RDCongo: nouveaux combats dans l’Est, l’ONU renforce ses troupes.

AFP

04/11/08

 

muzito_a_goma.jpgGOMA (AFP) — Des combats ont opposé mardi les rebelles congolais de Laurent Nkunda à des miliciens pro-gouvernementaux après une accalmie de cinq jours dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), où l'ONU a annoncé le renforcement de ses troupes.

Ces accrochages de quelques heures, les premiers depuis l'instauration par les rebelles mercredi d'un cessez-le-feu unilatéral, sont survenus alors que le tout nouveau Premier ministre congolais, Adolphe Muzito, est arrivé à Goma pour une tournée de trois jours dans l'est dans le but de "réconforter" la population.

Les rebelles de Laurent Nkunda se sont opposés plusieurs heures à des miliciens locaux d'autodéfense Maï-Maï, issus de différentes ethnies et alliés de l'armée congolaise, au niveau de Kiwanja, près de Rutshuru, à 80 km au nord de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu.

Une petite base de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc) à Kiwanja a été "prise au milieu de tirs croisés" des troupes du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP de Laurent Nkunda) et des Maï-Maï, a indiqué la porte-parole de la Monuc à Goma, Sylvie van den Wildenberg.

Le CNDP a accusé les Maï-Maï, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR, rebelles hutus rwandais) et les Forces armées de RDC (FARDC) d'avoir "tenté de prendre la ville (…) avant d'être repoussés à plusieurs kilomètres".

La Monuc n'a pas confirmé l'impliquation des FDLR ni des FARDC dans ces combats. Selon elle, l'armée congolaise ne se trouvait à priori pas dans cette zone. Le porte-parole militaire des forces armées Maï-Maï de la région, Didier Bitaki, a prévenu que l'offensive reprendrait mercredi.

Le 29 octobre, la rébellion de Laurent Nkunda, dont les hommes sont postés à une quinzaine de kilomètres de Goma, avait décrété un cessez-le-feu unilatéral, après avoir infligé une défaite cuisante à l'armée régulière. Lundi, elle a menacé de chasser le gouvernement, car il rejette l'idée de négociations directes.

Dans ce contexte explosif, le secrétaire général adjoint de l'ONU chargé des opérations de maintien de la paix, Alain Le Roy, a annoncé que la Monuc était "en train de renforcer (sa) présence à Goma".

M. Le Roy, en tournée dans le Nord-Kivu, a souhaité que le nombre de Casques bleus à Goma soit porté à terme à 1.500 – contre un millier actuellement.

Au total 5.500 soldats de la paix sont déployés dans le Nord-Kivu, sur un total de 17.000 dans le pays.

De son côté, le nouveau chef du gouvernement a atterri dans l'après-midi à Goma, première étape de sa tournée qui doit aussi le conduire dans le Sud-Kivu et la Province Orientale. Investi il y a trois jours par le président Joseph Kabila, M. Muzito a reçu comme tâche prioritaire "la sécurité et la reconstruction".

L'instabilité récurrente depuis le milieu des années 90 dans cette région, frontalière notamment du Rwanda, de l'Ouganda et du Soudan, et très riche en minerais, menace en effet une fois de plus la stabilité de la RDC et de l'Afrique centrale.

Les autorités congolaises accusent le Rwanda de soutenir la rébellion de Laurent Nkunda, un général congolais déchu, ce que Kigali dément. Mardi, le Rwanda a d'ailleurs critiqué la communauté internationale dont plusieurs émissaires ont fait étape à Kigali.

"L'hypothèse dominante affirmant que la crise est un problème entre le Rwanda et la RDC est fausse, contrairement à ce qu'une partie de la communauté internationale continue de dire", a déclaré le gouvernement rwandais, martelant que "les problèmes de l'est de la RDC (étaient) pour l'essentiel congolais".

En raison de l'instabilité récurrente dans la région des Grands Lacs, la situation humanitaire est effroyable dans le Nord-Kivu où plus d'un million de personnes ne vivent plus chez elles, dont 100.000 déplacées par les combats de la semaine dernière.

Plusieurs milliers d'entre elles se terrent dans les forêts, dorment à la belle étoile et dépendent entièrement de l'aide humanitaire, qui avait été paralysée la semaine dernière au plus fort des combats et qui reprend progressivement depuis lundi.

Selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), au moins 37 enfants ont été enrôlés sous la contrainte par les miliciens Maï-Maï dans des camps situés près de Rutshuru, au nord de Goma.

 

 

AFP

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