RDCongo: l’armée a repris le contrôle de Dongo aux insurgés dans le nord-ouest.

De Emmanuel PEUCHOT (AFP)

14/12/09

 

GEMENA — Des commandos de l'armée de la République démocratique du Congo (RDC) ont repris dimanche le contrôle de la localité de Dongo (nord-ouest), où des insurgés ont commis des violences fin octobre et provoqué la fuite d'au moins 150.000 personnes en six semaines.

"Depuis 12H00 dimanche, l'armée a repris Dongo, après une très farouche résistance des assaillants organisés autour du féticheur Udjani", dans plusieurs villages à l'est de Dongo, a déclaré lundi à l'AFP le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, également ministre de la Communication et des Médias.

 

Udjani et un groupe d'une centaine de jeunes membres de la communauté Lobala ont attaqué fin octobre les habitants de Dongo, majoritairement membres de la communauté des Bomboma.

Ces communautés sont en conflit depuis de nombreuses années au sujet de la gestion d'étangs piscicoles des villages d'Enyele (de la communauté Lobala) et Munzaya (Bomboma), au sud-est de Dongo.

Au moins une centaine de personnes sont mortes à Dongo – dont de nombreux policiers – tuées à l'arme blanche ou par balles, ou bien noyées en traversant le fleuve Oubangi, qui marque la frontière avec le Congo-Brazzaville où les habitants sont allés se réfugier.

Des cadavres en putréfaction ont longtemps traîné dans les rues, jusqu'à la récupération de la localité début novembre par la police congolaise, qui a arrêté quelques insurgés.

Mais le groupe du féticheur a repris la ville le 26 novembre. La police a fui, comme une vingtaine de Casques bleus ghanéens de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc) positionnés là. Un hélicoptère de l'ONU qui apportait du ravitaillement a aussi essuyé des tirs et trois Casques bleus ont été grièvement blessés.

Les habitants de la région ont fui ces violences et le nombre des déplacés internes et des réfugiés au Congo-Brazzaville a grossi pour atteindre au moins 150.000 début décembre. La moitié, réfugiés au Congo voisin, ont pu être assistés par les humanitaires, mais pas les déplacés.

Le groupe d'Udjani, estimé à quelques centaines de membres – rejoints entre temps par d'anciens militaires selon Kinshasa – a progressé d'abord vers le sud le long du fleuve Oubangui.

Il est ensuite remonté vers le nord-est et a pris la première semaine de décembre les localités de Bozene, Bobito et Tandala, à plus d'une centaine de km à l'est de Dongo, faisant reculer police et armée.

Les autorités de Kinshasa ont alors décidé l'envoi de 600 commandos, mieux formés, qui ont repris ces trois villes entre le 7 et le 9 décembre, après d'intenses combats. Cinq soldats et une soixantaine d'insurgés ont été tués, d'autres ont été faits prisonniers, avait alors indiqué l'armée congolaise.

A l'hôpital de Tandala, Udjani a fait soigner le 8 décembre une quarantaine de ses hommes blessés par balles, dont six décèderont, selon des témoins rencontrés sur place par l'AFP.

Le féticheur est reparti vers l'ouest le même jour, avec ses blessés et une cinquantaine d'autres combattants, âgés en moyenne de 20 à 30 ans. La plupart marchaient pieds nus, simplement armés de fusils Kalachnikov ou de couteaux, selon des témoins.

Les commandos congolais ont continué leur avancée vers Dongo, qu'ils ont repris dimanche, sans combattre.

La Monuc, qui soutient logistiquement l'armée congolaise, a déployé depuis plusieurs jours des troupes à Gemena, à 230 km à l'est de Dongo, et établi une petite base à Bozene. Elle "pourrait bientôt aller à Dongo", selon des sources militaires onusiennes.

"L'armée et la police vont continuer les opérations et mettre la main sur le reste des insurgés qui sont en fuite, pour les traduire devant la justice", a déclaré M. Mende.

Copyright © 2009 AFP

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