RDC: L’offensive conjointe encadrée.

Marie-France Cros

28/01/09

 

 

La Défense, le chef d’état-major et la Monuc, écartés, sont associés à l’offensive rwando-congolaise.  L’extradition de Nkunda pose des problèmes.

Alors que l’offensive rwando-congolaise contre les FDLR (rebelles hutus congolais issus des génocidaires) continue à se déployer, un plan provisoire pour l’intégration dans l’armée congolaise des ex-rebelles CNDP de Laurent Nkunda et des maï maï (milices congolaises pro-gouvernementales) a été adopté lundi soir à Goma (Nord-Kivu).

Cette réunion a, de facto, servi à embarquer dans l’aventure les acteurs qui n’y étaient pas associés jusqu’ici. En effet, il semble que l’offensive conjointe rwando-congolaise soit, côté congolais, le résultat de l’action du ministre de l’Intérieur, Célestin Mbuyu, et du chef de la police, le général John Numbi, alors que les ministres de la Défense, Charles Mwando Simba, et le chef d’état-major, le général Didier Etumba, disaient n’en rien savoir.

La réunion de lundi à Goma a également permis d’impliquer dans l’offensive la Monuc (Mission de l’Onu au Congo) qui se plaignait amèrement, jusqu’alors, d’être laissée de côté. Tout n’est pas réglé, cependant, car on voit mal comment la Monuc pourrait accepter de travailler avec un Bosco Taganda, chef militaire du CNDP récemment rallié à Kinshasa, alors qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par la Cour pénale internationale (CPI) comme ex-chef militaire du seigneur de la guerre en Ituri, Thomas Lubanga, dont le procès a commencé lundi à La Haye devant la juridiction internationale. La Monuc a proposé de soutenir "sur le plan logistique" l’armée congolaise et le processus d’intégration.

Enfin, participait à la réunion de Goma l’abbé Malu Malu, président du processus Amani de réconciliation au Nord-Kivu – qui a totalement échoué jusqu’ici – mais aussi négociateur pour le gouvernement aux pourparlers de Nairobi (suspendus depuis l’arrestation de Nkunda) entre Kinshasa et le CNDP.

Nkunda : mécontentement

L’arrestation, jeudi dernier, de Laurent Nkunda par le Rwanda, qui l’avait attiré dans un piège (lire LLB du 24/01), a suscité "indignation et tristesse" au sein du CNDP, selon sa direction politique. Selon certaines informations, elle a aussi provoqué le mécontentement d’officiers rwandais, qui auraient empêché son extradition vers Kinshasa, initialement prévue vendredi dernier. "Il est en sécurité", commentait lundi le porte-parole de l’armée rwandaise au sujet de sa mise en résidence surveillée à Gisenyi (Rwanda).

Rappelons que Nkunda, tutsi congolais, avait participé à la conquête du pouvoir au Rwanda par le Front patriotique (FPR); le livrer est donc considéré comme une vilenie par une partie de ses anciens compagnons d’armes. Certains essaieraient de le convaincre d’émigrer dans un pays d’Afrique non-signataire du statut de Rome, qui reconnaît la CPI, afin qu’il y soit à l’abri au cas où celle-ci lancerait un mandat d’arrêt contre lui.

Enfin, la cible de l’offensive conjointe rwando-congolaise, les FDLR, serait en train de se réorganiser sur le terrain kivutien. En vue d’une fuite en avant dans la forêt congolaise ou en vue du combat ? On l’ignore encore.

 

 

 

La Libre

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