RDC: Tirs à Kinshasa, mandat d’arrêt contre Jean-Pierre Bemba.

Reuters

23/03/07

eyoma.jpgPour la deuxième journée consécutive, des tirs à la mitrailleuse et au mortier ont ébranlé la capitale de la République démocratique du Congo, Kinshasa, où les forces gouvernementales semblent prendre le dessus sur la garde de l'ancien chef rebelle Jean-Pierre Bemba.

"Les FARDC (forces armées gouvernementales) ont pris le dessus au cours de l'heure écoulée", a déclaré le lieutenant-colonel Didier Rancher, porte-parole militaire de la mission de l'Onu au Congo démocratique. "Les combattants de Bemba sont à court de munitions et leur moral est bas. Nous sommes optimistes quant à une issue des combats dans les prochaines heures, mais nous travaillons toujours à une solution politique", a ajouté le porte-parole de la Monuc. Il a précisé dans la matinée sur une radio belge que certains des hommes de Bemba avaient commencé à se livrer dans des bases de la Monuc. La justice congolaise a par ailleurs délivré un mandat d'arrêt pour haute trahison contre l'ex-rebelle, adversaire malheureux de Joseph Kabila à l'élection présidentielle d'octobre dernier. "C'est une rébellion. Il a violé l'article 190 de la constitution. Il a commis une haute trahison", a déclaré Antoine Ghonda, ambassadeur itinérant attaché à la présidence. A Paris, le Quai d'Orsay a annoncé que deux ressortissants français avaient été blessés jeudi par des balles perdues à Kinshasa. "Leurs vies ne sont pas en danger" a précisé Jean-Baptiste Mattéi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.Il a ajouté que les 120 enfants et 30 enseignants de l'école primaire française avaient passé la nuit à l'abri dans l'enceinte de l'ambassade de France. Les affrontements qui ont éclaté dans Kinshasa – bastion de Bemba – sont les premiers depuis l'élection présidentielle. Ils ont débuté lorsque les éléments de la garde personnelle de Bemba ont refusé de livrer leurs armes, ainsi que l'exigeait le gouvernement. Aucun bilan précis n'est disponible. Le lieutenant-colonel Rancher évoque "beaucoup de cadavres, des militaires pour la plupart mais aussi des civils". "Mais nous ne disposons pas de chiffres précis", ajoute-t-il. APPEL DE L'AFRIQUE DU SUD "Nous avons vu des civils, une dizaine, avec des plaies par balle. On nous a dit qu'il y en avait beaucoup plus, mais qu'ils ne peuvent sortir de chez eux en raison de la situation. Il y a des morts", confie un médecin travaillant dans un hôpital de la ville. L'ambassadeur du Nigeria, joint par téléphone par un quotidien de Lagos, a dit avoir été touché par des tirs à la jambe, à la tête et à la main alors qu'il se trouvait dans sa chambre. Les soldats de la Monuc ont dû attendre une accalmie dans les combats pour pouvoir l'évacuer. En Afrique du Sud, le vice-ministre des Affaires étrangères, Aziz Pahad, qui a lancé un appel au cessez-le-feu et aux négociations, a dit qu'un autre candidat à l'élection présidentielle, Azarias Ruberwa, avait été évacué par les casques bleus. En août 2006, les précédents combats entre la garde présidentielle de Kabila et les combattants de Bemba avaient fait une trentaine de morts. Jeudi soir, le ministère sud-africain des Affaires étrangères a annoncé que Bemba s'est réfugié à titre temporaire à l'ambassade d'Afrique du Sud à Kinshasa. Vendredi à l'aube, une colonne de fumée s'est élevée au-dessus d'un secteur de la capitale qui abrite une raffinerie de pétrole. De la fumée était également visible dans le quartier de Gombé, où Bemba possède une résidence. Interrogé vendredi sur RFI, ce dernier a réitéré son appel au cessez-le-feu lancé la veille. "Je pense que la ville a besoin de calme et la population a besoin de calme (…) En ce qui me concerne, la volonté est là. J'espère que l'autre partie aussi a compris la nécessité de pouvoir arrêter d'abord le combat", a-t-il dit. La Mission des Nations unies au Congo a annoncé l'évacuation dans la soirée par les casques bleus quelque 500 civils prisonniers chez eux et dans des bureaux d'un quartier de Kinshasa en proie à des combats acharnés. "Nous utilisons 25 véhicules de transport de troupes blindés pour ces évacuations. Nous avons évacué l'Ecole française et nous travaillons école par école", a précisé le lieutenant-colonel Rancher. Les écoles sont utilisées comme points de rassemblement des civils.  

Reuters

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