; la crise financière qui, frappant les mines et l’industrie, menace ses rentrées financières; le mécontentement social qui va se gonfler du chômage créé par la crise; la Chine qui, à cause de celle-ci, n’achète plus de cobalt et risque de ne pas pouvoir être le sauveur que Kinshasa attendait.

Que reste-t-il à faire, aux dirigeants congolais, sinon prendre le taureau par les cornes ? Résoudre le conflit du Kivu en honorant leurs engagements écrits à rapatrier les supplétifs hutus rwandais et en négociant avec le rebelle Nkunda, qui perdrait alors ses appuis. S’atteler à une vraie réforme de l’armée. Mettre fin à la grande corruption qui nuit à leur crédibilité et aux relations avec leurs partenaires extérieurs. Gouverner, enfin, au lieu de se contenter de gérer les cagnottes du pouvoir.

 

 

La Libre

 

Leave a Reply