RDC: Les “Minings” ne profitent ni au Congo ni à sa population

Nathalie Mbenga

09/02/07

 La Ligue contre la corruption et la fraude (LICOF) en République démocratique du Congo, a récemment dénoncé l’exploitation minière au Katanga. Avant la tenue des élections libres et démocratiques de l´année passée, Global Witness (témoin global en français) a publié également un rapport intitulé Une corruption profonde : Fraude, abus et exploitation dans les mines de cuivre et de cobalt du Katanga qui démontre des pratiques frauduleuses dans l´exploitation minière du cuivre et du cobalt au Katanga, dans le sud-est de la République démocratique du Congo (RDC) en citant nommément les noms des dignitaires congolais au pouvoir. 

«Les entreprises tentent de manière effrénée de s’emparer d’une part toujours plus importante du commerce lucratif des minéraux, en se souciant peu, voire pas du tout, du bien-être de la population congolaise », a déclaré Patrick Alley, directeur de Global Witness.
« Le pillage des ressources naturelles de la RDC continue de mettre en péril les opportunités de paix, de stabilité et de développement du pays», a-t-il ajouté.
Selon Okapi, la radio onusienne qui cite le rapport de la Licof, cette exploitation ne profite ni aux populations de la province, ni à l’Etat congolais.
"Quand une société s’installe, elle doit installer des usines modernes, procéder à l’engagement des autochtones et développer les secteurs sociaux : notamment construire des écoles, des hôpitaux et des habitations pour leurs agents. On voit des gens débarquer ici, ils achètent des bruts, ils partent avec, détruisent les routes, polluent l’environnement, n’engagent personne et quand ils doivent payer, ils ne paient que 1 % sur leurs recettes", explique le président de la LICOF, Oscar Richard Akida.
En effet, les travaux de recherche réalisés par Global Witness ont permis de confirmer l’existence d’un comportement quasi-systématique reposant sur l’exportation illicite de minéraux par la frontière entre la RDC et la Zambie, les représentants du gouvernement et des forces de sécurité choisissant soit de fermer les yeux sur les certificats d’exportation faux ou inexacts, soit d’agir de connivence avec les sociétés de négoce pour les aider à se soustraire aux procédures de contrôle. De grandes quantités de minéraux quittent le pays sans avoir été déclarés, d’où une perte importante pour l’économie congolaise – mais, en revanche, des gains considérables pour un petit nombre d’acteurs puissants.
Depuis des décennies, les décideurs politiques de la RDC, aux plus hauts niveaux hiérarchiques du gouvernement, consacrent leurs efforts à leur enrichissement personnel au moyen du commerce lucratif du cuivre et du cobalt au Katanga, au lieu d´utiliser ces ressources pour développer le pays et la province. Ce type d´appropriation personnelle des minéraux du Katanga à caractère quasiment habituel pour les politiciens de haut niveau s´est poursuivi depuis les début d la guerre et tout au long de la période de transition, de 2003 à 2006, souligne le rapport de Global Witness.
La population du Katanga, qui voit se volatiliser de son pays des bénéfices considérables sans que sa propre situation économique ne s’améliore, manifeste un ressentiment croissant. Un creuseur artisanal du Katanga a ainsi déclaré à Global Witness : « Nous savons que le Congo est riche. Mais malgré ça, nous n’avons même pas assez pour manger. Il y a une seule catégorie de gens à qui cela profite. »
Parmi les recommandations, Globa Witness propose: la mise en œuvre de mesures destinées à éradiquer la corruption, le renforcement des contrôles des exportations, l´amélioration des conditions de travail dans les mines artisanales et la hausse de la transparence et de l’équité des contrats miniers.
Au Kasaï-Occidental
L'entreprise minière russe KCC, demande aux habitants du village Mbelenge situé à une vingtaine de kilomètres de Djokopunda dans le territoire de Luebo,de quitter ce site qu’ils occupent depuis des décennies.
Cette entreprise voudrait ainsi commencer ses exploitations diamantifères. Pour ces villageois, la relocalisation du village leur fera perdre plusieurs avantages tant économiques que culturels. C´est pourquoi ils ont demandé à l'autorité publique de veiller afin que l’entreprise réalise ses promesses en les assistant sur le plan socio-économique avant le déplacement ou d'intervenir pour empêcher cette délocalisation.
Les promesses faites par la société sont alléchantes, a indiqué le commissaire du district du Kasaï. Les habitants de ce village auraient des habitations modernes, avec l’eau potable et l’électricité.
«Nous avons le devoir de nous occuper des intérêts directs de la population. Si ces promesses ne sont pas réalisables, le projet de la délocalisation n’aura pas non plus lieu comme prévu», a fait savoir Oscar Molongi, commissaire du district. Selon lui, ce village ne sera déplacé que lorsque les travaux de nouvelles habitations seront entrepris et achevés.

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