RDC: Les enfants du M23 et… ceux du T2.

Luigi Elongui

27/06/13

 

luigi.jpg« Nord Kivu : l’examen d’Etat a lieu même dans les zones sous contrôle rebelle, selon les autorités ». Par la voix de son célèbre émetteur, Radio Okapi, la mission onusienne en RDC délivre le 24 juin au M23 une note de bonne gouvernance.

Les relations entre la rébellion et l’enfance se porteraient très bien, selon les journalistes de la MONUSCO.

Pourtant, trois jours auparavant, le ton n’était pas le même.

La revue de presse de la radio avait repris à la une un titre du Potentiel, assez moins flatteur pour l’opposition politico-militaire au gouvernement de Kinshasa : « Kagame tourné en dérision. Des jeunes rwandais refusent de rejoindre le M23 ».  En effet, le 17 juin dernier, le correspondant de l’agence américaine Associated Press à Kampala, en Ouganda, avait fait état dans sa dépêche, d’une demande d’asile adressée depuis une quinzaine de jours aux autorités locales par un groupe de seize écoliers rwandais.

Ceux-ci disaient avoir fui leur pays pour échapper aux fonctionnaires de l’appareil sécuritaire de Kigali qui voulaient les recruter pour le compte du M23.

Reprise par le New York Times, la nouvelle avait été vite considérée par nombreux médias comme une énième preuve du soutien apporté par le Rwanda à la rébellion active dans l’Est de la RDC.

Et au quotidien kinois L’Avenir, de propriété de Jeannette Kabila, la sœur du chef de l’Etat, d’aller plus loin en expliquant comment ce genre d’aide serait à la base des percées militaires du M23: « La prise de cette ville (Goma, NDR) en novembre 2012 était donc un signe visible selon lequel les rebelles du M23 ne pouvaient pas par eux-mêmes prétendre mettre en déroute les FARDC, de même que les casques blues de la Monusco ».

Décidemment, le M23 doit beaucoup aux enfants ! Pour cela peut être, il vient de célébrer (c’était le dimanche 16, à Kiwanja) la Journée de l’enfant africain en présence de ses plus hautes autorités…

Mais, revenons à l’affaire déclenchée par l’AP. Ibn Senkumbi, porte-parole de la police à Kampala, avait à l’occasion déclaré ne pas disposer d’éléments probatoires concernant les allégations des seize étudiants. De son côté Frank Mugambage, l’ambassadeur rwandais en Ouganda, lui, avait affirmé qu’en réalité, le groupe était assigné au programme de réinsertion social Ingando après avoir fraudé aux examens.

C’est dans le but de s’en soustraire, que les jeunes auraient franchi la frontière et essayé de se faire passer par des victimes des services rwandais. L’AP en avait fait à sa manière écho, dont les informations sont souvent politiquement orientées à charge du régime de Paul Kagame.

La saga ne s’arrête pas là et on découvre que les enfants du M23 ne sont pas que de mauvais écoliers. Il y en a qui sont des véritables surdoués. Comme Eric Tuyizeri qui, à quinze ans, est un agent des renseignements éprouvé.

Il avait la tâche d’identifier les positions stratégiques des forces militaires présentes à l’aéroport de Goma, pour ensuite les communiquer au mouvement rebelle.

Tout cela via Facebook… et  grâce à la dotation d’ordinateur, portable et modem, assurés, bien sûr, par les autorité rwandaises qui s’occupent sans discontinuer du recrutement des enfants à envoyer à soutien du M23.

En disserte encore L’Avenir. En date 13 juin, le ‘quotidien indépendant’ nous informe que les services sécuritaires de Kinshasa ont appréhendé Eric, le 10, au centre pour enfants Don Bosco alors que, écrit-on, « s’était déguisé en enfant de la rue ».

Il nous dit pas en revanche, si les auteurs de ce joli coup sont pas hasard les hommes du célèbre centre de renseignements T2, à Goma, spécialisés en tout genre de cabales, et qui ont une prédilection particulière, eux aussi, pour les enfants. Car, selon nos sources à Goma, des fonctionnaires non mieux identifiés aux ordres de Kinshasa procèdent depuis quelques temps à des rafles d’enfants de la rue. Ceux-ci sont ensuite emmenés à Bweremana et dûment préparés à jouer le rôle d’enfants soldats échappés aux rangs du M23.

La présentation à la presse, où des limiers complaisants excellent en ce moment, n’est pourtant pas la conclusion de ce jeu de simulation où des gamins déjà défavorisés sont projetés au-devant de la scène. Ces derniers en fait, sont par suite acheminés à Minova et enrôlés dans l’armée régulière.

Une histoire édifiante avec un final quelque peu paradoxal. 

© VirungaNews

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