RDC: La triche ou la politique de l’autruche!

Antoinette K. Kankindi

Orléans, 19 décembre 2007

malu-malu.jpgL'homme clef du succès électoral de Joseph Kabila et son alliance de la majorité présidentielle refait surface dans une ultime tentative de laver la honte causée par la défaite infligée par le CNDP au plan guerrier du raïs. C'est à l'Abbé Malu Malu, en son temps fustigé par feu le Cardinal Etsou pour avoir été l'instrument de toutes sortes de trucages et corruption électorale, qu'échoit la préparation d'une énième conférence de paix sur les Kivus. Kabila veut s'assurer que la triche puisse continuer, surtout que son lieutenant de triche est un chouchou de la communauté internationale dont la grogne contre sa guerre s'est faite entendre ces derniers jours, assez clairement.

Nous avons eu l'occasion de dire, plusieurs fois, combien la politique belliqueuse comme la violence génocidaire privilégiées par le régime de Kinshasa n'étaient pas seulement une absurdité face aux principes éthiques les plus sacrés qui fondent et nourrissent une vraie démocratie, mais un véritable aveuglement face aux intérêts réels du peuple et de la nation, surtout de son armée, la grande perdante. La destruction massive que le raïs a fait subir à l'Est du pays en y maintenant la poigne génocidaire, augure un infernal horizon d'apocalypse que seule une absence totale de lucidité et de pensée ne permet pas de voir. C'est dans cette absence de lucidité qu'il faut situer la dernière manœuvre rapportée par AFP, à savoir cette nouvelle conférence de paix, qui certainement ne va pas résoudre le problème sécuritaire puisqu'elle n'inclue pas certains protagonistes importants.

Kinshasa enfonce, une fois de plus, sa tête dans le sable comme l'autruche.  Mais si le régime veut survivre, il ne peut pas, rationnellement et raisonnablement parlant, continuer de fonder son destin sur une géostratégie d'intérêts xénophobes et excluant comme c'est le cas si l'on tient compte de acteurs retenus pour cette fameuse conférence. Du bidon encore une fois, de la poudre aux yeux du peuple, de la diversion, tout pour cacher l'humiliation qu'a été la défaite militaire récente. A force de se tromper délibérément de diagnostique, il faut s'attendre à une catastrophe difficile à juguler. L'unique façon d'éviter la catastrophe c'est le dialogue incluant tout le monde et plus particulièrement le CNDP. Si on laisse ce mouvement en marge des négociations de paix, il s'agira, répétons-le, tout simplement de la triche!

 

La position inconfortable dans laquelle la défaite militaire a installé Kabila n'est imputable qu'à lui, aux agents de la françafrique de la Monuc, à ses recrues génocidaires et bien entendu aux xénophobes de la majorité présidentielle. Ces derniers vont faire échouer la paix, et tous les participants n'y verront qu'une nouvelle manière de se faire de l'argent, rien de plus ! Comment voulez-vous faire la paix avec 400 à 600 délégués au sein desquels ne sont nullement représentées les forces militaires qui viennent de mettre en échec l'option guerrière du gouvernement ! Comment voulez-vous que sous l'égide de Malu Malu et Sekimonyo, les tutsis aient jamais une chance de voir leurs revendications tenues en compte ?

Au fond ce n'était pas une bonne idée facile d'impliquer les forces, même corrompues, de l'ONU et l'Angola dans une opération de génocide. Au lieu de chercher une négociation entre belligérants, le rais vient de décider une conférence de paix sans les belligérants. C'est un véritable monologue d'un sourd. De toutes façons, le CNDP qui a pris sur soi la lourde tâche de défendre les droits démocratiques et la vraie reforme ne se laissera pas désarçonner par cette nouvelle mascarade qui ne répond en rien à ses inquiétudes légitimes. Espérons qu'il y a encore du temps pour rectifier le tir avant la tenue de la fameuse conférence. Il faut convenir avec le Dr Kabeya Kandolo du MLC qui estime que la guerre contre Nkunda avait trop misé sur l'implication de la Monuc. Avec bon sens il souligne que «  aucun pays au monde n'a envoyé ses soldats (de la MONUC) mourir pour le Congo. La Monuc ne défendra le pays que dans les limites très précises de son mandat. Par contre, illusion que de penser qu'ils s'enfonceront un jour dans la jungle congolaise à la chasse des rebelles. Négocier, – il insiste- il faudra le faire un jour, avec Nkunda. Avec tous les autres (congolais) aussi. La dégradation de la situation politique et sociale intérieure exige que l'on s'arrête un instant pour faire le point. (…) Il ne faut pas se servir continuellement de la guerre à l'Est pour soustraire à l'attention des congolais les différents dossiers importants (…) ».

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